La nouvelle est officielle depuis dimanche soir et a eu l'effet d'une bombe dans le département des P.-O.. Nicolas Mas (32 ans), le capitaine emblématique de l'USAP, fera ses valises en fin de saison en direction de Montpellier, avec qui il s'est engagé pour trois ans. De quoi enflammer la toile aussitôt, à coups de milliers de réactions sur le site de L'Indépendant et autres réseaux sociaux.
"Quelle tristesse de voir que des joueurs qui ont tout donné à un club ne puisse trouver une solution pour y finir", a par exemple tweeté l'ancien pilier du Stade Français, Sylvain Marconnet. Le 'Bus' ne s'attendait peut-être pas à cristalliser autant de passions contraires chez les supporters catalans, certains d'entre eux n'hésitant pas à le traiter de mercenaire.
Nicolas Mas a tout lu, tout entendu, et c'est pourquoi, devant l'emballement médiatique provoqué par son départ, il a annoncé hier matin la nouvelle à ses partenaires. La messe est dite. Et l'USAP en a pris acte, au terme d'un rendez-vous d'une demi-heure à la brasserie du stade Aimé-Giral entre le président Daniel Besson et l'agent du joueur, Raphaël Jéchoux. Une entrevue cordiale à l'issue de laquelle le patron des 'sang et or' a voulu positiver, souhaitant "bonne chance" à Nicolas Mas et désirant "aller de l'avant" pour son club. Sans regret.
Montpellier sort le chéquier
Car l'USAP ne pouvait pas lutter. Financièrement, la barre était trop haute. Ayant succédé le 22 novembre au président Paul Goze, Besson, ainsi que le directeur général Sylvain Deroeux, ont mis tout leur poids dans la balance la semaine dernière pour renverser la tendance. Communication aux petits oignons ("Mas est un monument"), proposition de contrat revue substantiellement à la hausse, ils croyaient bien enlever le morceau en faisant de Mas le joueur le mieux payé de l'histoire du club derrière la star des All Blacks Dan Carter.
L'international (56 sélections) s'était dit touché et sensible à cet effort. Mais Montpellier, sous l'impulsion de la frappe financière de son mécène Mohed Altrad, a renchéri d'environ 25 %, un salaire quasi impossible à refuser. Personne ne s'en émouvrait en foot. Le rugby-cassoulet, lui, garde encore ses vieux réflexes. En privé, le pilier droit des Bleus n'en fait pourtant pas seulement une question d'argent. Il faut y voir la fracture naissante entre lui et Paul Goze, intervenue le 22 septembre dernier.
Ce jour-là, dans les colonnes de L'Indépendant, l'ancien patron des 'sang et or' avait déclaré qu'à ses yeux Mas était un joueur "très important", mais pas une "priorité". Légère nuance, lourde conséquence. Le 'Bus', qui n'aime jamais trop qu'on le chouchoute, ne l'a jamais vraiment digéré. Fin octobre, sa décision était prise. Le forcing de dernière minute des dirigeants Catalans n'aura pas suffi.
Quatorze ans de fidélité
Aujourd'hui, le plus grand pilier de l'histoire de l'USAP dit assumer totalement sa décision. Se sachant attendu au tournant, notamment lors du prochain USAP-Montpellier (22 décembre), il assure qu'il fera tout son possible pour qualifier Perpignan en H-Cup en fin de saison. Son dernier cadeau après quatorze ans de fidélité sans faille, magnifiée par le Bouclier de Brennus 2009. Il sera temps, ensuite, de rejoindre le MHR et l'ambitieux trio d'entraîneurs Galthié-Ledesma-Glas. Suffisant pour remporter un nouveau titre ? C'est une autre histoire.
De son côté, l'USAP a le sentiment - légitime - d'avoir fait tout son possible, et même plus, pour conserver son porte-drapeau. Avec une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c'est qu'en perdant Mas, le club va réaliser des économies. La mauvaise, c'est qu'il n'y a pas plus fort que lui et qu'il faudra bien le remplacer. La vie sans Mas... Hier matin, Aimé-Giral bruissait d'une certaine nostalgie. Un crachin s'est mis à tomber. Même le ciel était triste. Nicolas Mas, une carrière exceptionnelle à l'USAP qui prendra fin en juin. Direction le MHR.