Non, ceci n'est pas un n-ieme sujet pessimiste sur Delpoux ou les prochains matches.
Oui, je pense qu'on peut se maintenir cette annee, on a un calendrier relativement favorable.
Mais voila mon idee au-dela de ces preoccupations de court terme. Elle est assez simple.
Le rugby est pro depuis presque 20 ans. C'est encore assez peu, et il finit a peine-et encore-de se structurer. On ne fait qu'apercevoir ce qu'il peut donner en tant que sport pro. De nombreux choix sont a faire.
L'USAP a tres bien negocie le passage: apres tout depuis la transition il y a 20 ans, on a fait 4 finales dont une gagnee. Dans les 40 annees precedentes, 2 finales seulement. L'USAP a ete tres correctement pilotee et tout le monde est a feliciter.
Mais l'avenir n'est pas difficile a deviner, une fois que ce sport entrera en regime de croisiere, ce qui n'est pas encore tout a fait le cas. Comme toujours, le passe donne des clefs.
L'idee que je vais illustrer est que dans un rugby pro avec une poule de 14 et deux releguables, on a une tres forte probablilite de descendre quand on est entre dans une "zone rouge" que je vais definir. Regardons ce qui s'est passe depuis que la formule s'est a peu pres stabilisee (2004/2005). Je fais vivre un "pool" de clubs en danger de la maniere suivante: on y rentre en etant classe 7e ou pire. On en sort soit par le haut (en etant classe dans les 6 premiers) soit par le bas (descente). Le rationnel de l'approche est que si on ne sort pas tres vite du pool, les aleas sportifs poussent fatalement a la relegation dans les quelques annees qui suivent, un peu comme au casino ou si vous commencez a perdre et si vous restez, vous etes nettoyes. Vous allez voir.
Depuis 2005 jusqu'a la fin de la saison derniere 17 clubs sont passes dans ce pool.
Situation a la fin de la saison derniere: sur les 17: 8 sont alles en D2 au moins provisoirement (j'y mets Bayonne sauve sur le tapis vert). 5 sont ressortis par le haut. Sur les 4 restants, 2 sont des promus de la periode (Grenoble et Bordeaux) et les 2 derniers sont le BO et...l'USAP, seuls "anciens" a ne pas etre ressortis de la zone rouge (qui ne comptait donc plus a ce stade que 4 clubs). On peut ajouter Bayonne a ce niveau puisqu'en fait ils ont ete sauves, ca fait un stock de 5 seulement.
Si on regarde la situation a date courante, la zone rouge s'agremente de Toulon, RCM et Brive (promu) et perd Grenoble (par le haut) et le BO (par le bas). Donc on a un pool de 6 clubs dont 2 gros (RCT champion d'Europe et RCM) et USAP, Brive Bayonne et Bordeaux.
Regardons maintenant ce qui arrive aux promus. Depuis 10 ans, un promu sur deux se maintient en moyenne, l'annee de la montee, et sur les 10 ans le tiers des promus est reste. Donc les promus sont une vraie menace. Chaque annee les deux relegables sont a prendre parmi les clubs de la zone rouge et les deux promus; si on suppose qu'une place est prise par un promu et que l'autre se maintiendra, ca fait un siege (ejectable) pour les clubs de la zone rouge. Cette annee la zone rouge de depart etait USAP, BO, Bayonne, Grenoble, Bordeaux. Apparemment c'est BO qui part.
L'anne prochaine et si rien ne change, il faudra choisir un relegable entre Bayonne, USAP, Brive, Bordeaux, RCM et Toulon (on suppose qu'un promu descend et que l'autre reste). Une chance sur 6 en principe? Pas vraiment. Il y a des differences de moyens visibles entre ces clubs et tres peu de chances qu'un club qui vient du haut du tableau soit relegue en 2 ans. Je crois que cela n'arrive jamais. C"est plutot une chance sur 4.
Ce qui est sur c'est que chaque annee ou l'on ne sort pas vers la haut nous rapproche d'un sort fatal.
Avec la deconfiture du BO, L'USAP est le SEUL club, depuis les debuts du TOP14, qui a pu eviter la descente malgre des classements moyens. AUCUN des clubs qui sont entres dans la zone rouge sans en ressortir rapidement n'a pu se maintenir, du seul fait de la presion des promus, dont en moyenne un sur deux se maintient au depens d'un des clubs les plus faibles. Combien de temps pourrons-nous etre l'EXCEPTION? Pas longtemps.
Pour terminer cette description schematique de ce phenomene d'usure (un peu semblable a celui qui nous fait dire qu'on finit toujours par perdre tout au casino si on reste suffisamment longtemps) disons qu'a une chance sur 4 de descendre chaque annee, la probabilite d'etre en D2 augmente vite si on allonge l'horizon de temps. On n'avait a ce compte-la que 42% d'etre encore en TOP14 a la fin de cette annee compte tenu de notre classement d'il y a 3 ans. On peut estimer qu'on s'en tire bien.
Mais a defaut d'un changement d'envergure dans le budget, l'exception ne durera pas, le numero "relegation" finira par sortir. Puisqu'on ne voit pas venir de dispositif financier (on est chez les pros!) pour nous repropulser hors de la zone rouge, la descente est presque certaine dans les annees qui viennent. Reste a esperer une manne financiere inattendue ou un miracle sportif.
Pas pessimiste, mais realiste. Quant l'elite est a 14 en sortir est vite arrive. Alors relax.