Pour comprendre le milieu dans lequel a été élaborée la série "Sur ecoute"(The Wire)quelques extraits du livre The Corner qui l'a inspirée.
J'ai choisi des extraits concernant les enfants qui vivent et meurent dans ce cloaque.Le corner est un quartier de la ville de Baltimore coincé entre Fayette Street et Monroe Street.
"Dans le monde du Corner...les enfants grandissent dans les maisons de Fayette street et observent les étres humains gravitant autour d'eux s'approprier ce dont ils ont besoin....La plupart des bébés sont ardemment désirés par les mères comme par les péres.Quel meilleur legs pour un dealer de 16 ans qui s'attend à mourir ou à aller en prison avant d'avoir soufflé ses 20 bougies?Quelle plus belle reconnaissance pour une adolescente esseulée que l'amour inconditionnel d'un petit étre humain?Vu de l'extérieur ces bébés sont des erreurs que l'on évalue en terme de cout social,des futurs pupilles de la nation,les précurseurs d'une nouvelle génération destinée à alimenter.Cela n'effraie pas ces enfants allaités au nihilisme......Que le gouvernement aide financièrementcette population est utile.Mais en vérité le gouvernement alloue trés exactement 234 dollars par mois aux mères de Fayette street,avec peut etre 40 dollars par téte supplémentaire.Ajoutez à ça les coupons alimentaires,les dons duWIC;c'est juste assez pour mettre du lait en poudre et des couches dans le caddie,mais trés insuffisant pour justifier de toutes les naissances.La tentation conservatrice de frapper au porte monnaie semble à coté de la plaque,la question va bien au delà de deux centaines de dollars.Le coeur du problème est ailleurs;avec ou sans aides sociales les enfants naitront.
"Avec de telles bases,les enfants s'aventurent dans les rues,se regroupent en meute de cour de lycée,les garçons avec les garçons,les filles avec les filles,et leur jeux deviennet de plus en plus sauvages au fur et à mesure qu'ils se provoquent mutuellement,chacun affutant les atouts indispensables pour la survie dans le quartier.Leur taille,leur apparence,leur travers,tout cela leur confère un statut précoce,une réputation comme dans n'importe quel milieu.Mais dans Fayette street,le prestige n'existe qu'en fonction du Corner;celui ci peut frapper trés fort et celui là crier à pleins poumons.Cet autre peut comploter et s'immiscer partout,cet autre encore est un forcené capable de tout.Ils s'essayent au jeu,essuient un ou deux echecs,mais méme le plus faible réussit à trouver sa place"
"Dépouillée de toute autre considération ethique,restent à cette génération les fondamentaux.sexe,bébés.Et parce que le sexe et les bébés en lieu et place de la fidélité et de l'engagement,sont la finalité connue de toute relation,murir est hors de propos.Si des organes sexuels en état de fonctionnement suffisent à donner un sens à la vie,alors les futures mères qui patentent dans les salles d'attente des services obstétriques de l'Hopital Universitaire ou de John Hopkins peuvent bien avoir 16 ans ou 14,ou 12.
"Les enfants de Fayette Street mettent leur sexualité au service d'un simulacre baclé de vie.L'ambition des garçons se limite à passer la journée sans se faire arréter,braquer ou tuer.Ils espèrent vivre assez longtemps pour voir naitre un fils ,parfois une fille.Peut étre amasser de quoi acheter une baignoire en plastique ou une chaise haute,ou au moins un paquet de couches par semaine.Les filles s'en tiennent à l'espoir morne que le futur père les accompagnera à la consultation...Il couvrira peut etre les frais du berceau ou de la poussette...
"ça se passe dans Fayette street....La mère est allongée dans son lit,son bébé dort à ses cotés,espoirs et peurs lui sont imposées par le monde qu'elle connait;son futur se limite à la question de savoir d'ou viendra le prochain paquet de couches.C'est le mieux qu'elle puisse espèrer"
Voila nous ne somme pas dans un gros village perdu de l'Afrique sub saharienne,non nous sommes au coeur d'une grande ville du pays le plus riche et le plus puissant du monde;cela donne à réflechir non?