JOFFREY MICHEL - Arrière de Montpellier ÉCARTÉ DE MONTPELLIER DE MANIÈRE BRUTALE LUNDI MIDI DURANT LE BARBECUE DE FIN DE SAISON, COMME O’CONNOR, SPIES ET QERA (TCHALE-WATCHOU ET BATTUT ÉTAIENT DÉJÀ INFORMÉS), IL REVIENT SUR CETTE JOURNÉE EN ENFER ET SES CONSÉQUENCES NÉGATIVES.
Propos recueillis par Julien LOUIS
Vous n’allez plus autant apprécier qu’avant les barbecues cet été…
C’est certain
(sourire) ! Plus sérieusement, j’ai vraiment vécu une journée hallucinante. Nous étions convoqués en fin de matinée lundi pour faire le bilan de la saison passée après notre défaite en barrage face au Racing 92, avec Jake White et le staff partant. Du classique : merci pour cette saison et au revoir. La réunion s’est déroulée normalement. En résumé, on a félicité certains joueurs, parlé des choses qui ce sont bien ou mal passées avant de se projeter sur l’avenir. Ça a été bref, dix minutes en gros. Et de là, on s’est tous dirigés vers la pause grillades. Tout se passait comme je l’avais déjà vécu à l’Usap en fin de saison.
Quand avez-vous senti le vent tourner ?
En fait, j’étais tranquillement en train de manger mon sandwich, quand le directeur général du club, Mathieu Charpentier, s’est approché de moi pour me dire : suis moi il faut que je te parle. Et cette scène s’est immédiatement répétée pour Marvin O’Connor et Pierre Spies. Mais honnêtement, je ne savais pas du tout à quoi m’en tenir. On se retrouve ensuite dans un bureau et là ils nous disent : voilà c’est sorti dans la presse, je ne sais pas si vous avez vu, mais toi, toi, toi… ; vous n’êtes pas conservés pour la saison prochaine.
Comment avez-vous réagi ?
Je suis resté sans voix car je ne comprenais pas ce qui se passait. On a tous dit : merci de l’annonce ! Et moi je leur ai demandé : Avec un tel délai, comment on fait pour se retourner maintenant, quand tous les effectifs des clubs sont quasiment bouclés ? Ils nous ont répondu que ce n’était pas de leur ressort, que la décision venait de plus haut et qu’on aurait un rendez-vous avec le président
(Mohed Altrad) dans l’après-midi.
Et qu’est-il ressorti de ce rendez-vous individuel ?
C’était très froid et très informel. Le président m’a juste confirmé qu’il ne me conservait pas et que c’était un choix des nouveaux entraîneurs. Je n’ai pas demandé plus d’explications.
Êtes-vous écœuré par ces méthodes ?
Franchement, j’accepte que le président ait signé un nouveau staff et que ce dernier veuille ses joueurs. Aucun problème pour moi, c’est la règle du jeu. Ce qui me gêne, c’est la manière et le timing de l’annonce. Si on me l’avait dit un mois plus tôt, j’aurais pu me retourner. Mais là… J’ai une famille, ma femme travaille et maintenant je dois trouver un club en dix jours ! C’est très difficile. J’ai pris une claque tout de même. C’est le rugby professionnel, sans états d’âme.
Quelle a été la réaction du groupe ?
Il était sous le choc. J’ai reçu énormément de messages et d’appels de soutien. Tous les joueurs nous ont contactés. Et moi, j’ai même reçu un coup de fil d’un cadre du groupe qui m’a dit :
« Je suis vraiment désolé, ce n’est pas le club que j’ai connu et dont je suis tombé amoureux. Je m’excuse. »
Comment va se dérouler la suite des événements ? Allez-vous porter l’affaire devant les prud’hommes ?
C’est la première fois que je me retrouve dans cette situation donc je ne sais pas comment réagir. Je laisse mon agent aller au front, c’est son boulot ! Après, si Montpellier me convoque, j’irai au rendez-vous. La seule que chose que je sais c’est que j’étais sous contrat jusqu’en juin 2018… Et que maintenant je recherche activement un club ! Je revois régulièrement les autres joueurs écartés pour prendre des nouvelles et échanger sur les démarches à effectuer. Au sujet de mon avenir, mon agent m’a déjà indiqué avoir des pistes et on s’appelle plusieurs fois par jour pour faire le point. J’espère maintenant que le dénouement va vite arriver.
Vous avez été l’auteur d’une saison convaincante (20 matchs joués et 2 essais) et en disputant un barrage de Top 14… Les pistes ne doivent pas manquer, non ?
J’ai quelques pistes, mais tant que je n’aurais pas le papier sous les yeux… Je le répète, je recherche activement un nouveau challenge pour la saison prochaine. Je n’ai que 30 ans et je sors d’une bonne saison avec le MHR, donc j’espère encore jouer au rugby plusieurs années. Je privilégie bien entendu un club de Top 14, mais je ne ferme pas non plus la porte à une formation de Pro D2 ambitieuse. Tout ce que je souhaite, c’est jouer ! Et à la vue des informations données par mon agent, c’est plutôt bien parti…