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Merci ! Ou est-ce qu'ils publient ses/leurs chroniques STP?20 février 2018
USAP-COLOMIERS 40-13 ET USAP VANNES 16-12
LE LEADER AUX DEUX VISAGES
A
près ce sommet de la saison que fut la victoire en terre iséroise et avant un autre pic annoncé pour samedi, l’USAP se trouvait face à une double étape dans la plaine du Roussillon, l’occasion de faire un beau rapproché vers la tête du classement face à des équipes qui n’ont pas que leurs couleurs en commun, puisqu’elles ont pris l’habitude depuis une paire d’années de nous embêter plus ou moins grandement. On pourrait les rapprocher aussi par une propension aux fins de match hitchcockiennes contre nos joueurs.
Malgré tout, comme l’ont symbolisé la différence de dénouement entre ces deux matches, les deux équipes n’émargent pas à la même place en championnat, et on pouvait à ce titre davantage se méfier des banlieusards toulousains, surtout après une grande victoire et un exploit de nos voisins Audois chez le leader qui nous ouvrait les portes du haut du classement.
Il fallait également se méfier de la succession de deux matches à domicile, jamais simple à négocier, et notamment avec une semaine de coupure au milieu, le dernier enchaînement de ce type, autour de la trêve de Noël (plus longue, certes…), agrémenté de la succession de deux derbies, avait abouti à deux performances plutôt moyennes, dont une achevée en crash, fort heureusement rattrapé depuis.
On avait donc là un moyen de voir l’évolution de notre équipe, sa maturation, nécessaire pour envisager un dénouement heureux à cette saison.
Le premier acte avait donc tout du scénario de la revanche, sur les années précédentes comme sur la cruelle défaite du match aller. Et on sentait dès le début que nos joueurs avaient clairement envie de jouer ce film, avec une entame particulièrement intense, nos joueurs se lançant dans de longs plans-séquences, quitte à prendre des risques, avec pour but affirmé de tuer tout suspense d’entrée, avec un superbe premier essai inscrit par un Jens Torfs tout en puissance magnifiquement servi par un Eru toujours impressionnant.
Et si Colomiers parvenait à répliquer et imposait un combat digne des meilleures production de ProD2, nos joueurs prenaient le dessus, notamment au sol, avec notamment un Vivalda dans son meilleur rôle et un Enzo Forletta dont le numéro 1 ne souligne pas que le poste… Comme nombre d’équipes à Aimé-Giral, Colomiers explosait en 5 minutes, sur deux réalisations d’un Cocagi tout en puissance et d’un Selponi profitant d’une montée kamikaze de la défense adverse. 30-13 à la mi-temps, le boulot semblait fait, même si on n’oubliait pas le scénario invraisemblable et cruel de la saison dernière.
C’est peu dire qu’on s’attendait à un premier acte du même acabit contre des Bretons venus vendre chèrement leur peau, mais qui n’ont pas leur place au générique pour la montée en Top 14. Même si l’équipe était remaniée en prévision du match de Montauban, on imaginait mal Vannes venir nous faire une mauvaise blague.
Et pourtant, malgré une première alerte d’entrée de match à laquelle l’essai d’un Faleafa de plus en plus intéressant répliquait rapidement, on retrouvait dans ce premier acte un des défauts les plus récurrents de notre équipe, la difficulté à faire face à des équipes moins huppées venant jouer un rugby de combat et d’agressivité.
Et là, le scénario du mauvais film prenait forme : des avants bousculés, parfois agressés (le directeur de jeu aurait pu à ce sujet faire des rappels aux règles plus vigoureux), des ballons qui sortent mal pour une charnière peu expérimentée et mise en difficulté, et un grand nombre de fautes de main. Le match piège par excellence, avec une USAP privée de ces ballons dont elle a tant besoin et manquant de leaders pour remettre les choses à l’endroit. Le petit point d’avance à la pause ne rassurait pas, et faisait craindre un scénario biterrois…
Le second acte, dans les deux matches, fut d’ailleurs avant tout une occasion de célébrer les vertus défensives de notre équipe, ce qu’on n’avait pas eu trop l’occasion de voir à Aimé-Giral.
En effet, malgré l’écart, et peut-être avec l’année dernière dans la tête, les Columérins jouaient crânement leur chance en 2e mi-temps, nous privant de ballon pendant près d’une demi-heure, et se lançant dans de grandes offensives. Fort heureusement, et malgré quelques fautes à gommer, la défense de l’USAP restait impénétrable, le but étant d’éviter d’encaisser un essai pour parvenir, par un twist final, à arracher le bonus offensif.
Il fallut attendre la toute fin, comme dans les meilleures productions, pour que cela arrive, avec en deus ex machina le pauvre Sébastien Inigo, dont le pétage de plomb sur Jo Bousquet nous donnait le ballon, admirablement négocié, de cet ultime essai synonyme de victoire totale.
On n’eut donc pas beaucoup plus de points à se mettre sous la dent contre Vannes, mais évidemment, avec un petit point d’avance à la mi-temps au lieu de 17, cela ne donne pas le même film…
On pensait pouvoir compter sur un avatar de scénario classique, le coup de la panne physique de l’adversaire, que nenni. Si l’entrée d’Alex Brown en guest star donnait à notre mêlée un très net ascendant, cela ne suffisait pas. No scrum no win peut-être, mais il faut faire quelque chose de ces ballons. Et là, on revoyait les travers de notre équipe quand elle semble tomber dans la facilité et oublie le travail de répétition des tâches obscures indispensable pour briller sous les sunlights des succès bonifiés.
Et quand les Bretons se permettaient de passer devant, certes pour peu de temps, et surtout faisaient le siège de notre ligne en fin de match à 16-12, on pouvait craindre le film catastrophe de début janvier. Mais cette fois, notre équipe ne se sabordait pas, et un dernier contest de Tom Ecochard sauvait l’essentiel, et nous donnait, avec la difficile victoire de Grenoble le dimanche, un fauteuil de leader qui a un autre poids au bout de 23 journées qu’au bout de 3 ou 4…
Finalement, notre USAP évolue-t-elle ? Oui, si on se dit qu’elle sait éviter les pièges tendus par le calendrier, non, si on se dit qu’elle a toujours du mal à s’investir face à des équipes jugées moins fortes et qui lui font la guerre au sol. On se permettra d’être optimiste : contre Colomiers, une équipe qui joue les premiers rôles fait un gros match, ne lâche pas, et repart avec 40 points dans les valises.
Contre Vannes certes, ce fut très laborieux, on peut être dubitatif sur l’implication de certains, la tête entre les vacances et Montauban, mais l’essentiel est de gagner, et de garder le rythme. Cette fois, notre équipe ne s’est pas désunie, a pris très peu de points. Cette défense est un vrai point positif, elle sera indispensable pour gagner l’oscar en fin de saison…
Maintenant, arrive le scénario idéal : l’USAP se rend à Montauban juste après lui avoir chipé la place de leader. Le match de Vannes nous fait dire que le club a ce déplacement en tête depuis un moment. Une victoire, et c’est la demi-finale à domicile quasi-assurée. Une défaite, suivie d’un match difficile à Nevers la semaine suivante, et c’est le retour d’un thriller étouffant pour une des deux premières places. Les acteurs seront prêts, nous aussi. Maintenant, action !