Après le passage du département sous le régime du couvre-feu, le président de l’USAP partage son inquiétude.
L’étau se resserre autour du sport professionnel. Même François Rivière, l’éternel optimiste président de l’USAP, ne masquait pas sa grande inquiétude ce jeudi, songeant à la « catastrophe économique » qui pourrait s’abattre sur le club catalan. Le passage du département des Pyrénées-Orientales sous le régime du couvre-feu précipite son club dans une zone de turbulence économique. Horaires, réduction de la jauge de 5 000 à 1 000 personnes, hypothétiques aides de l’État : le flou régnait encore, quelques minutes après l’annonce du Premier ministre Jean Castex, lorsqu’il décrochait son téléphone ce jeudi.
« On a de quoi tenir jusqu’à la fin de l’année. Mais pour terminer la saison ? Se pose le sujet pur et simple de la survie de nos clubs. » Dans la foulée ou presque, la préfecture communiquait une batterie de mesures, parmi lesquelles la limitation à 1 000 personnes dans un stade*. Coup de froid.
Cri d’alarme
« Je comprends la responsabilité politique du gouvernement, mais ce qui m’importe c’est de sauver mon club, plaide Rivière. Ce sauvetage, à l’heure qu’il est, n’est pas acquis - il est même fortement menacé. Dans le mois qui vient, courant novembre, il faut que nous ayons des engagements écrits sur une prise en charge par le gouvernement si on veut sauver nos clubs. Basta ! Si nous n’avons aucune compensation et que dans la catastrophe absolue nous tombons dans le huis clos, nous n’avons pas les moyens financiers pour tenir plusieurs mois. C’est tout. Le reste, c’est de la littérature. »
Ce mercredi encore, François Rivière participait avec tous les autres présidents des clubs professionnels à une réunion auprès de la Ligue, chargée de relayer leurs SOS au ministère depuis de longues semaines, sans réponse à ce jour. Ils espèrent une compensation par spectateur perdu et par match, ou un allégement de charges et cotisations sociales et patronales.
« Déjà à l’os »
Question : l’USAP peut-elle encore réduire ses dépenses ? « On est déjà à l’os, réplique le président de l’USAP. Nous avons mis en place un plan de réduction drastique des effectifs du siège. Ensuite, nous avons demandé aux joueurs de réduire leurs salaires de 15 à 20 %. On ne peut pas aller plus loin. Quant au chômage partiel, on n’en bénéficie qu’à la marge sinon on ne peut tout simplement pas jouer nos matches. »
Le budget du club s’élève cette saison à 11,5 millions d’euros et l’USAP emploie grosso modo 80 personnes. « Il n’y a pas d’urgence budgétaire à un mois, par contre l’urgence y est pour dans trois mois, fixe le boss de l’USAP. […] Il faut une prise en charge très vite de la part du gouvernement si l’on ne veut pas que la quasi totalité des clubs de rugby déposent le bilan dans les semaines qui viennent. Nous avons un budget que nous avons déposé à la DNACG** que nous sommes en grande difficulté à assumer », complète François Rivière, ajoutant qu’il réfléchissait d’ores et déjà aux solutions à proposer aux abonnés ou partenaires privés de matches. Hier, l’horizon de l’USAP s’est brusquement assombri.
*Extrait : « Les établissements sportifs de plein air, dont les stades, doivent respecter le port du masque obligatoire, la distance d’un siège ou la distanciation physique d’un mètre entre personnes ou groupe de 6 personnes ainsi qu’une jauge maximale d’accueil du public fixée à 1 000 personnes. »
**DNACG : organisme chargé du contrôle des clubs de rugby