Nicolas Mas. L'héritier, le symbole, le capitaine du Brennus en 2009. Le pilier droit international aux 56 sélections. Mas, formé à Argelès-sur-Mer, forgé et amené au plus haut niveau à l'USAP depuis 1999. Autres temps, autres mœurs, ainsi va le rugby professionnel. Même pour les 'icônes' d'ici. On peut être Catalan et jouer ailleurs qu'à l'USAP, comme être Basque et quitter Bayonne. Dans le cas de Mas, voici les raisons du transfert.
L'argent
Le nerf de la guerre étant l'argent, les joueurs font aussi le choix du confort financier pour asseoir leur avenir. Implacable et compréhensible. Dans le cas de Mas, la proposition de Montpellier lui assure une augmentation salariale substantielle sur trois ans. Actuellement rémunéré en dessous du prix du marché pour un droitier de son standing, Mas ne pouvait refuser ce contrat, le dernier de sa carrière. D'autant qu'il avait jusqu'alors privilégié la fidélité à l'USAP, en ne signant pas à Toulouse il y a quatre ans.
L'ego
Pour percer et durer à haut niveau, dans le sport comme dans la vie, il faut avoir du caractère. Si en rugby les ego, hormis quelques cas, n'ont pas le diamètre de ceux des footballeurs, l'orgueil peut être écorné. La malheureuse sortie de l'ex-président Paul Goze à l'adresse de son capitaine - "pas une priorité" en matière de renouvellement de contrat - a eu des effets désastreux. Vexé, Mas espérait une autre considération et un autre discours sur la forme. Le fait d'évoquer son âge (32 ans), de le penser incapable de quitter Perpignan, l'a décidé à aller voir ailleurs.
La tentative Besson
A son arrivée le 22 novembre, le nouveau président catalan, Daniel Besson, a fait une priorité du dossier Mas. Il était cuit mais un mince espoir s'était réveillé. Mas a été sensible à l'opération séduction. Le salaire proposé au pilier lors de l'ultime tentative de l'USAP - certes moindre que celui du MHRC - aurait fait la maille si l'offre avait été faite plusieurs semaines auparavant soit à l'entame des négociations. Mas n'aurait alors sans doute pas quitté l'USAP, où il pensait finir sa carrière. D'autant qu'il n'avait pas encore signé de pré-contrat au MHR. Mais, sa décision était prise, la rupture consommée.
L'équipe de France
Nicolas Mas, espère jouer une 3e Coupe du monde en 2015. Rarement économisé, le capitaine, modèle de professionnalisme, s'est toujours investi à fond et n'a jamais triché à l'USAP. Il aurait souhaité pouvoir être un peu plus ménagé à l'avenir. Il s'en est d'ailleurs ouvert en équipe de France. Difficile toutefois de se priver de ce joueur indispensable tant à l'USAP que chez les Bleus, d'autant que les difficultés des Catalans depuis trois saisons ont obligé à tirer sur la couenne. Mas pense que Montpellier, où le challenge et le projet sportifs l'ont séduit, lui offrira cette latitude. Même si on peut néanmoins en douter, le recrutement du pilier droit des Bleus devant s'avérer rentable sportivement.
L'affectif
Les arrêts et départs d'
Alvarez-Kairelis, Goutta, Candelon, Freshwater, Porical etc, la manière dont certains ex-serviteurs du club ont été poussés vers la sortie, la fin d'un cycle et d'un groupe l'an dernier, comptent aussi parmi les éléments qui ont affecté le capitaine. Ils l'ont amené à s'interroger sur la suite de sa carrière à l'USAP où les perspectives de développement restent incertaines.
La famille et les amis
Cousin de Nicolas Mas, Jérome Schuster ne rentre pas dans les plans de Marc Delpoux. Le pilier gauche international a d'ailleurs demandé un bon de sortie. C'est une autre pièce du puzzle qui a favorisé le départ du capitaine de l'USAP. Tout comme le fait que Didier Sanchez, dont Mas est proche, n'intervienne plus auprès de la mêlée catalane, bien que le pilier droit apprécie le travail de Giampiero de Carli.
l'Indep du 21/12/2012