Après il y a un truc que il faut pas oublier dans l'affaire Jaminet, c'est l'euphorie. Le type passe de se faire virer de Toulon, puis la fédérale, à réussir absolument tout. Du titre de Pro d2, les sélections, il passe devant Ramos, envoie Dulin hors groupe... Au fond, qui n'aurais pas fait la même erreur ? Au delà de l'intelligence, c'est de l'expérience qu'il faut. La capacité à avoir la tête froide et à prendre du recul. Parce que même Lacroix avait dit publiquement que ce serait Ramos le numéro 1. Est ce que Jaminet a cru pouvoir passer devant Ramos aussi facilement ? Sans doute car il dit " je vais me remettre en question". C'est que la situation n'est pas comme il l'avait imaginé, c'est un fait.
Ensuite, quitter l'endroit où il était titulaire l'année de la Coupe Du Monde c'était une connerie, on le savait tous. D'ailleurs, il est le seul joueur des sélections actuelle à avoir changé de club l'an dernier. Vous pouvez compter Falatea aussi, mais c'est quand même trés difficilement comparable.
Enfin, je pense que ce qui tuera Jaminet ce sera son histoire. Non pas que elle ne soit pas belle. Mais dans son jeu, l'apport d'un centre de formation ne manquerait il pas un peu ? Sur des déplacements, des courses ... C'est un joueur qui a des qualités, mais franchement ça pue pas le rugby. Et n'est ce pas là, dans les centres de formations, dans les sélections jeunes, que les autres découvrent l'échec, la remise en question, la réussite, l'euphorie de la réussite à haut niveau... Et sans doute à se regarder avec objectivité et froideur. Cette histoire m'en rappelle deux autres, assez différentes. Premièrement un jeune Boris Goutard, plein de talent, de vivacité... mais franchement on sent qu'il manque un truc. L'absence de centre de formation ? Peut être, le fait est que à 22 ans, il complète sa formation. Preuve en est que l'absence de centre de formation se fait ressentir.
L'autre histoire concerne Alban Roussel. Parti à l'appel des sirènes de Christophe Urios, pour finalement faire 9 titularisation en 2 ans, et partir au LOU derrière Taofifenua, Geraci, Lambey, Kpoku... Pourtant Roussel avait tout réussi chez nous, du centre de formation, aux sélections. Première hypothèse il ne s'est pas trompé et la situation lui va (étonnant de partir un an avant la fin du contrat dans ce cas là). Seconde hyppothèse, quand Urios lui a dit que il ne jouerai pas au début le temps de compléter sa formation ( dixit Arletaz) il pensait que il passerait au dessus. Les vertus de l'échec aurait alors manqué dans son choix.
Melvyn Jaminet est à mon sens une synthèse malheureuse des deux, beaucoup de talent, une formation pas aussi profonde que les autres, et une absence d'échec ( où de remises en question des échecs) pour se regarder en face avec objectivité. Et les citations sur les flatteries rappelleraient non sans tristesse nos deux anciennes pépites. Je souhaite à Sacha Lotrian, Joaquin Oviedo et autres Posolog Tuilagi de savoir résister aux chants des sirènes jusqu'au bon moment. Car de joueurs de TOP 14, ayant quitté leur équipes de bas de tableau où de PRO D2 et en ayant brillé, il y en a. Mais de jeunes partis trop tôt et renvoyé à la déchetterie du sport professionnel il n'en manque pas non plus.