Ça y est, le match est lancé côté agenais avec la déclaration de leur entraîneur Reggiardo : "nous avons envie de montrer notre vrai visage. Nous allons faire un grand match à Perpignan".
Mauricio Reggiardo : «Nous n'avons plus de joker en poche»
La nuit a été longue après la défaite contre Béziers ?
ça a été très long. J'ai eu du mal à m'endormir. Je me suis endormi à 3 h 30, je me suis réveillé trois ou quatre fois et je me suis levé à 7 heures. C'est une défaite qu'on a du mal à digérer.
Parce qu'elle n'était vraiment pas programmée dans le tableau de marche. Vous ne le chantiez pas trop fort, mais vous vouliez rester invaincus à domicile, cela faisait partie des objectifs de début de saison.
Tout à fait, d'autant plus que, durant la semaine sans match, nous avions décidé de ne pas faire trop de rugby. Nous avons fait trois jours de gros boulot physique, avec des entretiens individuels avec les joueurs. Parce qu'on savait que, derrière, nous avions sept jours pour préparer le match. Nous avons fait une très bonne semaine de préparation d'ailleurs. Ce fut vraiment une très bonne semaine d'entraînement. Nous avons respecté Béziers parce qu'on avait vu que cette équipe retrouvait la confiance lors du dernier bloc. Pas leur rugby, parce qu'ils ne l'avaient pas perdu. Ils étaient plus agressifs. Je crois que nous n'avons pas su jouer avec le vent, 60 km/h ! Nous n'avons pas su jouer contre le vent, ni avec d'ailleurs.
Cela fait quelques rencontres qu'on s'interroge sur les choix stratégiques faits sur le terrain. On ne parle pas des décisions du staff. Les joueurs doivent prendre plus de responsabilités sur le terrain ?
Nous, le staff, préparons les matches pour les gagner. Les joueurs aussi. D'autres journalistes m'ont demandé si j'étais déçu des joueurs ? Je ne suis jamais déçu des joueurs. Il y a des fois, ils font de très bons matches, des fois des bons matches et des fois des matches un peu moins bons. Le match s'est joué dans des conditions très compliquées. Eux sont venus mettre beaucoup de pression dans les rucks, avec beaucoup d'engagement. Par moments, nous avons fait tomber des ballons. Nous avons pris 16 pénalités. C'était équilibré certes, car ils en ont pris 15, mais cela a donné un match haché, avec 24 minutes de temps de jeu effectif. On a eu parfois jusqu'à 42 minutes cette saison. Notre équipe a besoin de jouer un rugby avec du rythme et, là, le match était trop coupé. Notre ADN, c'est de mettre du rythme, là il y avait toujours le petit truc pour ne pas trouver ce rythme : un ballon tombé, une mauvaise transmission, un mauvais ruck…
Vous parlez des conditions, c'est l'hiver, il y a le vent, la pluie, parfois la neige ou le froid, est-ce qu'il ne faut pas parfois réduire la voilure, avoir un plan B ?
On a su le faire contre Mont-de-Marsan ou contre Montauban. Contre Béziers, on l'a fait moins bien. On ne peut pas aller contre l'ADN de cette équipe, c'est le jeu. Il y a eu des fois où cela se passait moins bien et la mêlée nous remettait dans le match, d'autres fois il y avait un éclair d'un joueur qui nous remettait dans le match, d'autres fois encore, c'était la défense ou le buteur. Dimanche, on a cherché le facteur X pour nous remettre dans le match, on ne l'a pas trouvé.
Pour revenir sur les choix stratégiques, contre Mont-de-Marsan, on avait souligné la pénalité tentée en fin de match plutôt que de jouer une pénaltouche pour aller chercher le bonus. Contre Biarritz, ce fut les mauvaises sorties de camp, à la main plutôt qu'au pied. Contre Béziers, il y a eu encore des choix diversement appréciés. Pour exemple, on peut citer cette pénalité à 10 ou 15 m de la ligne en fin de première mi-temps, convertie en mêlée plutôt que d'être tentée ou d'aller en pénaltouche.
C'est la dernière mêlée de la première mi-temps. L'arbitre nous met un bras cassé en disant que nous avons poussé avant. C'est un choix de l'arbitre.
Pourquoi vous ne prenez pas la pénaltouche sur ce coup-là ?
Il y avait beaucoup de vent, des contres en touche. Et sur les mêlées précédentes, nous avions été dominateurs.
L'essai de Béziers intervient justement sur une pénaltouche et, après avoir revu les images à la vidéo, nous sommes surpris de la défense employée, avec les trois joueurs de la première ligne qui ne viennent pas tout de suite pour essayer de stopper le maul biterrois.
Déjà, il n'y a pas essai sur cette action. Le ballon n'est pas aplati par Béziers.
Nous sommes d'accord, mais tout de même, cette défense est surprenante.
C'est un choix que nous avions fait. Sur les vidéos, nous avions vu que Béziers aimait bien attaquer autour des ballons portés. Nous avions donc décidé de laisser un joueur de chaque côté, notamment Mike Tadjer à l'intérieur de notre ouvreur. C'est une zone où nous sommes friables. Nous avions pris un essai contre Angoulême, Colomiers et Dax autour d'un ballon porté. Nous devons aussi être capables de défendre sur un ballon porté à six.
Là au début de l'action, vous n'êtes que quatre contre huit dans le maul, puisque Marco Kotze est lui aussi détaché.
Nous avions remarqué que Béziers était fort sur les ballons portés, mais c'est le seul ballon porté qu'ils font dans le match. Nous avons bien défendu sur les autres sinon. En plus, je me répète, mais il n'y a pas essai.
Il y a un sentiment général qui commence à grandir du côté des supporters comme des observateurs, qui s'interrogent sur les performances des joueurs qui vont s'en aller en fin de saison. Burton Francis, William Demotte et Mike Tadjer sont pointés du doigt. Qu'en pensez-vous ?
Mike (Tadjer) fait 48 minutes et il fait 12 plaquages, 10 rucks, 7 duels, en «contest» 3 points, dans la semaine, il a un comportement irréprochable. William (Demotte) termine le match à 16 plaquages. Peut-être que si nous avions gagné, les commentaires ne seraient pas les mêmes. Il y a aussi le travail obscur des joueurs qu'on ne voit pas lorsqu'on regarde un match en «live», alors qu'à la vidéo, lorsqu'on analyse le match, les comportements de Mike ou de William, franchement, je ne peux pas les pointer du doigt. Ils ont fait le match que j'attends d'eux. Quand on fait l'équipe, on ne se pose pas de questions sur eux.
Cette défaite est un vrai coup d'arrêt, comment réagit-on à cela ?
Chaque fois que nous avons été plus ou moins en difficulté cette année, nous avons bien réagi. C'était le cas après le match aller à Béziers, nous gagnons contre Albi, nous faisons nul à Vannes… à Narbonne, nous faisons un non-match et dans la foulée, on se ressaisit contre Perpignan à la maison et on gagne à Dax… Après Colomiers, on s'impose dans le derby face à Montauban… Peut-être avons-nous une équipe à réaction. Nous, le staff, on va se poser les bonnes questions cette semaine. Pour le moment, nous ne sommes pas fiers. Nous avons envie de montrer notre vrai visage. Surtout, nous n'avons pas été bons sur les dernières minutes, au moment où les rencontres se gagnent. Nous n'avons pas su gérer cela, on peut le regretter. Il y avait certainement la peur de ne pas gagner à ce moment-là. Nous allons faire un grand match à Perpignan. Quand tu fais un grand match, tu es plus proche de gagner que de perdre. Nous ne sommes pas fiers parce que nous avons laissé passer encore une opportunité de prendre la tête du championnat. Nous avions un joker dans les poches, nous n'en avons plus.
D'autant qu'au classement britannique, vous n'êtes plus premiers, Oyonnax (18 points) est devant un groupe de trois (Agen, Colomiers et Mont-de-Marsan sont à 17 points).
Je me répète, nous allons faire un gros match (Mathieu Blin passe à ce moment à côté de nous, tend l'oreille et dit à son tour : «Je viens de le dire cela, nous allons faire un gros match à Perpignan», N.D.L.R.).
Deux trois-quarts, un joker médical et un joueur supplémentaire sont arrivés durant la minitrêve. Vous ne regrettez pas de ne pas avoir eu un avant en plus ?
Les choix, ce sont ceux du staff. Les priorités aujourd'hui, c'était de chercher deux joueurs pour derrière. Nous l'avons fait ensemble. Je le dis toujours, pour faire venir quelqu'un, il faut qu'il apporte un vrai «plus». Sinon, je suis pour faire confiance aux mecs que nous avons déjà. Je n'ai pas trop de blessés devant. Derrière, ils étaient moins complets. Sur le marché, il n'y avait pas de joueur pour nous apporter un plus. La priorité allait aux trois-quarts en raison des blessures et des absences.
«Pour l'instant, Sione Tau n'est pas coupable…»
Nous avons sollicité un entretien avec Sione Tau, hier matin, à l'occasion du point presse hebdomadaire. Cette demande a été repoussée par le club : «Pas d'interview pour Sione». Si le Tonguien ne s'est pas exprimé depuis que son nom est apparu dans une affaire de dopage il y a une quinzaine de jours, il s'est entraîné toute la semaine dernière avec le groupe du SUA. On a interpellé Mauricio Reggiardo sur le sujet : «Sione (Tau) aujourd'hui avec nous, c'est un joueur de plus. Il est en train de monter un dossier de défense, mais pour l'instant, il n'est pas coupable. Il s'entraîne avec nous, il a le droit de jouer. Et si nous, nous considérons que c'est le meilleur joueur, il va jouer». On relance alors le coach des avants du SUA, en lui demandant si, pour le match face à Béziers, il ne méritait pas de jouer ? «Il n'a pas joué parce qu'on a cru que la composition d'équipe que nous avions faite était la bonne. La semaine prochaine, nous allons à Perpignan. Peut-être que Perpignan… Nous fonctionnons match après match… Pour Béziers, on considérait que Sione (Tau) n'était pas le joueur indiqué pour faire ce match. On fait des choix et on essaie de ne pas se tromper. Il ne faut pas voir plus loin que cela, c'était un choix d'entraîneur.»