XV DE FRANCE: DES TENSIONS À TOUS LES ÉTAGES
Le XV de France a subi une véritable humiliation en Angleterre dimanche (44-8). Battus dans tous les secteurs, les Français, tout comme leur staff, ont semblé sans solution. Etait-ce la défaite de trop ? Car au sein des Bleus, les mâchoires se crispent et les langues se délient. Le staff paraît isolé et le groupe se fissure. Compétence, travail, ambiance, tout est mis sur le grill.
Un staff sous pression
Depuis peu, et selon un proche de l’un d’eux, "les joueurs ne se sentent pas soutenus en interne, ils ne savent pas ce que le staff attend d’eux, ils ont le sentiment que le staff lui-même ne sait pas où aller ni quoi mettre en place". Après le match, dans les entrailles de Twickenham, certains, comme Parra, n’ont pas hésité à jeter ce pavé dans la mare: "Les Anglais savent où ils vont, ils sont sûrs de ce qu’ils doivent faire, alors que chez nous, ce n’est pas du tout le cas".
Un jeu en déshérence
Perdus, naïfs stratégiquement, dépassés techniquement et physiquement, les Français ne peuvent même pas s’enorgueillir d’avoir fait une deuxième mi-temps plus convenable (même si les plus jeunes joueurs ont fait dans l’ensemble une bonne entrée), les Anglais étant, à ce moment-là, les mains en haut du guidon. Ce qui ne les empêchera pas de remporter ces quarante dernières minutes 14 à 0 et, un comble vu d’ici, de se voir reprocher par leur sélectionneur Eddie Jones, d’avoir oublié 20 points en route…
Un capitaine contesté et un groupe qui se fissure avec les défaites
Les joueurs ne peuvent s’exonérer d’une introspection. Un homme est dans le viseur et concentre les critiques: il s’agit du capitaine Guilhem Guirado. Meurtri par les défaites (64% en tant que capitaine des Bleus), son capitanat pose question. Une anecdote, lâchée en interne, peut mesurer le fossé qui peut s’installer entre lui et les plus jeunes: "Cette semaine, les jeunes étaient entre eux à se marrer. Guirado passe, jette un regard noir et leur fait une leçon de morale. Les gamins n’ont pas bougé, acquiescé, mais en ont marre de ce climat mortifère et négatif. Ce qui s’est passé il y a quatre, trois, deux ans et même l’année dernière, ce n’est pas de leur faute. Eux, les jeunes, ils ont la culture de la gagne dans la déconne. C’est ça les moins de 20 ans."
Guirado, auquel l’image de la défaite colle à la peau, a du mal à être entraînant. Certains joueurs dans le groupe aimeraient bien prendre plus de leadership, mais regrettent une certaine mainmise des leaders actuels, notamment Guirado, voire de Bastareaud. Pourtant, certains pousseraient même pour un changement de capitaine. Mais pour qui ? Morgan Parra ? Le demi de mêlée clermontois, attendu comme un sauveur avec Camille Lopez dans ce Tournoi et auteur de deux parties plus que médiocres, est dans le doute. Il vivrait très mal la situation en équipe de France et aurait vidé son sac dimanche auprès du sélectionneur Jacques Brunel. L’avenir de Parra pourrait-il être remis en cause à sept mois de la Coupe du monde ? L’entrée d’Antoine Dupont, pleine de peps, a contrasté avec sa terne prestation. Et cela n’a pas pu lui échapper. De là à tirer à boulets rouges après le match ?
Et maintenant ?
Les jeunes peuvent-ils prendre le pouvoir ? Doit-on donner les clés du camion aux Bourgarit, Bamba, Alldritt, Dupont, Ntamack et autre Ramos ? Et tourner la page d’une génération perdue pour le rugby français ? Il va tout de même falloir agir. A la tête de la Fédération Française de Rugby, Bernard Laporte (injoignable depuis la défaite en Angleterre), qui s’est séparé de Guy Novès il y a un peu plus d’un an, ne peut certainement pas se désavouer en faisait de même avec Brunel. Peut-il y avoir des remaniements dans le staff ? Avant la fin du Tournoi ? Peu probable. Maintenant, la préparation de la Coupe du monde sera-t-elle le théâtre de changements ? Un homme comme Fabien Galthié, que Brunel appréciait au moment de sa prise de fonction, est aujourd’hui libre. Pour ne pas, comme en 2015, aller droit dans le mur, avec une raclée historique en quarts de finale (62-13 face à la Nouvelle Zélande). Voire pire en ne sortant mêm