La Chronique d'Els de P@ris
UNE MER NOUS UNIT, UNE MER NOUS SEPARE
Après avoir vu Toulon-USAP, ce dimanche 30 décembre 2012, le supporter catalan a envie de dire : « Une mer nous unit, une mer nous sépare ». Une mer nous unit, la mer Méditerranée, mais, au vu du score, une mer nous sépare tant le niveau de notre chère USAP est loin du niveau de « l’invincible armada » toulonnaise. Mais, au-delà du score de ce dernier match de 2012, l’USAP a montré qu’elle ne manquait pas de ressources et que nous, amoureux de l’USAP, avons des raisons d’espérer pour 2013.
Une mer nous unit
Une mer nous unit : Catalans et Toulonnais se baignent dans la même mer, la Méditerranée, notre mer, «Mare Nostrum», comme disait les Romains, notre mère la mer Méditerranée, «Maremar» chantait LLuís LLach. Nous nous baignons dans la même mer, nos jours sont illuminés par un soleil que beaucoup nous envient, nos terres sont balayés par des vents différents, mais semblables comme des frères, le Mistral et la Tramontane, que beaucoup ne supportent pas mais que nous avons appris à aimer.
Les deux clubs, le Rugby Club Toulonnais, et l’USAP ont beaucoup de choses en commun : la Méditerranée, le soleil, le vent, et la passion des hommes, des hommes à la tête assez dure pour résister au Mistral ou à la Tramontane, ce qui n’est pas donné à tout le monde.
Une mer nous sépare
Une mer nous sépare, c’est ce qu’on a envie de dire, au vu du score final (46-13), au vu de la différence de points au classement (56 points pour Toulon, 30 points pour l’USAP), au vu de la différence des effectifs (Toulon et son « invincible armada » venu des quatre coins de la planète rugby ; Toulon qui peut se permettre d’avoir, comme remplaçants des lignes arrières, le trio Michalak Bastareaud Palisson).
Marc Delpoux, lucide, résumait bien le match au micro de Canal+ : «On a un déficit de puissance. Pour ne pas subir ce déficit de puissance, j’avais demandé aux joueurs de conserver le ballon au maximum. Après une bonne entame de noter part, Toulon a mis la main sur le ballon, on a subi ce déficit de puissance, on a encaissé des pénalités, et Toulon a creusé l’écart.» Déficit de puissance, incontestablement, mais aussi déficit technique, a-t-on envie d’ajouter. On ne qu’être admiratif devant les prouesses techniques réalisés par les virtuoses toulonnais : Wilkinson, à la technique sans faille au pied, avec un sans faute dans les pénalités et les transformations ; mais aussi Wilkinson, à la technique sans faille à la main, avec ces 2 incroyables passes lobées de 25 et 29 mètres, par-dessus la défense inversée de l’USAP, qui ont permis de trouver enfin la faille dans la défense jusque-là inviolée de l’USAP, pour inscrire les deux premiers des quatre essais toulonnais ; mais aussi la perfection gestuelle des Wilkinson, Giteau, Mermoz, Delon Armitage, auteurs d’éblouissantes passes aveugles, gestes de prestidigitateurs, gestes parfaits d’amoureux du beau rugby qui, tels des artisans d’art, ont poli leur technique gestuelle au fil d’années d’apprentissage.
Les statistiques sont comme les bikinis
Face à la multitude de statistiques assénées par les commentateurs de Canal+ (« Toulon marque en moyenne 42 points à domicile » ; « Toulon a battu l’USAP 38-0 l’an dernier » ; « Toulon n’a encaissé qu’un seul essai à domicile cette saison » ; « Toulon marque la moitié de ses essais dans la dernière demi-heure », etc…), on avait envie de dire qu’un match de rugby restait un match de rugby, avec 15 joueurs face à 15 joueurs, et qu’il ne fallait pas s’arrêter aux statistiques, on avait envie de citer un catalan célèbre, Alfred Sauvy, natif de Villeneuve-de-la-Raho, économiste et démographe, savant non dénué d’humour, qui avait coutume de dire « les statistiques sont comme les bikinis : elles montrent beaucoup de choses, mais elles cachent l’essentiel ».
Alors, que cachent-t-elle d’essentiel ces statistiques ? Surement pas la différence de niveau de l’USAP et de Toulon en cette saison 2012-2013 : les statistiques d’avant-match la montraient, le score final le confirme, les faits sont têtus, une mer nous sépare.
Mais ce que cache le score sans appel du match de ce dernier dimanche 2012, c’est que l’USAP n’a pas démérité : Fabien Pelous et Marc Lièvremont le soulignait après le match, sur le plateau de Canal+, l’USAP a joué un bon match et a longtemps résisté.
L’USAP n’a pas, cette saison, le niveau de Toulon (et surement pas le niveau, non plus, de Clermont ni Toulouse) mais l’USAP a tout à fait les moyens de se mêler à la lutte pour la 6e place, à la lutte avec Grenoble, Biarritz, le Racing et le Stade Français. L’USAP a même montré, lors des matchs face à Castres et à Montpellier, qu’elle est capable de rivaliser avec le 4e et le 5e de notre championnat.
L’USAP ne manque pas de ressources : ce Toulon-USAP a permis de revoir avec plaisir des joueurs comme Tchale-Watchou ou Vilaceca qui, s’ils ont souffert de la concurrence de l’international gallois Charteris et des grands espoirs Romain Taofifenua ou Vahaamina, n’en demeurent pas moins d’excellents joueurs de TOP 14 capables d’apporter beaucoup à l’USAP ; ce Toulon-USAP a permis d’avoir la confirmation du réel potentiel d’authentiques espoirs comme Sébastien Taofifenua, qui a joué une mi-temps complète, et Tom Ecochard qui, pour ses grands débuts en TOP14, a pu faire admirer, l’espace d’un quart d’heure, la vivacité de sa passe ; Bertrand Guiry confirme chaque match qu’il réussit la prouesse rare d’allier «seny» et «rauxa» catalanes, «rauxa» en déployant une rage digne des inépuisables combattants qui l’ont précédé à ce poste de 3e ligne aile de l’USAP, «seny», en montrant la sagesse d’un homme capable d’analyser le
jeu, de guider ses partenaires et de dialoguer avec l’arbitre.
Bon any nou !
Beaucoup d’occasions de gagner à l’extérieur ont été gâchées en 2012 (Bègles, Stade Français, Grenoble, Castres), l’USAP termine cette année 2012 avec 8 points de retard sur le 6e, mais l’USAP a les moyens et les ressources pour se hisser à la 6e place en 2013. Cela passera par des victoires à domicile, à commencer par Bègles, le week-end prochain, et Clermont, à la fin du mois de janvier, mais cela passera aussi par des victoires à l’extérieur : à Mont-de-Marsan et Agen, on l’espère, c’est la moindre des choses pour qui ambitionne de terminer dans les 6 premiers, mais aussi peut-être à Bayonne ou au Racing.
Les supporters parisiens de l’USAP rassemblés au sein de la penya Els de Paris amb l’USAP continueront en 2013 à encourager l’USAP, dans l’atmosphère bouillonnante du Café Six (1), transformé chaque week-end en « petite cathédrale », et aussi autour des terrains : des déplacements sont déjà prévus à Guernica en janvier et à Bayonne en février, notre chère USAP est attendue à Colombes avec impatience en mars, et d’autres déplacements ne manqueront pas de venir, surtout si, comme nous l’espérons, l’aventure européenne se poursuit longtemps.
Souhaitons-nous cela pour 2013 : souhaitons-nous de continuer à encourager l’USAP avec tout notre cœur, où que nous soyons, et souhaitons-nous de voir notre USAP lutter avec cœur sur tous les terrains de France et d’Europe, fidèle au «Sempre Endavant, Mai Morirem ».
Bon Any Nou à tous les amoureux de l’USAP !
(1) Café Six, au coin de la rue des Canettes et de la rue Guisarde, au sein de la mythique « rue de la soif », dans le 6e arrondissement de Paris.