Et si Paul GOZE quittait l'USAP ? (article Indép)
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Photo: Harry JORDAN
Le suspense va durer 48 heures. Et, dans le rôle-titre d'un scénario qui pourrait bousculer beaucoup de choses à la tête de l'USAP, Paul Goze. Arrivé au club à l'intersaison 2007, le patron des 'sang et or' pourrait très vite changer de crémerie, en prenant les rênes de la Ligue nationale (LNR), dont le futur président sera élu vendredi 16 novembre par le nouveau conseil d'administration. Ce serait un vrai coup de théâtre, tant du côté d'Aimé-Giral qu'au 25/27 rue de Villier, siège de la LNR, à Paris. Pierre-Yves Revol ayant annoncé le 16 octobre à la Nuit du Rugby son refus de briguer un nouveau mandat, la succession se concentre désormais - sauf surprise - autour de trois acteurs principaux : Patrick Wolff, Max Guazzini et Paul Goze. Le premier est à ce jour le seul candidat officiel, le second fait de moins en moins semblant de ne pas l'être quant au troisième, comme toujours, il avance masqué avec l'ambition de coiffer tout le monde au poteau. Un combat des chefs qui devrait livrer son verdict demain matin, lors d'une réunion informelle entre tous les présidents du Top 14 et de Pro D2, la grande famille du rugby n'aimant jamais moins que régler ses affaires en catimini autour d'une (bonne) table. Le climat d'incertitudes est réel, autant que les chances de voir Paul Goze l'emporter, c'est dire l'importance de l'enjeu. "Je peux être l'homme du consensus comme de la division. Je ne suis pas demandeur, mais s'il y a une adhésion autour de moi, je ne me déroberai pas. S'il n'y a pas d'adhésion...", déclare politiquement l'intéressé.
Pas d'ennemi farouche
Alors bien sûr, Goze (61 ans) n'est pour l'instant officiellement "candidat à rien", sinon à son fauteuil d'éléphant au Comité directeur, où il siège depuis quatorze ans. Mais en coulisses, un lobbying discret mais non moins féroce s'est engagé pour faire émerger son nom. Et la solution Goze a fait florès, sous le poids de l'incontournable Serge Blanco, aussi habile qu'influent quand il s'agit de tirer les ficelles. Amis de longue date, les deux hommes s'imaginent peut-être déjà formant un ticket de choc avec Blanco en futur président de la Fédération... Soutenu principalement par Biarritz, Bayonne et le Racing-Métro de Lorenzetti, le Catalan Goze fait donc figure de candidat sérieux, même s'il se laisse finement désirer. "On peut imaginer que pour prendre la présidence de la Ligue il vaut mieux avoir été joueur et président durant des années que d'arriver depuis quelques jours dans le monde du rugby. C'est aux autres (du comité directeur) d'apprécier cela. Je n'ai pas encore pris ma décision car il est toujours très difficile de quitter un club où on a passé 41 ans. Ce n'est pas de gaieté de coeur si je laisse l'USAP. Partir ne serait pas anodin." L'esquisse d'un tel autoportrait écarte de facto tous ses concurrents. Sur le papier seulement. Paul Goze ne part ni en short ni la fleur au fusil face aux Guazzini, Wolff ou Fontès. Sans opposant farouche à sa candidature - à l'inverse de Guazzini - et jouissant d'un historique fort au sein des instances (membre de la Fédération depuis 1991 et de la Ligue depuis 1998), 'PG' à l'occasion de rebondir par la grande porte. Est-il l'homme de la situation pour le rugby français est un autre débat. Les dossiers chauds ne manquent pas (droits TV, harmonisation du calendrier international, retour éventuel au Top 16...) et la fonction de patron de la LNR impose un calendrier de pigeon voyageur, un discours ferme mais diplomate, et une résistance accrue aux coups et à la traque des médias. Ces six dernières saisons à la tête de l'USAP ont rôdé Paul Goze sur la forme. Cela sera-t-il suffisant pour convaincre ses pairs de lui offrir les clés du pouvoir ?
Qui pour succéder à Paul Goze à la tête de l'USAP ?
Si Paul Goze est élu à la tête de la Ligue nationale de rugby le 16 novembre, il devra quitter la présidence de l'USAP. Les règlements de la LNR excluent la double casquette. Son élection imposerait donc une succession à Perpignan, cinq ans après sa prise de pouvoir en 2007. De quoi ouvrir une nouvelle fois la boîte de Pandore ? "Certes, la question de ma succession peut arriver dans deux jours", confessait hier matin Paul Goze à L'Indépendant. "Mais, il n'y aura pas d'histoires. Si ça devait se passer, ça se passerait dans le calme et l'intérêt général de l'USAP. Pour l'instant, il n'y a pas lieu de s'agiter puisque je ne suis pas candidat à la présidence de la LNR. Si ça se fait, on aura le temps de se poser des questions". Le langage diplomatique 'gozien' dissimule mal l'embarras du club face à ce qui serait une séparation subite. "On n'a jamais évoqué son départ. Même pas lors de la dernière réunion des actionnaires", confie un actionnaire. "Ça ne devrait pas se bousculer au portillon", résume un autre lorsqu'on lui suggère un nom pour succéder à l'ancien seconde ligne. Reste que trois hypothèses prédominent d'ores et déjà en cas de départ de Goze. La première se nomme Laurent Sobraques. Fils de l'ancien président Bernard Sobraques, il dirige désormais l'entreprise familiale qui emploie 190 personnes. A 41 ans, il est à la tête de la commission sponsoring du club et serait poussé par une bonne partie des 20 actionnaires majoritaires qui feront le futur patron. Actuellement en vacances à l'étranger, il n'a pu être joint hier. Deuxième hypothèse : Jean-Charles Nieto. Le patron de l'Intermarché du Mas Guerido a pesé lors des diverses ouvertures du capital décisives pour les finances de l'USAP ces derniers mois. Il dirige la très influente commission sportive. "Pour l'instant Paul est là et aucune question ne s'est posée quant à sa succession", réagit-il. Pour l'instant... Enfin, un troisième nom filtre. Celui de Philippe Donnet, un actionnaire discret, ne vivant pas à Perpignan, mais acteur majeur lors des négociations avec trois des derniers sponsors maillot de l'USAP. Pepsi, AXA et aujourd'hui Aviva ont investi dans le club 'sang et or' grâce à son carnet d'adresses. Pourtant, l'ancien patron d'AXA Asie coupe court : "Je suis un simple administrateur de l'USAP que j'essaie d'aider dans la mesure de mes moyens. Je n'ai pas l'ambition de faire plus aujourd'hui". Si demain, le nom de Paul Goze est adoubé par les présidents de clubs professionnels, sa succession à l'USAP se précisera un peu plus. Avec peut-être d'autres candidatures.
Election, mode d'emploi
Le président de la Ligue est élu pour quatre ans par le Comité directeur, qui est l'organe d'administration de la Ligue élu par l'assemblée générale. Le Comité comprend 17 personnes dont 8 représentants de clubs (5 de Top 14, 3 de Pro D2), 2 représentants de la FFR, 4 personnalités extérieures, 1 représentant de l'Union des clubs, 1 représentant des joueurs, et 1 représentant des entraîneurs. Sa composition actuelle : Pierre-Yves Revol, Thierry Perez René Fontes, René Bouscatel Paul Goze, Lucien Simon, Jean-Marc Manducher, Laurent Lubrano, Jean-Pierre Lux, Patrick Wolff, Jean-Paul Dumond, Bernard Godet, Michel Palmié, Marcel Martin, Jean-Louis Luneau, Serge Simon. Ils sont sept présidents de Top 14 à briguer les cinq places disponibles au futur Comité (le 16 novembre). Il s'agit de Goze (USAP), Bouscatel (Toulouse), Fontès (ASM), Chérèque (Grenoble), Lorenzetti (Racing), Boudjellal (RCT) et Tingaud (SUA).