Hakatalan
USAPiste sérieux
13 suite)
Forletta et la solitude du pilier
Et si l’allégorie de la solitude était un pilier concassé par son vis-à-vis qui finit le nez dans le gazon? Enzo Forletta n’est pas loin de le penser. «C’est tellement vite arrivé de se faire ouvrir, souffle le première ligne. La mêlée, c’est 50% de mental, 40% de force et 10% de technique, mais le mental joue tellement. Si tu n’as pas envie de défoncer l’autre tu te fais vraiment ouvrir même contre quelqu’un qui est moins bon. Ça m’est arrivé de mal me préparer, mais on fait tous des erreurs et on apprend. J’ai tellement la peur d’être ridicule devant tout le monde que je n’ai jamais pris un adversaire à la légère et j’espère que ça ne me viendra jamais à l’esprit».
Le poste de pilier n’est pas tout à fait comme les autres. On y joue un match avec ses coéquipiers et un deuxième face à son adversaire direct. «C’est vrai que c’est compliqué, reprend le joueur qui a commencé sa formation à l’Étoile Sportive Catalane. Il faut que tout se passe bien pour être content. Il faut que tu sois bon en mêlée et gagner le match parce que si tu as été bon en mêlée et que tu perds le match tu es déçu. Si tu gagnes le match mais que tu es mauvais en mêlée, tu es frustré aussi. C’est dur d’être vraiment heureux pour la victoire quand tu t’es fait ouvrir».
Ainsi va la vie du pilard, travailleur de l’ombre qui n’en sort que les soirs de débâcle, sanctionné au moindre relâchement. «J’en parlais avec les trois-quarts parce qu’on se chambre souvent. Ils n’ont pas conscience qu’avant un match, nous, on est obligés de se préparer à fond, d’être toujours prêts à être agressifs. Le rugby veut toujours ça mais un trois-quarts, il peut, même s’il ne faut pas, se mettre en jambe deux ou trois minutes avant son premier contact. Nous, on doit être prêts d’entrée, à la première mêlée, il n’y a pas le temps de se dire on verra à la deuxième ou la troisième. C’est la première mêlée la plus importante, c’est celle qui met dans le match». Mont-de-Marsan est prévenu.
Forletta en trois anecdotes
Fan de Cédric Heymans: Poux, Freshwater, Roncero? Rien de tout ça, le joueur qui faisait rêver Forletta plus jeune n’est autre que Cédric Heymans, ancien arrière-ailier de Toulouse et des Bleus. «Je l’ai badé terrible. C’est bizarre parce que c’est un trois-quarts, mais après, quand je me suis spécialisé en pilier, bien sûr que les avants de Perpignan, Mas, Guirado, Perry (Freshwater) m’ont fait rêver».
Un cockpit plutôt qu’un joug: gamin, Enzo Forletta se rêvait pilote de chasse plutôt que rugbyman pro. «C’est venu quand j’étais ado. Je savais que je voulais jouer au rugby toute ma vie, mais pas forcément en pro».
Privé de Montjuic: mois d’avril 2014, les Espoirs de l’USAP jouent en ouverture des pros à Montjuïc (22-17). Remplaçant au coup d’envoi, Forletta dispute une poignée de minutes avant d’être rappelé sur le banc. «Un dirigeant, un bénévole que j’aime beaucoup, a oublié de m’entourer première ligne sur la feuille de match. Ça a été une grosse frustration, mais j’ai surtout eu du mal à comprendre l’arbitre qui voyait bien que j’étais première ligne».
C’est une nouvelle compétition qui démarre
Enzo, vous allez affronter Mont-de-Marsan qui vous a battus deux fois cette saison mais l’USAP a fini première de Pro D2, êtes-vous favoris?
C’est un match de phases finales, donc tout est remis à zéro. C’est une nouvelle compétition qui démarre, donc ce qui s’est passé avant, on l’oublie. Il faut tout donner sur ce match qui va être très serré. Il faudra relever ce gros défi qui nous attend.
Les jours qui précèdent cette demie sont-ils excitants ou stressants?
Un peu des deux. Il y a un peu de pression, quand même. Celle de bien faire les choses aux entraînements. Après, j’essaie de ne pas encore penser au match parce que sinon, tu te fous la boule au ventre et ça sert à rien de l’avoir toute la semaine. Mais il y a l’envie de bien faire les choses. On se donne les moyens de bien préparer le match.
À titre personnel, êtes-vous impatient à l’idée de vous tester en Top 14?
C’est encore loin, mais dans ma carrière, c’est un objectif d’y être. C’est même un rêve d’y être avec l’USAP. C’est mieux que d’y aller tout seul en décrochant un contrat. C’est plus prestigieux.
L’USAP a-t-elle encore sa place en Top 14?
Je ne suis pas à même de juger si le groupe, si notre groupe, a la capacité d’aller en Top 14 mais en tout cas le club oui. Sur tout ce qu’il représente, oui, largement. En fait, il n’aurait jamais dû descendre. Il faisait partie des trois derniers clubs à n’être jamais descendu, donc rien qu’à partir de là, il n’aurait jamais dû descendre.
Envisagez-vous de faire toute votre carrière à l’USAP?
Comme je vois toujours les choses au jour le jour, je ne me pose pas vraiment de question. Après, on ne sait jamais ce qui arrive, je suis plus attaché à un staff qu’au club, je peux aller à la guerre pour des types. Parfois, le staff s’en va et tu ne t’entends pas avec le nouveau, c’est peut-être ça que les gens ont du mal à comprendre. J’ai été supporteur, mais les gens ne peuvent pas comprendre parce qu’ils ne savent pas ce qui se passe à l’intérieur. Je ne peux rien promettre. S’il le faut, un jour des «connards» vont arriver. Malheureusement, il faut s’attendre à tout. Bien sûr que tu y es attaché, parce que c’est ton club. Mais si des mecs arrivent et foutent en l’air les valeurs du club... Là, finalement, on a des entraîneurs qui sont attachés à ces valeurs, donc je suis plus attaché aux hommes.
Forletta et la solitude du pilier
Et si l’allégorie de la solitude était un pilier concassé par son vis-à-vis qui finit le nez dans le gazon? Enzo Forletta n’est pas loin de le penser. «C’est tellement vite arrivé de se faire ouvrir, souffle le première ligne. La mêlée, c’est 50% de mental, 40% de force et 10% de technique, mais le mental joue tellement. Si tu n’as pas envie de défoncer l’autre tu te fais vraiment ouvrir même contre quelqu’un qui est moins bon. Ça m’est arrivé de mal me préparer, mais on fait tous des erreurs et on apprend. J’ai tellement la peur d’être ridicule devant tout le monde que je n’ai jamais pris un adversaire à la légère et j’espère que ça ne me viendra jamais à l’esprit».
Le poste de pilier n’est pas tout à fait comme les autres. On y joue un match avec ses coéquipiers et un deuxième face à son adversaire direct. «C’est vrai que c’est compliqué, reprend le joueur qui a commencé sa formation à l’Étoile Sportive Catalane. Il faut que tout se passe bien pour être content. Il faut que tu sois bon en mêlée et gagner le match parce que si tu as été bon en mêlée et que tu perds le match tu es déçu. Si tu gagnes le match mais que tu es mauvais en mêlée, tu es frustré aussi. C’est dur d’être vraiment heureux pour la victoire quand tu t’es fait ouvrir».
Ainsi va la vie du pilard, travailleur de l’ombre qui n’en sort que les soirs de débâcle, sanctionné au moindre relâchement. «J’en parlais avec les trois-quarts parce qu’on se chambre souvent. Ils n’ont pas conscience qu’avant un match, nous, on est obligés de se préparer à fond, d’être toujours prêts à être agressifs. Le rugby veut toujours ça mais un trois-quarts, il peut, même s’il ne faut pas, se mettre en jambe deux ou trois minutes avant son premier contact. Nous, on doit être prêts d’entrée, à la première mêlée, il n’y a pas le temps de se dire on verra à la deuxième ou la troisième. C’est la première mêlée la plus importante, c’est celle qui met dans le match». Mont-de-Marsan est prévenu.
Forletta en trois anecdotes
Fan de Cédric Heymans: Poux, Freshwater, Roncero? Rien de tout ça, le joueur qui faisait rêver Forletta plus jeune n’est autre que Cédric Heymans, ancien arrière-ailier de Toulouse et des Bleus. «Je l’ai badé terrible. C’est bizarre parce que c’est un trois-quarts, mais après, quand je me suis spécialisé en pilier, bien sûr que les avants de Perpignan, Mas, Guirado, Perry (Freshwater) m’ont fait rêver».
Un cockpit plutôt qu’un joug: gamin, Enzo Forletta se rêvait pilote de chasse plutôt que rugbyman pro. «C’est venu quand j’étais ado. Je savais que je voulais jouer au rugby toute ma vie, mais pas forcément en pro».
Privé de Montjuic: mois d’avril 2014, les Espoirs de l’USAP jouent en ouverture des pros à Montjuïc (22-17). Remplaçant au coup d’envoi, Forletta dispute une poignée de minutes avant d’être rappelé sur le banc. «Un dirigeant, un bénévole que j’aime beaucoup, a oublié de m’entourer première ligne sur la feuille de match. Ça a été une grosse frustration, mais j’ai surtout eu du mal à comprendre l’arbitre qui voyait bien que j’étais première ligne».
C’est une nouvelle compétition qui démarre
Enzo, vous allez affronter Mont-de-Marsan qui vous a battus deux fois cette saison mais l’USAP a fini première de Pro D2, êtes-vous favoris?
C’est un match de phases finales, donc tout est remis à zéro. C’est une nouvelle compétition qui démarre, donc ce qui s’est passé avant, on l’oublie. Il faut tout donner sur ce match qui va être très serré. Il faudra relever ce gros défi qui nous attend.
Les jours qui précèdent cette demie sont-ils excitants ou stressants?
Un peu des deux. Il y a un peu de pression, quand même. Celle de bien faire les choses aux entraînements. Après, j’essaie de ne pas encore penser au match parce que sinon, tu te fous la boule au ventre et ça sert à rien de l’avoir toute la semaine. Mais il y a l’envie de bien faire les choses. On se donne les moyens de bien préparer le match.
À titre personnel, êtes-vous impatient à l’idée de vous tester en Top 14?
C’est encore loin, mais dans ma carrière, c’est un objectif d’y être. C’est même un rêve d’y être avec l’USAP. C’est mieux que d’y aller tout seul en décrochant un contrat. C’est plus prestigieux.
L’USAP a-t-elle encore sa place en Top 14?
Je ne suis pas à même de juger si le groupe, si notre groupe, a la capacité d’aller en Top 14 mais en tout cas le club oui. Sur tout ce qu’il représente, oui, largement. En fait, il n’aurait jamais dû descendre. Il faisait partie des trois derniers clubs à n’être jamais descendu, donc rien qu’à partir de là, il n’aurait jamais dû descendre.
Envisagez-vous de faire toute votre carrière à l’USAP?
Comme je vois toujours les choses au jour le jour, je ne me pose pas vraiment de question. Après, on ne sait jamais ce qui arrive, je suis plus attaché à un staff qu’au club, je peux aller à la guerre pour des types. Parfois, le staff s’en va et tu ne t’entends pas avec le nouveau, c’est peut-être ça que les gens ont du mal à comprendre. J’ai été supporteur, mais les gens ne peuvent pas comprendre parce qu’ils ne savent pas ce qui se passe à l’intérieur. Je ne peux rien promettre. S’il le faut, un jour des «connards» vont arriver. Malheureusement, il faut s’attendre à tout. Bien sûr que tu y es attaché, parce que c’est ton club. Mais si des mecs arrivent et foutent en l’air les valeurs du club... Là, finalement, on a des entraîneurs qui sont attachés à ces valeurs, donc je suis plus attaché aux hommes.