l'interwiew Sud OUEST de Blanco. Il confirme qu'il démissionne mais il semble qu'il sera jamais très loin.
« Sud Ouest ». Votre décision de démissionner est-elle irrévocable même si un nouveau vote mardi vous est favorable (1) ?
Serge Blanco. Oui. De toute façon, ça fait un moment que je parle de me retirer. Même si le vote avait été positif, j'aurais passé le flambeau. J'en parle avec Nicolas Brusque depuis longtemps. Pour moi, ce n'est pas un crève-cœur. J'ai passé dix ans à la tête de la Ligue et puis un jour, j'ai dit : « Je me retire ». Cela ne veut pas dire que je ne serai plus à Biarritz. Je reste actionnaire du club.
Avez-vous pris le vote de la section omnisports comme un camouflet personnel ?
Non. J'aurais pu le prendre comme un camouflet s'il y avait eu moins de 50 % des voix en faveur de la fusion. Ils étaient plus de 55 % à le désirer. Le résultat du vote a juste précipité mon départ de la présidence de 15 jours ou trois semaines. Pour se lancer dans un projet tel que celui que nous menions, il faut une vision. Il n'y a pas besoin d'être à la présidence.
Alors vous vous êtes trompé dans votre communication…
Il y a eu un manque de travail de la part du secteur omnisports du BO. Tout le monde disait : « Tout va bien, ça va passer » et les gens ne se sont pas mobilisés. Ce que je regrette, c'est ce système qui permet à quelques personnes au sein du secteur amateur de décider de l'avenir de la section professionnelle. Mais qui efface les ardoises ? Est-ce que ces gens qui ont dit non mettent la main à leur poche ?
La création d'une entité professionnelle réunissant l'Aviron Bayonnais et le Biarritz Olympique reste-t-elle à vos yeux la seule façon de maintenir du rugby de haut niveau au Pays basque ?
Oui. Comment ne pas admettre que nos deux clubs sont malades ? À force de vouloir mettre en avant nos différences en tapant sur celui d'à côté, à quoi sommes-nous arrivés ? Les pertes de l'Aviron Bayonnais depuis 2011 s'élèvent à 7,1 millions d'euros. Celles du Biarritz Olympique à 7,6 millions d'euros. Est-ce qu'on peut continuer longtemps comme ça ? Si la volonté générale est de jouer chacun de son côté en Fédérale 1, c'est très bien mais moi, je n'ai rien à faire là-dedans.
Les résistances au projet de fusion semblent beaucoup plus fortes encore du côté de l'Aviron Bayonnais. Les aviez-vous bien appréciées ?
Il faut savoir que j'ai rencontré les anciens présidents de l'Aviron, même ceux qui ne le sont restés qu'une semaine. Ils étaient tous favorables au projet même ceux qui aujourd'hui sont contre. Mais il y a chez certains des problèmes d'ego. Ils ont tué Manu Mérin alors qu'il défendait la cause bayonnaise. Lui connaît les difficultés qu'il y a à aller frapper aux portes, à passer la main dans le dos d'un interlocuteur pour qu'il t'aide à survivre. En fait, tout se passait bien jusqu'à ce que la politique entre dans le jeu.
Est-ce qu'il ne fallait pas travailler dès le départ dans la transparence en expliquant à tous le pourquoi de votre démarche ?
Ce n'était pas possible de communiquer en cours de saison sur un projet de cette dimension, avec un club en Top 14, un autre en ProD2, des joueurs susceptibles de partir ou de rester, des adversaires qui se seraient interrogés sur la motivation de l'un, de l'autre. D'ailleurs, le fait que le projet soit sorti dans la presse a commencé à parasiter les deux clubs. Et ensuite, dans l'environnement des clubs, on a eu le droit à la prise de parole des « je ne sais rien mais je dirai tout ».
Aujourd'hui, le projet de fusion est-il mort ou simplement ajourné ?
Il est à l'arrêt. Mais il ne faut pas se leurrer. Ceux qui aujourd'hui s'y opposent pour des questions d'ego seront à la base d'un rapprochement demain car ils seront confrontés à une situation similaire.
Dans quelles conditions, le Biarritz Olympique va-t-il continuer sa vie en ProD2 ?
Le BO va repartir avec son équipe et avec un budget entre 9 et 10 millions. Mais le plus embêté des deux, ce n'est pas le BO. J'ai entendu dire que dans le projet de fusion, Bayonne devait sauver Biarritz mais c'est faux, archi-faux. Nos comptes sont à zéro. Nous, nous avons un partenaire principal. Pas l'Aviron. Nous n'aurons aucun problème avec la DNACG.
Vous dites « nous ». Cela peut sembler curieux pour quelqu'un qui vient de démissionner.
J'ai juste démissionné de la présidence du club mais ils savent qu'ils peuvent compter sur moi. Je vais bien dormir. J'ai amené aux supporters du BO des joies qu'ils ne pouvaient pas s'offrir. Je voulais garder une équipe basque au plus haut niveau du rugby pro. Mais il est difficile d'avoir raison trop tôt.
(1) Lors du vote de la section omnisports mardi soir, 136 des 246 votants se sont prononcés en faveur du projet mais il fallait une majorité des deux tiers