«Les difficultés financières sont derrière nous», affirme le président de l’USAP François Rivière. Et d’ajouter : «On va relancer la pompe sportivement». Le patron des sang et or l’affirme : il tient plus que jamais la barre.
Rendez-vous était pris de longue date avec François Rivière, afin d’évoquer la situation financière de l’USAP à mi-saison. Ce samedi matin, dans son élégant bureau situé au premier étage du stade Aimé-Giral, le président des sang et or a pris la parole d’entrée. Pour clarifier sans ambiguïté son engagement auprès du club mais aussi pour assurer aux supporters que le temps de l’austérité était derrière lui. «<em> L’horizon s’éclaircit </em>», dira-t-il entre des chiffres et des dettes... «<em>Depuis mon accident, le Landerneau perpignanais laisse entendre que je vais renoncer ou que je cherche un nouvel investisseur pour l’USAP. Je tiens à dire que ces rumeurs m’ont agacé. Tous les deux jours je reçois un texto en ce sens, c’est un peu machiavélique. L’USAP est un tel symbole que les gens se font du souci. Ici, le climat est toujours anxiogène. Or je le dis fermement : la vérité, c’est que l’USAP n’est pas à vendre, qu’elle ne sera pas vendue et qu’il y a un dirigeant à sa tête, c’est François Rivière. Pour être franc, même si on me proposait un chèque fantastique, je ne le prendrais pas, car je ne suis pas venu à l’USAP pour ça. Je suis d’ailleurs à jeun d’avoir reçu le moindre contact pour un rachat ou une prise de participation. Le vrai sujet est lié au développement et aux moyens financiers de l’USAP à horizon des cinq prochaines années. »Président, après trois saisons où l’USAP s’est régulièrement fait épingler par la DNACG (le gendarme financier), qu’en est-il de la santé économique du club ? Le rugby moderne est excessivement exigeant financièrement parlant. Ça demande une mise de fond considérable. L’argent que j’ai injecté a permis de sauver le club. Depuis mon arrivée (en juillet 2013), j’ai déboursé 7 millions d’euros : 4 M€ pour l’USAP et 3 M€ pour ses filiales déficitaires (la brasserie Quai66 et les boutiques). Mais je ne veux plus en parler, les dettes sont derrière nous. Le job a été fait, c’est le plus important. J’ai toujours dit que j’assumerais les difficultés du club, même si ça n’a pas été simple. Pour clôturer l’exercice en cours (9,7 M€ de budget), il nous manque 700 000 euros de recettes. C’est le lot des clubs du haut de tableau de la Pro D2 qui, en moyenne, perdent chaque année 1 M€ Il faut assumer ce déficit structurel. Ce dernier était de 2,9 M€ l’an dernier (prud’hommes compris).Le budget de l’USAP est-il surévalué ? C’est le sportif qui tient l’économique en état. L’engouement est tel autour du club que, si le sportif prend, on parviendra à l’équilibre. C’est exactement ce qu’a réussi Boudjellal à Toulon. Après, même si on fait gaffe à chaque dépense, on assume nos choix. L’accueil des partenaires au stade nous coûte 500 000 euros. On réalise avec eux 6,5 M€ de chiffre d’affaires. Il nous faut maintenant réussir sportivement, et tout se réenclenchera. Comment comptez-vous réamorcer la pompe ?Mercredi, je vais rencontrer à Toulouse la présidente de Région, Carole Delga. La Région alloue la même somme à chaque club de Pro D2 (150 000 € contre 300 000 au Conseil Départemental). Politiquement, c’est confortable, mais c’est très injuste vis-à-vis de l’USAP. La Région a divisé par trois ce qu’on avait du temps de l’ancien président Christian Bourquin (500 000 €). Après notre relégation en Pro D2, Bourquin avait promis de nous aider. Honnêtement, l’impact de l’USAP dans le département n’est pas moindre que Colomiers ou Narbonne. Ici, nous sommes une communauté : la carte sang et or fidélise 15 000 personnes, on a 5 500 abonnés, on a été retransmis treize fois en quinze journées... Notre territoire est exceptionnel mais a peu de valeur ajoutée. La notoriété fantastique de la marque USAP peut développer cette valeur ajoutée. Je vais donc plaider auprès de Mme Delga que l’USAP est un cas particulier. D’autant que vous traînez comme un boulet l’affaire du droit à l’image de James Hook, qui vous réclame 375 000 € au tribunal de commerce... Première chose, on va arrêter les conneries et ne plus signer des contrats et des lettres de contrat d’image qu’on se prend dans la gueule cinq ans après. À l’époque (du président Paul Goze), il y avait un contrat signé entre le joueur et la filiale, plus une lettre de garantie faite par la SASP stipulant qu’en cas de non-paiement de la filiale, le club prendrait la somme en charge. C’est la double peine. Plus de 25 contrats d‘image ont été signés. La DNACG et l’URSSAF nous sont tombés dessus. Au final, on a tout provisionné, sauf les dossiers Hook et Delpoux, car on pense qu’on a des arguments sérieux.Est-ce à dire que, désormais, vous allez arrêter de boucher les trous et réellement investir pour construire ? Exactement. On canalise notre énergie pour le développement et la croissance du club. Depuis trois ans, on a été totalement pris par les problèmes de gestion. Je n’ai jamais vécu dans ma vie une telle montagne de problèmes, entre les contrôles de la DNACG, de l’Urssaf, les procès... Ce n’était pas très sexy vis-à-vis du public et des joueurs. Or ces derniers ont besoin de sentir une forme de sérénité. Aujourd’hui, on peut enfin investir utile et donner la priorité au sportif. L’horizon s’éclaircit. La stratégie « boudjellienne » fonctionnera aussi chez nous. Il est toujours plus simple de financer des choses par choix plutôt que par soumission.