" Les rugbymen français -je ne me souviens pas d'avoir joué dans une équipe
anglo-saxonne qui ait fait autre chose que s'encourager mutuellement -
ont la fâcheuse habitude de se prendre pour des profs de CM1. Il n'est
rien de plus irritant, sur un terrain de rugby, que d'entendre vos
coéquipiers vous dire que vous avez foiré, surtout si vous en avez bien
conscience. Lorsque je jouais pour Perpignan, j'ai raté un plaquage qui a
amené un essai. Mon capitaine m'a dit : « Tu devais le plaquer. Pourquoi
ne l'as-tu pas fait ? Ils ont marqué à cause de ça !» Selon les
individus, il y a différentes façons de composer avec ce comportement :
exploser, rejeter la faute sur un autre, bouder ou faire un petit
cocktail des trois. On sait qu'on devrait la fermer et accepter la
critique, car c'est en effet de notre faute. Mais au fond, une rage
noire nous envahit et on se dit : «******, je sais qu'ils ont marqué
l'essai parce que j'ai manqué un plaquage, tu crois que je l'ai fait
exprès ? Tu me prends pour un con ou quoi ? Qu'est-ce qui te donne le
droit de me dire que je suis une ***** ? Quoi, tu n'as jamais raté un
plaquage de ta vie ?» Pas très «Un pour tous, tous pour un»..."