USAP : Les affranchis
Ils devaient marcher à l’ombre. Mais leurs prestations les ont projetés dans la lumière.
Cinq profils différents, cinq parcours contrastés, cinq joueurs revanchards. André, Pujol, Bousquet, Labouteley et Lam ont, chacun à leur manière, porté leur pierre à l’édifice de la saison de l’USAP. Malgré un effectif amputé de tauliers annoncés (Mach, Ratini, Tau, Millo-Chluski, Potgieter), des hommes de l’ombre ont émergé. Ou quand les doublures font de l’ombre aux premiers rôles.
Soulevant ses mains du cambouis, il s’est relevé en sauveur, plein de rage et de plaisir. En arrachant le dernier ballon du match, Christophe André venait de sceller la victoire des sang et or à Grenoble (17-24). Depuis le début de la saison, le flanker de 31 ans (1,90 m, 90 kg) doit pourtant se contenter de bouts de matches, comme face à Béziers où il n’est rentré qu’une minute. Le plus souvent, il n’est même pas utilisé à son poste. Sa situation semblerait injuste si ses concurrents ne donnaient pas entière satisfaction. Pompier de service en deuxième ligne, Christophe André se plie sans broncher à son sort. Venant d’un joueur sur le départ, son implication est d’autant plus révélatrice de la dynamique qui soutient le groupe.
L’histoire se répète. On le pense loin, si loin dans la hiérarchie. Puis Jean-Bernard Pujol (25 ans, 1,93 m, 94 kg) trouve une ouverture, au propre comme au figuré. Et il finit par conclure. Symboliquement, sa course folle vers son sixième essai de la saison, jeudi à Grenoble, n’a fait que confirmer les qualités qu’il démontre depuis quatre saisons à Perpignan. Cette année, l’ailier possède le meilleur ratio minutes/essais marqués de l’effectif professionnel. Neuf titularisations en 21 journées pour six essais : sans vagues, Pujol marque des points. Et une fois de plus, il faudra compter avec lui.
D’ores et déjà considéré comme l’un des hommes forts de la saison catalane, Jonathan Bousquet repartait de zéro ou presque en août dernier. Après une saison cauchemardesque, son crédit s’était volatilisé. Et pourtant, il vient de prolonger pour deux ans son bail avec l’USAP. Une évidence. Dans ses rôles de buteur et de finisseur, l’enfant de Béziers (1,75 m, 75 kg) a haussé le ton. Dès l’ouverture de la saison, il a clos le débat Ratini. À bientôt 30 ans, Bousquet s’impose comme un des cadres de l’effectif. Valeur sûre.
Le 1er juillet dernier, date de la reprise pour les recrues, Tristan Labouteley figurait tout juste dans l’effectif professionnel. Botha, Millo-Chluski, Eru et Vivalda ne devaient lui laisser que des miettes. Presque huit mois plus tard, le transfuge girondin s’est taillé la plus grosse part du gâteau : il est le deuxième ligne le plus utilisé de l’effectif catalan (965 minutes). Outre ses prédispositions en touche (2,02 m, 108 kg), il offre également une étonnante couverture de terrain et de solides garanties au placage. À 22 ans, l’avenir lui appartient.
Un troisième ligne de 27 ans reconverti talonneur, inconnu au bataillon, sans club depuis son départ de Nevers (alors en Fédérale 1) : Seilala Lam n’a pas soulevé les foules lorsqu’il a apposé, mi-août, sa signature sur un contrat d’une saison. Remplacer Brice Mach, ne serait-ce que numériquement, avait tout du cadeau empoisonné. Face à Aurillac il y a deux semaines, le Samoan (1,83 m, 102 kg) a fait feu de tout bois en défense et depuis plusieurs semaines, il se montre régulier en touche. Pas mal pour un joueur regardé de haut.