Pour la bonne cause je remets une pièce.... Ce soir de boxing
Day quand je vois Bayle et Marc Lievremont, je comprends mieux pourquoi Thomas Lievremont commente la pro D2...
Pour pouvoir alimenter votre discussion, voici l'article de Sud Ouest de ce jour (mise en page pas terrible!!!!)
THOMAS LIÈVREMONT Quatorze ans après la finale, le capitaine del’époque éprouve encore une profonde rancœur d’avoir été écarté du XV« Je ne pardonneraijamais à Jacques Delmas »L’ex-troisième ligne de 46 ansparle du « moment le plus durde (sa) carrière ».« Ils ont casséquelque chosece jour-là, et pasque chez moi »
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« Sud Ouest» Si je vous parle du ti
tre du BO en 2006, est-ce un bon sou
venir qui remonte ?
Thomas Lièvremont C’est un sou
venir partagé. Pour moi, le rugby à
Biarritz s’arrête à ce moment-là.
C’est la fin de mes idéaux, de mes
croyances, de ma naïveté, de beau
coup de choses… Et en même
temps, un titre de champion de
France reste un bon souvenir.
Quatorze ans après, vous êtes tou
jours amer ?
C’est loin mais il y a toujours un
goût d’amertume en travers de la
gorge, surtout que je ne comprends
toujours pas les raisons. J’y pense ré-
gulièrement. C’est certainement le
moment le plus dur de ma carrière.
À ce point ?
Ce n’est pas le fait d’être remplaçant
ou titulaire pour une finale. C’est
tout un système qui s’écroule. Je
suis venu à Biarritz pour le côté hu
main. J’ai rejoint des joueurs fantas
tiques, de l’ancienne génération
championne de France en 2002 :
Gonzalez, Versailles, Ménieu… Il y
avait un modèle qui reposait sur le
respect du groupe. En tant que ca
pitaine, je me suis évertué à prolon
ger ce que ces mecs avaient mis en
place. Sans m’emballer, j’étais peut
être le garant de cet esprit biarrot.
Ce jour-là, ils ont décidé de passer
dans un autre monde.
À qui faites-vous allusion ?
Un entraîneur fait un choix, ou un
président. Lorsqu’il y a la victoire au
bout, on va toujours dire que c’est
le bon. Je ne dis pas qu’on m’a volé
une finale. J’ai essayé de me mettre
en retrait mais pour moi, ça va plus
loin qu’un choix stratégique, qu’une
simple décision titulaire/rempla
çant pour une finale. Attention, je
n’en veux à aucun joueur.
En voulez-vous encore un peu à Jac
ques Delmas ?
Un peu ? (Il sourit) Je n’en veux pas
qu’à Jacques Delmas, j’en veux en
core à beaucoup de monde, à Serge
Blanco, à Patrice Lagisquet. Autant,
j’ai pu dire à Patrice Lagisquet ce que
je pensais, et je sais que c’est quel
qu’un de droit qui a participé à ce
choix pour le bien de l’équipe, au
tant d’autres, ce n’était pas pour des
raisons sportives. C’est pour ça que
j’avais dit à Jacques Delmas que je
ne lui pardonnerais jamais ce qu’il a
fait, et qu’il le paierait un jour.
Si ce n’était pas un choix sportif, qu’y
avait-il derrière selon vous ?
Mettre Thierry Dusautoir à la place de
Thomas Lièvremont, il y aurait pu
avoir une logique sportive. On peut,
ou pas, le comprendre. Mais pour
moi, ce n’était pas ça, ou juste dans
l’œil de Patrice Lagisquet à qui on l’a
fait croire. Et qui l’a reconnu des
mois plus tard et s’en est excusé.
Quelle était donc la logique ?
Je ne sais pas. (Il marque une pause)
Enfin, j’ai ma petite idée là-dessus. Il
y a différents moyens d’exister
quand tu es entraîneur et que tu
n’as pas la main sur un groupe au
tant que tu aimerais l’avoir…
Vous pensez qu’on a voulu minimiser
votre influence dans le groupe ?
Ce serait prétentieux de dire cela
mais à partir de cet instant, certai
nes choses ont changé à Biarritz. J’en
veux encore à ces personnes parce
qu’il y avait un modèle vertueux. On
aurait pu le conserver. C’était la pé-
riode charnière entre ceux qui
avaient connu le rugby amateur et
ceux qui n’avaient connu que le rug
by professionnel. À Biarritz, il y avait
vraiment de la valeur. Ils ont voulu
couper cela. Ils ont cassé un modèle
vertueux. Ils ont cassé quelque
chose ce jour-là, et pas que chez
moi. D’un fonctionnement collec
tif, ils ont ouvert la porte aux indivi
dualités. Pas parce que Thierry Dusautoir a joué, soyons clairs. C’étaitquelqu’un tourné vers le groupe, altruiste même s’il était introverti.Mais par rapport au choix symbolique qu’ils ont fait. Il y a eu des explications de texte, d’ailleurs. Ils l’ontassumé.Si vous deviez quantifier le ratio bonheur/tristesse de cette finale ?L’ego en prend un coup. Tu passesde capitaine à remplaçant pour unefinale de championnat de France…J’ai eu du mal à encaisser le chocquand on me l’a expliqué maiscomme j’ai toujours pensé àl’équipe, j’ai mis mon cas de côté etj’ai aidé l’équipe à préparer et gagner ce match, à un degré moindreque si j’avais été capitaine, bien évidemment, puisque j’ai laissé leshommes qui commençaient le pré-parer comme il fallait. Le plus important était la réussite d’un groupe,pas d’un joueur. Ça reste un événement fabuleux. On faisait un doublé en championnat, juste aprèsavoir raté la finale de Couped’Europe.C’était important pour Biarritz, pour legroupe. C’étaitimportantpour moi de tout faire pour quemes copains gagnent. Donc le pourcentage reste très élevé. Ce n’est pasqu’un mauvais souvenir mais çamarque la fin de mon aventure àBiarritz.Elle s’arrête pourtant un an plustard ?J’ai honoré ma dernière année decontrat et pris beaucoup de plaisir àjouer mais j’ai refusé le capitanat. J’aitoujours joué le jeu avec le groupe etles joueurs, qui n’y étaient pour rien.J’ai toujours essayé d’apporter monrôle d’ancien et d’assumer unetransmission. Mais par rapport auxpersonnes qui m’entraînaient, il n’ya plus eu de confiance, et c’estquand même la base. C’est pour cela que je dis que mon aventure s’estfinie. C’est dommage parce que jeme voyais bien continuer à jouer età m’investir dans le club.Ce choix ternit-il vos sept années àBiarritz (2000-2007) ?Je ne suis surtout pas aigri de cettepériode mais ce jour-là, ce passage,est douloureux, encore présent. Onparlait de ratio : la semaine de la finale, je suis à 60 % de mauvais, 40 %de bon. Sur la saison, j’ai les boules decette finale de Coupe d’Europe doncles 60/40 s’inversent. Et sur mes septannées au BO, il y a 95 ou 98 % debonheur. Mon aventure biarrote aété exceptionnelle. Humainement,ce club dégageait quelque chose. Etj’ai soulevé trois boucliers de Brennus (2002, 2005, 2006) à une époque où ce n’était pas gagné.Quels sont aujourd’hui vos rapportsavec Jacques Delmas et Serge Blanco ?Je les vois. Ils savent ma rancœur.Après, je remercie Serge Blanco dem’avoir fait venir au Biarritz Olympique. J’ai quitté mon foyer, monpays (Perpignan), me suis affirmé etconstruit en tant qu’hommes, avecma famille. Tout ça, c’est aussi grâceà Serge Blanco, à Serge Kampf, à Marcel Martin… Pas à Jacques Delmas.Recueilli par Laurent Zègre