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Des livres et nous

Vadier

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Le deuxième extrait date de 1860
"Mr Guizot dans son histoire de la révolution d'Angleterre,t;1 p 14,dit que sous Henri VIII,il y avait en Angleterre deux reformes."L'une,incertaine,servile,plus attachée à des intéréts temporels qu'à des croyances,alarmée du mouvement qui l'avait fait naitre,et s'efforçant d'emprunter au catholicisme tout ce qu'elle pouvait retenir en s'en séparant;c'était celle du prince et des hauts dignitaires ecclésiastiques.L'autre,spontanée,ardente,méprisant les considérations mondaines,acceptant toutes les conséquences de ses principes,vraie révolution morale,entreprise au nom et avec la passion de la foi;c'était celle du peuple et du bas clergé"
Remplacez réforme par libéralisme,catholicisme par royalisme,croyances par convictions,foi par liberté,hauts dignitaires par hauts fonctionnaires,clergé par léttrés,vous avez toute l'histoire du doctrinarisme et du socialisme,faite et bien faite par M. Guizot.
Ne soyons plus anglais ni français ni allemands,soyons européens.Ne soyons plus européens,soyons hommes.Soyons l'humanité.
Il nous reste à abdiquer un dernier égoisme:la patrie

Le troisième extrait est intime.Il se situe le 27 décembre 1873.Quand l'immense Hugo laisse parler son coeur,je ne sais quel terme utiliser.Tant pis,je choisi un mot trés banal à force d'étre galvaudé;il me parait le plus juste.C'est magnifique.
27 Décembre
"C'était hier.Il était midi.J'étais rue Pigalle.Je travaillais.On m'a apporté un mot de Gouzien.Une voiture était en bas.Je m'y suis jeté comme j'étais,en caban de chambre,en pantalons à pieds et en pantoufle.Je suis arrivé rue Drouot.Je suis monté,je suis rentré dans la chambre.Les rideaux du lit étaient fermés.Alice était sur un fauteuil comme évanouie.Madame Gouzien la soutenait et pleurait.Gouzien et Emile Allix étaient là,accablés.J'ai écarté les rideaux.Victor semblait dormir.J'ai soulevé et baisé sa main,qui était souple et chaude.Il venait d'expirer et si son souffle n'était plus sur sa bouche,son ame était sur son visage.J'ai baisé Victor au front et je lui ai parlé bas.Qui donc entendrait si ce n'est la mort?Oh,j'ai une foi profonde.Je vous reverrai tous,vous que j'aime et qui m'aimez.Je suis resté longtemps penché sur Victor,je l'ai béni,et je lui ai dit de nous bénir et de nous prendre sous les ailes qu'il a maintenant.
Louis Blanc est venu,et M Lionnet qui a déssiné à la lampe Victor endormi.
Encore une fracture et une fracture suprème,dans ma vie.Je n'ai plus devant moi que Georges et Jeanne.
Au moment ou j'écris ceci,un corbillard blanc passe sous ma fenètre
O mon doux Victor bien aimé.

Victor est François Victor,son fils ,mort la veille a 45 ans de la tuberculose
 

Vadier

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Allez un dernier pour la route.Dans "Choses vues",Hugo dresse de nombreux portraits de ses contemporains.Celui de Auguste Blanqui,le révolutionnaire,est terrible,effrayant...
"Auguste Blanqui était le vrai conspirateur vénitien.Il avait passé neuf ans de sa vie en prison ,quatre en cellule,ses cheveux y avaient blanchi,il en était joyeux.C'était la seule joie qu'il connut,il y avait de la vengeance au fond de cette voie.Nature triste et profonde.Rien dans ce coeur;pas un gout,pas une affection,pas un amour ,pas un vice,pas une femme.Il passait sa vie à contruire des plans mystérieux,des labyrinthes de galeries souterraines pour miner l"état;il était inépuisable en imaginations de ce genre,"la Société des familles" "la Société des saisons",toutes ces sociétés secrètes sortirent de son cerveau,armées.Le 11 Mai 1839,il enterra une soeur qui l'avait élevé et tendrement aimé;il sortit du Père Lachaise pour s'en aller de rue en rue reconnaitre les positions de l'émeute et combiner l'attaque du lendemain.(l'insurrection avorta,Blanqui et Barbes furent arrétés et condamnés à mort.Louis Philippe commua la peine en prison à perpétuité et en 1848 le gouvernement provisoire les libéra)Il portait des habits rapés,des chapeaux troués,des bottes percées,buvait de l'eau,mangeait du pain,couchait ou il pouvait,et vivait avec six sous par jour.Partout ou il y avait une paillasse à terre,il avait ce qu'il fallait.Au Mont St Michel (Le Mont St Michel était alors une terrible prison d'Etat)il passait son temps à inventer des chiffres pour correspondre au dehors;il avait trouvé jusqu'à cinquante-quatre combinaisons de cette sorte,toutes impénétrables.Son esprit était vide de toute autre chose.Il avait eu une femme et un enfant qui étaient morts de misère pendant qu'il était en prison.Il était inaccessible aux jouissances qui énervent les sens et aux passions qui domptent l'ame.Il était brave;dans les émeutes,comme il avait la vue basse,il allait reconnaitre avec un lorgnon les bataillons qui tiraient sur lui.C'était un furieux froid.Ce qu'il voulait était simple;mettre en bas ce qui est en haut et en haut ce qui est en bas.Il exprimait son but ,un jour,de cette façon "je veux désarmer les bourgeois et armer les ouvriers;je veux déshabiller les riches et habiller les pauvres".Comme on le voit,sa liberté emprisonnait,son égalité dégradait,et sa fraternité tuait.C'était un de ces hommes qui ont une idée.Leur pays d'un coté,leur idée de l'autre,ils préfèrent leur idée.Leur logique tombe sur tous les sentiments humains comme le couteau de la guillotine.Vous leur dites;mais votre idée dresse l'échafaud!-Sans doute-Pour tous?_Je l'espère.Pour vous mème?_Je le sais.
Leur propre tète roulant dans le panier de Sanson leur sourit.
Les privations ,le denuement,les fatigues,les complots ,les cachots l'avaient usé.Il était pale ,de taille médiocre et de constitution chétive.Il crachait le sang.A quarante ans il avait l'air d'un vieillard.Ses lèvres étaient livides,sont front était ridé,ses mains tremblaient,mais on voyait dans ses yeux farouches la jeunesse d'une pensée eternelle.Cet homme violent disait des choses implacables avec un accent calme et un sourire tranquille.Son regard était si sombre et sa voix était si douce qu'on se sentait pris de terreur devant lui.On comprenait que sous cette douceur se cachaient et se condensaient les explosions inouies de la haine.Apres Février,il sortit de prison (de Doullens je crois ou il avait été tranféré en quittant le Mont St Michel)et il écrivit à son frère qu'il haissait "je sors une fouche de fer rouge à la main"
(son frère Adolphe était un économiste libéralhaha) Ce fut en effet au milieu de cette révolution pleine de clartés mystérieuses et de ténèbres inconnues,une apparition terrible.
Il se mit à l'oeuvre sur le champ,et ouvrit un club qu'il présida.Il avait là,au milieu des rumeurs furieuses,une attitude réfléchie,la tète un peu inclinée,laissant pendre ses mains entre ses genoux.Dans cette posture et sans hausser la voix,il demandait la tète de Lamartine et il offrait la tète de son frère.
Toutes les lueurs de 93 étaient dans sa prunelle.Il avait un double idéal,pour la pensée Marat,pour l'action Alibaud.Homme effrayant,promis à des destinées sombres,qui avait l'air d'un spectre lorsqu'il songeait au passé et d'un démon lorsqu'il songeait à l'avenir.

(Louis Alibaud avait tenté d'abattre Louis Philippe en 1836.Il fut guillotiné)
Victor Hugo écrivit ses lignes en 1848:coucou:
 

Vadier

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Chose promise,chose due.Faust va étre content.J'ai remis la main sur le livre de Pierre Miquel "Les anarchistes".Il date de 2003 et pour tout dire ,il ne m'avait pas passionné .Peut étre aurait il fallu que je sois initié ou en volonté de l'étre.Ce n'est pas le cas.Mais c'est un livre intéressant d'un point de vue historique d'abord et surtout parce qu'il tend à décomplexifier ce mouvement international,et à casser les idées reçues qui l'accompagnent.Pierre Miquel le fait avec une certaine indulgence pour les anarchistes dont il dit qu'ils ont tout senti,tout inventé avant les autres,et il ajoute dans sa post face
"Et si l'anarchisme ,aprés avoir survécu à tant de luttes tragiques,de la Commune à la guerre d'Espagne,était au contraire ,par sa pensée,plus vivant que jamais et préfigurait le combat de demain?"
Il nous parle des lyonnais,les canuts,des russes,des français et des particularismes latins italiens et espagnols.Il évoque ce qu'il nomme les nouveaux visages de l'anarchie avec toujours comme figures de proue l'incontournable Bakounine,la complexité de Proudhon,et l'inventeur de l'ecologie Elisée Reclus vers qui penche de plus en plus le mouvement.
"...ils epousent,quand l'occasion se présente,les thèses de l'écologie chères à Elisée Reclus,véritable fondateur du genre.L'auteur d'Histoire d'un ruisseau et d'Histoire d'une montagne,ouvrages d'une fraicheur trés actuelle,reste un maitre incontournable pour les militants toujours soucieux de protéger la terre....Du programme des fondateurs,la partie la plus vivante est la lutte pour la préservation de la nature et des hommes,entreprise avec amour par le géographe Elisée Reclus...Sans doute ne pouvait il pas prévoir que sa "chère montagne" deviendrait elle mème un lieu de pollution,et que les océans ne pourraient régénerer les littoraux sacrifiés ,pour n'étre pas eux mémes à l'abri des déchets mortels.Mais quel message d'une manifeste actualité a t il lancé pour la protection des campagnes,de la terre,des sources et des fleuves,contre le gaspillage des mines et des ressources naturelles!Le chantier ainsi ouvert appartient à tous,mais il est un des terrains privilégiés de combat des anarchistes parce qu'ils en étaient les pionniers."
Il evoque aussi la mondialisation de l'anarchie et son adaptation immédiate aux nouvelles technologies.
"Mondialisation de l'anarchie:désormais l'éthique libertaire,affirmée par la CNTest libératoire.Par la violence affirmée de l'action directe par la grève autogestionnaire expropriatrice,le but est de mettre en place ,par la base,une société fédérative et antiétatique.Les anciens thèmes bakouniniens sont encore présents,mais ils sont adaptés aux nécessités du XXI ième siècle,à l'espérience des luttes sociales,contre la délocalisation de la production et les fermetures d'usines.Le mouvement anarcho syndicaliste repose sur l'action de 150 groupes autonomes,fédérés de France et de Belgique.Paris Bruxelles Bordeaux,Lyon ,Lille ,Dijon,Nantes,Toulouse et Perpignan.;;;"
Pierre Miquel nous parle aussi des rapports complexes et parfois contradictoires des écrivains avec l'anarchie.Il s'attarde sur l'alliance du Rouge et du Noir.Le Noir de la révolte,le Rouge de la révolution.Il voit en Gracchus Babeuf,le feudiste picard(un pur celui là)et sa Conspiration des Egaux un des premires"à marier sans les confondre,les drapeaux Noirs et Rouges"appelant de leur voeux la vraie révolution.
"Répétons le encore"disait le journal babouviste "Le Tribun du peuple",tous les maux sont à leur comble.Ils ne peuvent se réparer que par un bouleversement total.Que tout se confonde donc.Que tous les éléments se brouillent,se mèlent et s'entrechoquent.Que tout rentre dans le chaos et que du chaos sorte un monde nouveau et régénéré".Il ne s'agissait pas de changer de régime ,d'inventer de nouvelles constitutions,mais d'abolir toute forme centralisée et niveleuse d'état pour substituer à ce système de domination historique une nouvelle définition des rapports sociaux sur la base de l'égalité.Les babouvistes apportaient du grain à moudre au moulin de l'anarchie"
Et dans le prolongement Pierre Miquel évoque longuement les canuts.C'est à mon sens le chapitre le plus intéressant du livre.
"Pour la première fois dans l'histoire des ouvriers lyonnais ont hissé le drapeau noir de l'anarchie dans les rues de Lyon,le 21 Novembre 1831,à 7 heures du matin.Ils sont canuts,ouvriers de la soie sur la colline de la Croix Rousse.Cinquante mille hommes qui ne peuvent plus nourrir leur famille,ni se nourir eux mémes.En quinze ans,par l'effet de la concurrence impitoyable des soiries britanniques,leur salaire déjç faible,a baissé des trois quarts.Le monde est alors livré aux lois du marché....Les canuts se révoltent au nom de la vraie justice,celle du droit à l'existence...Il sont préts à mourir."Vivre en travaillant ou mourir en combattant"lit on sur les drapreaux noirs;La justice est un combat qui peut entrainer la mort.Première conviction des futurs anarchistes....En 1848 Leroux,Proudhon et Favre sont élus députés de la législative.Les canuts envahissent à nouveau les rues pour demander justice.Ils ne sont pas en retrait du mouvement républicain de la capitale,mais en marge.Dans la féte républicaine qui gagne Rennes Perpignan,Evreux,Lille,Nevers,et Givors,on plante comme en 93,des arbres de la liberté.Des anciens de la Montagne en larmes,viennent présider les cérémonies,en habit bleu des gardes nationaux de la haute époque révolutionnaire.Pas de conquète vraiment anarchiste des municipalités en France.Sauf à Lyon.
Bonne lecture et n'oubliez pas "Le drapeau noir flotte sur la marmite"haha
 

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Ce que je lis sur le forum,m'a incité à évoquer ,le livre de Mathieu Bock Coté "L'empire du politiquement correct".Le forum constitue ,en effet,une source inépuisable pour corroborer,la justesse du contenu de l'ouvragehaha.C'est un livre décapant,dense,trés argumenté.Un livre "engagé"comme on dit,et assumé comme tel,clivant comme sont qualifiés de nos jours ce genre de livre,c'est à dire négativement;cliver étant devenu non conforme,surtout lorsque le contenu penche du mauvais coté.C'est le livre d'un vrai intellectuel,conservateur,puisque il se qualifie lui méme ainsi.Bock Coté dresse un tableau au vitriol du système médiatique français,souligne "les failles et les faillites du multiculturalisme"( aie aie aie le pauvre),dénonce le délabrement volontaire du débat bati désormais exclusivement sur des "critères de respectabilité" définis on ne peut plus arbitrairement.Il nous parle aussi de son Canada natal devenu trudeauiste c'est à dire d'un progressisme porté à son zénith,soulignant la régression de la liberté d'expression jusque dans le monde anglo saxon (un comble).Il explique comment le débat interdit parfois,dévoyé souvent,alimente la révolte dite "populiste"consdérée comme le mal absolu.
"Est t il encore possible de débattre,demandent les démocrates de bonne foi,qui sentent bien que la réponse ne va plus de soi.Non pas que le débat public se déroule sans que ne s'affrontent des camps contradictoires:eek:n trouve génralement une gauche et une droite,des progressistes et des conservateurs,des fédéralistes et des souverainistes,des européistes et des eurosceptiques,et on pourrait multiplier les catégories du méme genre.Officiellement,le pluralisme politique et intellectuel est respecté,et mème encouragé.L'avenement des chaines d'information continus a favorisé d'ailleurs une culture du débat qui vire souvent à la culture du clash,ce qui peut laisser croie ,à première vue,que jamais nos sociétés ne se sont autant investies dans la délibération publique,en allant mème jusqu'ç la pratiquer de manière plus que musclée.Mais ce pluralisme politique en carton pate masque de moins en moins une homogénéité idéologique de fond,ou les grands partis se montrent souvent interchangeables,se contentant de désaccords circonstanciels.Si il ya,a une pluralité de points de vue possibles au sein d'un société,ils se déploient néanmoins à partir d'une orthodoxie préalablement établie_on pourrait aussi parler du noyau idéologique du régime.Celui qui détermine les codes de la respectabilité structurant l'espace public et décide quels sont les grands interdits qui le fondent en plus de pouvoir en chasser ceux qui ne les respectent pas,exerce l'hégémonie idéologique.;;
"Ce qui gène dans la domestication du gouvernement par un journalisme épiscopal,outre l'inculture des donneurs d'ordre et de conseils (le séminaire avait du bon),c'est l'immunité d'un pouvoir sans contre pouvoir,à l'abri de toutes sanction électorale "Régis Debray.
"La construction du récit médiatique n'a donc rien d'aléatoire.Pour qui cherche à comprendre le fonctionnement de la conversation démocratique,il importe de voir selon quels critères et quelles logiques certains événements sont placés au coeur de l'espace public et pourquoi certains sont traités comme des faits anecdotiques .Qu'est ce qui distingue un fait politique majeur et un fait divers?Qui a le pouvoir de présenter un fait divers comme un fait politique,et un fait politique comme un fait divers?L'actualité des dernières années donne un visage concret à ses interrogations?
Cela concerne,l'immigration,l'islam,,,les revendications associées à la theorie du genre,les revendications identitaires des minorités,etc etc....le soporifique et interminable"Grand débat national" initié par Macron au sortir de la crise des Gilets jaunes et à l'aube des elections européenes,soutenu à bout de bras par toutes les chaines infos de longues heures durant,dans la forme comme sur le fond c'est à dire dans le choix unilatéral des sujets évoqués par le président et ceux qui ne l'ont pas été
,fut à cet égard révélateur.
"Lorsque je parcours mes écrits d'avant 68,je m'aperçois qu'ils sont persemès de ces panneaux de signalisation qui,à cotès de solutions solidement étayées et auquelles je sousris encore aujourd'hui,ont pour seul office de crier au passant:"Coucou!Je suis de gauche!Je suis de gauche!" Jean François Revel.
"Le clivage gauche droite se renouvelle aussi et parvient ainsi à demeurer au coeur de la vie politique en réussissant à s'approprier les enjeux politiques qui traversent la cité et à les traduire dans ss termes....Dans le monde d'aujourd'hui,celui qui est favorable au néo libéralisme le plus intransigeant mais se montre attaché aux conquètes sociétales a plus de chance d'étre reconnu comme un homme de gauche qu'un ouvrier attaché aux vieux principes de la social démocratie,critique des éxcés de la finance globale,mais opposé à l'immigration massive et sceptique devant certaines reformes sociétales."
"La mouvance populiste mobilise des affects qui étaient depuis longtemps dépolitisés dans l'ordre libéral d'aprés guerre,qui s'est voulu technocratique et qui ne définissait plus la nation qu'à travers une référence aseptisée et asséchante aux valeurs,comme si son épaisseur historico culturelle ne comptait plus.Il ne semble plus possible d'invisibiliser ainsi la part charnelle de la communauté nationale.Le retour des passions politiques est assimilée par la politologie progressiste à une submersion de la raison par l'émotion ou pire encore à un simple retour de la "haine".(
d'ou l'adoption ces jours çi de la funeste Loi Avia)
"...c'est le reflexe le plus naturel des hommes de se soucier du monde dans lequel ils vivent.Qui sectionne le lien entre la cité et l'ame affaiblit la première et dessèche la seconde.Qui trop désacralise la cité crée les conditions d'un sacré de substitution,qui se transférera sur des objets secondaires qui ne méritent pas d'approcher le domaine de l'absolu.Si la communauté politique finit par s'affaisser,l'homme s'affaissera aussi et les grandes choses qu'il espèrait traditionnellement accomplir,deviendront simplement inconcevables,son imagination se rabougrira,ses espérances aussi.....Un monde sans frontières est un monde aux mille névroses.Ce que l'on appelle ,plus ou moins adequatement ,la perte d'identité enferme l'homme dans une adolescence eternelle.;;;Philippe Muray a décrit un homme ne sachant plus que se perdre dans un totalitarisme du rire qui se donne un air de fète.Ebaubi,condamné à une existence parodique dans une civilasation ne sachant plus que courir dérrière un progrès dont le sens lui echappe...."
"...il y a probablement une ethique propre aux écrivains crépusculaires.Que faire si l'on survit à son propre monde.?Avec Michel Onfray,ils nous invitent tout simplement à mourir debout,au nom de l'honneur."La vérité cruelle est que notre civilisation s'effondre.Elle a durée 1500 ans.C'est déjà beaucoup.Face à cela ,je me trouve dans une perspective spinoziste:ni rire,ni pleurer,mais comprendre.On ne peut pas arréter la chute d'une falaise".Onfray écrira aussi "Le bateau coule,restez élégant.Mourez debout".Que faire,quand le monde auquel on tient vous échappe?Rien.C'est la morale honorable d'un vieux Romain."
"Les codes de respectabilité qui structurent le système médiatique rétrécissent à ce point l'espace d'un délibération oxygénée qu'ils poussent à la révolte.On ne saurait refonder l'action politique sans s'arracher mentalement à tout ce qui inhibe la parole publique,sans se révolter cotre l'étouffement de la liberté d'expression,sans se revolter non plus contre ce qui empèche l'action publique.Il est probablement nécessaire de sortir de la mythologie progressiste pour renouer avec un débat politique qui ne disqualifie pas par avance,ceux qui confessent leur scepticisme devant la dynamique de la modernité.A tout le moins le progressisme ne saurait se penser comme la toile de fond de la conversation civique,et le conservatisme,dans cette perspective,ne saurait non plus se définir comme un simple attachement au passé."

Pardon pour avoir été aussi long...Mais que voulez vous,je me suis fais plaisir.Je souscris à ce qu'écrit Mathieu BockCoté avec une réserve sur le contenu du terme "conservateur" et sur la pertinence du choix de ce terme pour l'opposer au progressisme.J'ai un regret aussi,celui de constater qu'il n'avait pas évoqué ou si peu,une autre arme au service du "politiquement permis",une arme sans doute inespèrée ,l'auto censure,qui sévit partout,au stade ,au café en famille comme les limonettes Milleshaha et donc aussi sur le forum.Et si il fallait,pour finir,matérialiser l'emprise de ce politiquement correct dans et sur les médias,j'évoquerais une image,celle d'un journaliste de LCI,qui présentant un matin,une émission sur l'election présidentielle aux Etats Unis,ne peut retenir ses larmes à l'annonce de l'éléction de Donald Trump.Mais qu'aurait il donc fait si Mme Clinton avait été élue?...Il aurait peut étre sauté sur la table et nous auait gratifié d'une suave danse du ventre...C'est la fétehaha
Bon c'est pas tout ,mais il se fait tard....J'ai beaucoup écrit sur ce topic.Je vais faire un "break"...c'est bien comme çà que l'on dit?;;Oui? Ah bon ça va,me voila rassuré:coucou:
 

Vadier

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L'enigme Robespierre.Cet homme est un mystère.Son ombre plane encore et toujours sur le société française.Il hante le monde politico intellectuel français.Hai par les uns ,adulé par d'autres,il resurgit régulièrement en particulier en période de crise.Il est l'ancétre,le frère,que l'on n'aurait pas voulu avoir,parce qu'au fond il bouscule en permanence nos certitudes.C'est ce mystère que j'ai essayé d'elucider surtout à partir de 1989 et notre célébration du bicentenaire de la révolution.Avant,j'avais une "image",celle qui m'avait été offerte par l'éducation nationale dans les années 60 70.Disons le elle était plutot favorable.Je l'avais adopté comme probablement la plupart des éléves de ma génération qui n'avaient pas eu l'opportunité de l'approfondir.La volonté à peine voilée des organisateurs du bicentaire,de gommer cette ombre tutélaire de la révolution,m'a incité à en apprendre davantage.Les historiens demeurent encore à travers leurs publications,le plus sur moyen de se faire une opinion la moins biaisée possible.Ces lectures,ces témoignages,ces informations m'ont permis,à défaut de resoudre ce "mystère Robespierre",de mieux en appréhender les ressorts,de mieux comprendre la complexité du personnage et son action.Parmi la douzaine de livres en ma possession qui lui sont consacrés (il est l'un des 3 ou 4 personnages de l'histoire de notre pays sur lequel on a le plus écrit;plus de 10000 ouvrages et publications,lui ont été consacrées)j'en ai choisi 7 que je présente par ordre chronologique de parution.Pour situer la fascination qu'a exercé et exerce encore ce personnage sur les historiens et les intellectuels,il est en terme d'intérét suscité,au niveau d'un Louis XIV,d'un Napoleon Bonaparte ou d'un De Gaulle,alors que lui n'a été réellement la "maitre de la France"que du 13 Juillet 1793 au au 27 Juillet 1794.Un an ,un an seulement.Comment est ce possible?Comment l'expliquer?.Ces 7 livres pourront peut étre permettre de répondre au moins en partie à ses interrogations.
Le premier est paru en 1968 "L'homme Robespierre"(Histoire d'une solitude) de Max Gallo.Il a été réedité plusieurs fois depuis et traduit dans de nombreuses langues.C'est un bon livre,comme toujours chez le regretté Max Gallo,vrai homme de gauche,républicain intransigeant et ,je l'ai appris bien plus tard,fervent catholique amoureux de l'art cistercien et donc forcément sensible à l'ascétisme d'un Robespierre.Max Gallo cherche à comprendre Robespierre et au delà quel est le role et l'impact du caractère d'un dirigeant politique sur le cours de l'Histoire.Il s'interroge pour savoir si Robespierre peut étre considéré comme le modèle de tous les dictateurs qui fleuriront au XX ième siècle(ma réponse est non).Max Gallo cherche donc à comprendre,et pour certains esprit chagrins,chercherait à excuser,à justifier.(je ne le pense pas).
" La vie de Maximilien Robespierre aurait elle été ainsi jusque dans son projet une faillite?Ces cinq années de passion politique,ces cinq années d'héroisme et de flamme,n'ont elles été qu'une geste désespérée,geste d'un homme finalement emporté par des forces qu'il n'a pu maitriser,puisqu'il succombe?Et pourquoi lui,qui voit souvent si loin,s'est il laissé condamner à l'echec?Par vertu?Mais la vertu première d'une poltique,n'est ce pas la réussite dans le réel,dans le présent?Et non dans une immortalité insaisissable?;.....Bonaparte déja (qui savait ce qu'il devait à la chute de Robespierre)disait de l'Incorruptible qu'il avait été le bouc émissaire de la révolution....Et bien plus tard sous l'Empire,devenu Napoleon,RObespierre l'intriguait encore "Cambacéres,ancien conventionnel,régicide devenu archichancelier d'empire,répondit à Napoléon qui l'interrogeait sur la chute de Robespierre "Sire cela a été un procés jugé mais non plaidé"
En 1791,la situation du pays est inquiétante.Robespierre n'est pas député à la législative,mais il est une voix prépondérante aux Jacobins.La guerre menace.Robespierre hésite.La guerre n'est pas pour lui une urgence ou une priorité.Les Girondins et Brissot en téte souhaitent une déclaration de guerre.Elle aura lieu.
"La guerre donc pour Maximilien aussi.Il est entrainé,il suit le courant brissotin et girondin,mieux il tente de le dépasser.L'engrenage est bien enclanché,Robespierre a laissé faire.Défaillance excusable certes mais qui permet de saisir que Robespierre n'est ni l'homme du coup d'oeil de génie capable de voir instantanèment les dangers d'une situation,ni l'homme de l'invention politique,capable de proposer rapidement une autre voie.La reflexion lente lui est indispensable.D'autres sont les initiateurs ,mais lui sait,de façon inégalée,etayer,elargir,systématiser,répeter encore ,toujours,argumenter enfin"
Brissot interpelle Robespierre aux Jacobins.Il attendra deux jours pour répondre,le temps de le reflexion
"Avant de courir à Coblentz,mettez vous au moins en état de faire la guerre....La grandeur d'un représentant du peuple n'est pas de caresser l'opinion momentanée qu'excitent les intrigues des gouvernements...elle consiste quelquefois à lutter seul,avec sa conscience,contre le torrent des préjugés et des factions.Il doit confier le bonheur public à la sagesse,le sien à sa vertu,sa gloire aux honnétes gens et à la postérité"
Fin de la leçon,"lourde de sous entendus"selon Max Gallo.Et en effet la "guerre interne" est déclarée.Robespierre méprisait profondèment Brissot et les Girondins...Ils finiront sous la guillotine.
Fin du premier épisode,la suite demain....:coucou:
 

Vadier

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Le deuxième ouvrage est intéressant dans la mesure ou il offre le regard d'un étranger,méme si l'auteur,l'américain Norman Hampson a passé deux ans dans les forces navales françaises durant la dernière guerre et connait parfaitement la culture française du XVIIIième siècle.
Dans la préface de son Maximilien Robespierre paru en 1982,Norman Hampson nous avertit sur les historiens
"les historiens tout en niant que leur travail puisse jamais étre scientifique,sentent pourtant qu'il doit en quelque sorte étre objectif.En principe ,les seuls matériaux sont les faits.L'historien ne peut,ni inventer des documents,ni passer sous silence des circonstances génantes qui infirment ce qu'il aimerait croire.Cela lui laisse pourtant un champ plus vaste qu'on ne pourrait le penser.La necessité ou il est de choisir parmi les documents,son rejet d'une source en faveur d'une autre qui la contredit,et la manière dont il perçoit les mobiles dérrière les événements,lui donnent parfois plus de liberté d'interprétation qu'il ne le souhaiterait.Pour ceux qui en douteraient,voir ce que l'on a écrit sur Robespierre."
Le livre est construit sur l'idée d'un dialogue avec trois personnages venant aider l'auteur à résoudre l'enigme Robespierre.Ce parti pris donne du rythme au récit,mais j'avoue qu'à la longue ce dialogue devient troublant,agaçant méme si le fond est intéressant,l'ouvrage riche en détails et original.
"Une connaissance plus approfondie des documents ne fit qu'apporter des justifications nouvelles à chacune des opinions contradictoires que j'avais espéré concilier grace à elles.J'y acquis au moins la conviction qu'en abordant cet homme tourmenté par ses conflits intérieurs avec une une impartialité courtoise,on renonçait à la moindre chance de le comprendre.Quelle que soit l'idée que l'on se fait de lui,il mérite plus que cela.Incapable de répondre à aucune de mes questions,ma seule solution était de leur faire place à toutes;aussi le lecteur va t il trouver non un point de vue sur Robespierre,mais plusieurs.C'est pourquoi le livre qui suit se présente sous la forme d'un exposé fait par le narrateur qui reste aussi prés qu'il le peut de ce qu'il considère comme les témoignages événementiels les plus importants.Cet exposé est ponctué par les objections et les opinions de trois personnages qui ont chacun leur point de vue personnel,mais dépendent du narrateur pour leur information.Pour aider le lecteur à se familiariser avec eux,ils sont présentés(l'homme du ministère),un militant(le membre du Parti)et un pasteur (le révérend)
Un livre original,à découvrir
 

Vadier

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21 Août 2018
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Le troisième ouvrage"Robespierre,derniers temps"de Jean Philippe Domecq fut publié en 1984.Il est consacré à la description de ce que les chroniqueurs ont nommé "Les quatres dernières decades de Robespierre"Ce livre m'a passionné.L'auteur s'y livre à une description minutieuse des actes et des comportements de tous ceux qui gravitaient autour de Robespierre,ses collègues du comité de salut public en particulier.Et à l'instar de tous les auteurs évoqués ici,Jean Philippe Domecq cherche à comprendre Robespierre.Pourquoi claque t il la porte du gouvernement,néglige t il les pouvoirs dont il dispose,fait il avorter l'insurrection de ses partisans?Crise de conscience politique,fatalité inhérente à toute révolution,défaillance individuelle,aveuglement ou clairvoyance?....La réponse semble impossible.
Michelet,à propos de Robespierre,écrivait ceci
"L'histoire de Robespierre est prodigieuse,bien plus que celle de Bonaparte.En un moment il va plus haut que le trone,il est mis sur l'autel.Etonante légende"
Mais le comportement de Robespierre restera une enigme politique "Qui suis je,moi qu'on accuse?"demande Robespierre dans son discours testament.
Mirabeau qui connaissait si bien les hommes,dés 89,à l'occasion d'une intervention de Robespierre à la constituante,tandis que sous les huées et les quolibets des participants,Robespierre s'escrimait encore et encore à parler,se tournant vers son voisin lui dit ceci" Cet homme ira loin,il croit tout ce qu'il dit".
Et l'auteur explique combien il est ,encore de nos jours,difficile d'évoquer Robespierre.
"Quand à Robespierre,l'evoquer en France,reste malaisé.La mémoire politique d'un peuple obéit à une stricte économie de souvenirs et refoulements.Le souvenir d'un empereur ,par exemple,est mieux assumé,moins spectral que celui d'un révolutionnaire.Robespierre gène,pas seulement parce qu'une pédagogie sociale fut longtemps intéréssée à nous faire maudire nos révoltes.Il a l'aura inquiétante de la revolte enfin plus rusée que la force,il traite l'indignation par l'algèbre;par sa bouche l'inégalité réelle passe pour mythique et pour réel le mythe égalitaire.Peut étre aussi qu'entre les figures de notre histoire,Robespierre incarne une dimension spécifique à la culture française et que celle ci précisément veut occulter:quelque chose comme une rationalité jouxtant la folie "
 

gaspacho31

Passe sa vie sur le forum
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"Les codes de respectabilité qui structurent le système médiatique rétrécissent à ce point l'espace d'un délibération oxygénée qu'ils poussent à la révolte.On ne saurait refonder l'action politique sans s'arracher mentalement à tout ce qui inhibe la parole publique,sans se révolter cotre l'étouffement de la liberté d'expression,sans se révolter non plus contre ce qui empêche l'action publique.Il est probablement nécessaire de sortir de la mythologie progressiste pour renouer avec un débat politique qui ne disqualifie pas par avance,ceux qui confessent leur scepticisme devant la dynamique de la modernité.A tout le moins le progressisme ne saurait se penser comme la toile de fond de la conversation civique,et le conservatisme,dans cette perspective,ne saurait non plus se définir comme un simple attachement au passé."
:coucou:

Excellent! :lunette:
 
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