Rugbyrama
Mercredi matin, le président de la FFR Florian Grill s’est rendu à Mendoza avec son bras droit Jean-Marc Lhermet et Rafael Cuneo Libarona l’avocat mandaté pour défendre Hugo Auradou et Oscar Jegou dans l’affaire d’agression sexuelle présumée qui les frappe. En fin de journée, Grill a accepté de faire un point sur l’affaire.
Pouvez-vous nous raconter ce qu’il s’est passé depuis votre dernière prise de parole lundi soir à votre arrivée à Buenos Aires ?
Quand nous sommes arrivés lundi à Buenos Aires, nous avons eu échos de faits qui, s’ils sont avérés, sont extrêmement graves. Notre première réaction a été de dire qu’il fallait écouter la parole de la victime et faire confiance à la justice argentine. Ensuite, nous avons été, avec l’ambassadeur de France en Argentine et le consul, voir nos deux joueurs en cellule au commissariat de Buenos Aires mardi matin. À partir de là, a commencé à émerger une version un peu différente de celle qui a été présentée par la plaignante. Nous avons donc commencé à rassembler un certain nombre d’éléments, de preuves, avec notre avocat. Certaines pièces jettent vraiment un doute sur la version qui a été présenté (par la victime). Nous ne sommes pas juge, mais si les jeunes ont fait une faute ils doivent être condamnés. Mais ils doivent pouvoir aussi exprimer leur version des faits. C’était le sens de notre présence à Mendoza aujourd’hui (mercredi).
Justement avez-vous pu rencontrer le procureur en charge du dossier ?
Nous avons rencontré un adjoint de la procureure générale et une personne en charge du dossier. Nous étions, avec Jean-Marc Lhermet, accompagnés de notre avocat principal Rafael Cuneo Libarona et un de ses collaborateurs. Nous avons pointé un certain nombre d’éléments qui semblent contradictoires avec la version telle qu’elle a été relatée dans les médias argentins par la plaignante. Il nous semble donc important que toutes les versions soient sur la table du procureur. Nous ne sommes pas enquêteurs, ni juges. Pour nous le plus important, c’est que la justice argentine aille vite pour trancher. S’ils sont coupables, ils doivent être condamnés fermement. À l’inverse, s’il y a des éléments qui questionnent, il faut aussi que ces éléments soient pris en considération pour que la justice puisse trancher en ayant à sa connaissance tous les éléments possibles. Notre avocat a maintenant rendez-vous demain (jeudi) avec le procureur. Ce sera hors de notre présence. Ils vont discuter de tous ces éléments qui entrent en contradiction avec les faits tels qu’ils ont été exposés par la plaignante.
Avez-vous pu voir Hugo Auradou et Oscar Jegou ?
À cette heure (18h30, heure locale soit 23h30 heure française), Hugo Auradou et Oscar Jegou ne sont toujours pas arrivés à Mendoza. Le transfert est effectué en voiture. Selon ce que l’on nous a dit, ils sont partis plus tard que prévu et le déplacement peut prendre jusqu’à douze heures. On nous a même laissés entendre qu’il n’arriverait que demain (jeudi). Nous n’avons donc pas pu les voir aujourd’hui.
Savez-vous s’il est envisageable qu’ils soient au moins remis en liberté conditionnelle prochainement ?
Dans un délai de 5 à 25 jours, qui n’est pas si long que ça s’ils sont coupables, mais qui peut paraître très long si nos deux joueurs ne le sont pas, la procureure générale décidera de les placer ou non en liberté conditionnelle, ce qui consistera de vivre dans une maison à Mendoza sans qu’il ne puisse en sortir, ni communiquer. Mais voilà, à tout dire, ce délai-là me paraît plus que considérable. Surtout, le temps du procès n’interviendrait alors que dans un délai de huit à quatorze mois après la décision du procureur. Voilà pourquoi nous poussons pour que la justice argentine se prononce rapidement en fonction aussi des différents éléments du dossier que nous lui avons fourni aujourd’hui et qu’elle aura dans son ensemble définitivement demain (mercredi). Par ailleurs, je tiens vraiment à remercier la communauté du rugby argentin qui nous aide dans nos démarches. Je pense notamment à Agustin Pichot, Rodrigo Roncero. Rodrigo a passé la journée de mardi avec nous pour nous faciliter la tâche. C’est très appréciable.
Cette affaire présumée d’agression sexuelle juste après la vidéo à caractère raciste ne doit-elle pas contraindre la FFR à revoir son organisation pour un meilleur suivi de ces tournées à l’étranger ?
Le temps viendra de nous questionner, c’est certain. L’organisation de notre fédération fondée sur la responsabilité et l’autonomie des joueurs a été mise en place il y a plusieurs années. Avec un chef de délégation qui est Bernard Viviès, un manager de tournée qui est Mathieu Brauge. Nous verrons bien s’il y a une faute grave. Pour l’instant, il y en a au moins une, c’est celle de Melvyn Jaminet. Sur le dossier des deux jeunes joueurs Hugo Auradou et Oscar Jegou, nous attendrons la décision de la justice argentine. Toujours est-il qu’il y a eu au moins un écart de soirée qui nécessite une remise en cause de notre organisation. Chaque chose en son temps. Ce temps-là viendra. Il se fera en lien avec les joueurs, le staff, Proval, la LNR. Et nous verrons dans quel cadre nous devons changer notre organisation.