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Jonathan Bousquet, mercredi matin.NICOLAS PARENT
Publié le 23/05/2019 à 07:31 / Modifié le 23/05/2019 à 07:31
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USAP - Bousquet, droit au but
Les mots sont crus mais sonnent vrai : l’ailier Jonathan Bousquet livre le fond de sa pensée.
Quelque part en Salanque, le cadet des Bousquet s’éclate dans un trampoline. Accoudé quelques mètres plus loin autour d’un café, son père, Jonathan, débriefe une saison en enfer avec l’USAP. Son cas personnel, celui de l’équipe, passé, présent et futur : le trois-quarts livre un message limpide et assume ses opinions.
Premier match
"Tout le monde est responsable de l’échec du premier match (face au Stade Français). Nous, sur le terrain, cette pression de retrouver le Top 14 après quatre ans était un peu trop forte pour nos épaules. Je ne remets pas du tout en cause le staff, mais tu joues quand même le Stade Français qui a fait un recrutement d’élite, qui va jouer les premiers rôles et qui le clame haut et fort, et tu dis que la victoire est impérative. Je ne dis pas que ça aurait changé les choses, mais peut-être qu’avec un discours différent, peut-être qu’on aurait eu moins de pression : 'C’est notre premier match en Top 14, même si c’est à domicile, même si c’est le Stade Français, si tu le perds il en reste 25'. Non, là, c’était victoire impérative. Ça nous a mis une pression supplémentaire face à une équipe préparée comme des balles. Vitesse, physique, fluidité : ce jour-là, on était à des années-lumière (défaite 15-46)."
Temps de jeu
"Je ne dis rien, je travaille beaucoup, j’essaye d’être le plus appliqué et impliqué possible. Si les coaches te mettent pas, c’est pas une fatalité. Ce que je n’ai pas compris, c’est qu’au bout de deux, trois mois, j’avais disparu et que l’équipe ne tournait pas. Dans ce cas-là, tu remets en question les compos d’équipe. C’est une aventure humaine, il faut que le débat existe. Il faut discuter tout simplement avec tes coaches. C’est ce qui s’est passé avant le match du Racing Métro en décembre où on a discuté avec Patrick (Arlettaz) de moi, de l’équipe, de lui aussi. Pour un coach, je pense que c’est bien d’avoir des retours de joueurs aussi. Depuis, ça se passe super bien."
Discussion
"Au moins tu sais les choses. Tu ne peux pas avancer si ton staff ne te dit pas où il veut t’amener. Je ne dis pas que c’est une obligation de le faire, mais c’est pas dans le caractère de Patrick. Je pense qu’il va changer les choses l’an prochain. Ils ont beaucoup travaillé sur ça, ils se sont beaucoup posés de questions, il y a Gérald (Bastide) qui arrive. Tu dois faire des entretiens avec tes joueurs, tu dois parler avec eux. Le mec qui joue souvent, le mec qui joue remplaçant, le mec qui joue pas souvent : tu es obligé de parler, de faire des retours vidéos de semaine, de mois pour tirer le maximum du joueur. J’ai eu deux coaches sur ça, c’était les meilleurs : Olivier Saisset et Christophe Urios. Même à 35 ans, tu apprends des choses au rugby. Même Patrick Arlettaz qui entraîne, il apprendra des choses encore. C’est avec ce débat-là qu’on reviendra plus fort. J’espère que l’an prochain nous aussi on va changer plein de choses : on est les premiers fautifs sur l’implication et la rigueur à l’entraînement. Quand tu tombes un ballon et que tu rigoles, c’est pas possible. Pour moi, on s’entraînait beaucoup mieux l’an dernier que cette année. Tu te dis 't’étais pas loin', mais peut-être que si tu avais changé des choses d’entrée, elle se serait pas passée comme ça, cette saison."
Carences
"En Pro D2, on dominait tellement physiquement que toutes nos carences ne se sont pas vues. Je me rappelle ce match contre Massy à la maison où pendant les vingt premières minutes on touche pas le ballon, on prend deux essais. Toutes ces carences d’agressivité que tu as au sol et en défense, tu les avais déjà. Le match de la cinquième journée à Béziers montre notre manque de réalisme : on a le ballon pendant 80 % et on marque pas d’essais, on perd 21 à 8. Tous nos manques de cette saison, on les avait déjà l’an dernier. Sauf que physiquement tu étais au dessus, tu prenais le pas à la 60e. Sur deux ans, on a vu où on en était et ce qu’il faut maintenant pour exister en Top 14. Cette descente ne sera pas une fin en soi. Elle va juste éclairer un peu le staff et les joueurs sur ce qu’il faut faire pour pérenniser le club en Top 14. C’est un cauchemar ce que tu vis, mais en même temps c’est une expérience de fou et une leçon. J’espère que l’ensemble des mecs va l’apprendre."
Agressivité
"Pourquoi on manque d’agressivité ? Est-ce que c’est le plan de jeu où Patrick veut tenir le ballon et jouer ? Mais nous aussi ça nous plaît, on veut beaucoup le ballon. On est peut-être un peu trop porté sur le jeu pour le Top 14. Après, c’est le caractère de tout le monde aussi. Je sais de quoi je parle, je ne suis pas le joueur le plus costaud, mais quand je rentre sur un terrain, sur tous les contacts je me bats comme un chien. Dans l’équipe on en a des monstres physiquement. On pourrait faire très mal. Si tout le monde était comme Seilala Lam, il y aurait des matches où on ne serait pas passé à côté. Il faut s’inspirer de cette culture que ces mecs ont pour être meilleurs l’an prochain, plus agressif. Ça va être la guerre des rucks, on va retomber dans un jeu moins fluide avec un arbitrage incohérent où ça va plonger de partout. Si tu retrouves pas ça et si t’es pas méchant, c’est simple, le Top 14 tu le verras pas en 2021. Il va falloir se poser les bonnes questions."
Intersaison
"On a besoin de beaucoup de cohésion. Le talent, tu l’as. Sur le papier, tu vas être équipé comme jamais. Maintenant c’est : est-ce que tu veux faire quelque chose ensemble ou pas ? La cohésion, ça se travaille. Je ne dis pas qu’on avait un mauvais groupe cette année, sinon on se serait battus comme des clébards. Peut-être qu’il aurait fallu piquer un peu certains. Mais c’est du passé, c’est comme ça. Si t’es pas prêt à combattre ensemble, tu y arriveras pas, même en Pro D2."
Recueilli par Pierre Cribeillet
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