On voit aussi, et peut-être surtout, que c'est moins le niveau intrinsèque des joueurs qui composaient l'équipe Espoirs il y a deux ans que l'émulation et la dynamique d'un groupe forgé par un travail de longue haleine sur trois saisons, renforcé par quelques petites touches et recrues extérieures lors de la saison du titre (Lagarde, Dufau, Chapon, Jones), qui a permis de décrocher le bouclier en mai 2017.
Quand on établit la comparaison avec l'équipe de Castres que l'USAP avait affrontée en finale, le parallèle est édifiant : deux de leurs joueurs ont littéralement explosé et sont des titulaires à part entière en Top 14, à savoir les 3e-lignes Tanga à Agen et Delaporte sous l'aile d'Urios. Les deux sont d'ailleurs monstrueux cette saison, voire stratosphérique pour Tanga, et m'est avis qu'ils ne vont pas trop tarder à toquer à la porte de la sélection nationale. L'arrière Jaminet quant à lui est indéboulonnable du côté de Colomiers, en D2, où il est récemment allé se relancer pour avoir du temps du jeu.
Chez nous, la musique est tout autre : beaucoup ont eu leurs chances en pro mais aucun n'a jamais véritablement percé, même en deuxième division où le terrain est en théorie plus fertile. Deghmache est toujours très bon lors de ses apparitions, mais jamais au point de bousculer complètement la hiérarchie dans l'imaginaire du staff et de briguer une place de titulaire indiscutable. Idem pour Lucas, Walcker (certes souvent handicapé par des blessures graves), Seguy désormais parti sous d'autre cieux, et Reynaud à un degré moindre. Tous ces joueurs, en y incluant les Roussel, Iachizzi, Tougne, ne sont à l'instant T que des joueurs de complément, malheureusement.
Sur le plan collectif, ils ont certainement vécu ensemble une aventure hors du commun et c'est ce qui les a mené vers le Graal, mais individuellement parlant, force est de constater que la cuvée 2017 n'a pas eu le rendement escompté.
A bien s'y pencher, cela met en lumière un problème de fond plus inquiétant : depuis plusieurs saisons et les éclosions des Forletta, Ecochard, Ducuing à peine plus tard, le centre de formation ne pourvoie que très peu de talents qui creusent leur sillon en équipe première. On est à mille lieux des pépinières de la plupart des clubs de Top 14, et même de certains de Pro D2. Béziers par exemple, a une équipe Espoirs qui joue au deuxième échelon de la catégorie et pourtant, ils parviennent à faire sortir du lot depuis quelques saisons maintenant plusieurs jeunes qui enchaînent avec la "une" : les piliers Samaran et El Fakir (sur le départ pour l'UBB), le talonneur Marcopena, l'ouvreur Dreuille, et dernièrement les centres Espeut et Recor (en équipe de France U20) que je connais bien pour être plus ou moins de leur génération et pour avoir joué avec eux.
De notre côté, ces dernières années, très rares sont ceux qui ont une place au sein des moins de 20 ans de l'EDF, et dès lors que c'est le cas comme Lotrian, on n'hésite pas sur le forum à le propulser comme futur crack alors même qu'il n'a qu'une poignée de matchs Espoirs à son actif. La réalité tranche nettement avec le double discours de Rivière, qui se targue lors de chaque longue interview d'avoir le meilleur centre de formation de France (sans jamais préciser que cette distinction valait et vaut uniquement pour les clubs de Pro D2, ceux de Top 14 ayant un classement à part
ou l'art, ou bien naïveté ?, de manipuler les chiffres et données).