Degemer mat e Breizh, bro nevez ar rugbi !!!
Le Rugby club de Vannes, l'équipe dont l'histoire ne s'arrête jamais .(Bienvenue en Bretagne, nouvelle terre de rugby)
L’équipe de rugby de Vannes est l’une des attractions du Top 14 saison 2024 – 2025. Lorsque le Stade Toulousain a foulé pour la première fois la pelouse du stade de la Rabine le 8/09/2024, le cœur des vannetais s’est rempli de fierté et c’est toute une ville, toute une région, qui a vu sur le pré l’aboutissement d’un travail collectif de longue haleine. Tout comme Thomas Ramos, nous avons ce jour été surpris par le fairplay des supporters de Vannes. Leur comportement exemplaire éveille notre curiosité, et nous voulons en savoir plus sur cette équipe qui découvre le Top 14. J’aurais bien aimé écrire un article au sujet du club de Vannes, sur cette ambiance aux allures de province celtique, mais j’avoue ne pas le connaître. Aussi je passe la plume à mon ami Pierrick Labbé, rencontré au hasard d’un tournage au Pérou, qui bien mieux que moi vous parlera avec passion des siens, et du rugby breton…
Affronter le RC Vannes à la Rabine, c’est un peu jouer un match international !
Le Rugby Club Vannetais (RCV) est le Petit Poucet du Top 14. Mal connu de ceux qui ne suivent pas la Pro D2, le club breton mérite cependant d’être découvert. Les équipes qui le jouent à domicile au stade de La Rabine sont souvent surprises par la réception, et avec la sensation de jouer un match particulier… un peu comme s’il s’agissait d’un match international. Explications sur ce club d’une région qui n’est historiquement pas une terre de rugby mais qui est en train de rentrer dans l’histoire du ballon ovale…
Aucun doute, même avant de franchir les portes de l’enceinte du stade en plein centre-ville et à deux pas du magnifique port, vous êtes en pays breton. Les supporters vannetais accueillent les équipes et les supporters adverses au son du biniou et des bombardes. De la musique bretonne pour vous recevoir mais aussi des gwenn ha du (blanc et noir en langue bretonne), les drapeaux bretons, qui s’agitent dans de nombreuses mains. L’accueil est très chaleureux et vous plonge, de suite, dans l’ambiance. Ici c’est tout le peuple breton qui vous reçoit, comme si vous étiez dans une autre nation et que vous allez jouer ou assister à un match international !
Cet accueil n’est que le prélude de cette sensation car le spectacle dans les tribunes débute bien avant le coup d’envoi de la partie. De la musique bretonne dans les l’enceinte sportive, des centaines de drapeaux bretons et une ambiance comme seuls les pays celtes savent offrir. Comme pour renforcer la sensation d’assister à un match international, un chanteur s’avance sur le terrain pour entonner le Bro gozh ma zadoù (Vieux pays de mes pères en breton), l’hymne national de la Bretagne repris en cœur par le public peu avant l’entrée des joueurs sur le pré.
Côté visiteurs, l’ambiance est similaire puisque les équipes sont escortées dans le couloir menant des vestiaires au terrain par un bagad (groupe de musique bretonne) qui fait résonner des airs traditionnels locaux. Des binious et bombardes qui peuvent écorcher les oreilles par leur son aigu et puissant de ceux qui ne sont pas celtes. Ils sont prévenus, ils vont jouer contre un club breton. Pour achever cette sensation d’être en terre étrangère, même la sirène est une musique bretonne !
Un maillot non pas d’un club mais de toute une région.
Fait peu commun (sauf peut-être Biarritz et son maillot aux couleurs basques), le maillot porté par les joueurs vannetais est une véritable dédicace au pays breton. Vous ne le savez peut-être pas mais la Bretagne a longtemps été un pays indépendant, et ce même avant l’existence de la France en tant que nation. La Bretagne a même été, pendant un temps, colonisée par les anglais avant de retrouver son indépendance et plus tard se rapprocher de la France pour ne devenir une véritable région française qu’au moment de la révolution. La Bretagne en tant que pays indépendant a donc une longue et riche histoire.
Le maillot du RCV est une véritable ode au pays breton et aux différentes régions historiques qui le composent. Outre l’hermine immanquable, la fierté bretonne s’inscrit dans le maillot des vannetais. Toute la Bretagne y est représentée. Les références sont multiples et uniques notamment dans le damier qui compose la partie inférieure du maillot comme vous pouvez le voir sur la vidéo de présentation du maillot 2024-2025.
La devise du Rugby Club de Vannes :« Notre histoire ne s’arrête jamais !«
Autre point marquant la fierté bretonne de ce club est son logo. En forme de blason, aux couleurs monochromes du drapeau breton, il est inspiré des armoiries de la ville de Vannes, ancienne capitale des rois de Bretagne. Avec ses deux ballons de rugby entremêlés, le logo symbolise l’union et la solidarité entre la section amateur et professionnelle du club mais aussi la force collective du groupe.
La devise du club : « Notre histoire ne s’arrête jamais » est aussi soulignée par les entrelacs des deux ballons et le nœud sans fin qu’ils représentent. Notez, par ailleurs, qu’il existe aussi une version du logo en breton et qui est utilisé pour certains événements.
RCV : un public breton incroyable pour son soutien et son respect.
Depuis de nombreuses années, les équipes qui affrontent le Rugby Club Vannetais font l’éloge du public breton. Toujours derrière son équipe à pousser tel un seizième homme, le public du stade de La Rabine est aussi très chaleureux envers les autres supporters (nul doute que vous partagerez une galette saucisse avant le match ou des bières dans un bar du port après la partie avec les supporters bretons dans une ambiance bon enfant).
Le respect du public n’est pas uniquement envers les autres supporters mais bel et bien aussi envers l’équipe visiteuse. Comme chez les autres nations celtes, le public a un respect total du buteur lors de sa concentration avant une pénalité ou une transformation. Un silence absolu se fait à ce moment dans le stade, silence cependant parfois troublé uniquement par le cris des mouettes. Lors du premier match du RCV à domicile avec la réception de l’ogre toulousain, Thomas Ramos n’a pas manqué de saluer le public breton et à encourager les autres supporters à suivre l’exemple vannetais.
Un stade bien trop petit pour accueillir les nombreux supporters bretons
C’est sans doute le point noir du club. La taille de son stade. Bien trop petit pour accueillir toute la ferveur bretonne pour son club phare. Le stade, bâti en 1920 et pensé pour le football, a accueilli de nombreux évènements sportifs dont une arrivée du Tour de France le 14 juillet 1954. En 2000, il a été détruit puis reconstruit toujours en pensant au football avec une capacité de 6.500 places. Le RCV, à l’époque, évoluait en Fédérale 2 et jouait ses match sur le stade Jo-Courtel et ses 850 places assises.
Du fait des mauvais résultats en football du club de la ville et la montée en puissance du RCV, le stade de La Rabine (allée plantée d’arbres en breton) devient l’antre du rugby vannetais avec la montée en Pro D2 du club en 2016. Dès cette époque, la demande de places est en constante augmentation et différents agrandissements des tribunes ont été réalisés durant ces dernières années pour accueillir la ferveur des supporters et des matchs généralement à guichets fermés.
Actuellement de 11.865 places, la capacité du stade de La Rabine (la plus petite capacité de stade tu Top 14), souffre d’un manque criant de place tant la demande est importante, déjà lors des saisons de Pro D2. Lors de la montée en Top 14, ce sont plus de 50.000 demandes d’abonnement qui ont été réalisés sur le site web du club, site qui n’a pas supporté une telle affluence et les serveurs ont crashé. 50.000 demandes pour seulement 9.000 sésames disponibles. Le club se réservant environ 3.000 places pour les spectateurs uniques à chaque match. Notez que le club prévoit de délocaliser un ou deux matchs, sans doute à Rennes, pour contenter les supporters de toute la Bretagne et offrir, ponctuellement, une capacité davantage à la hauteur de la demande du public breton.
Jean-Noël Spitzer, le coach qui a fait monter le club de Fédérale à Top 14
Jean-Noël Spitzer termine sa carrière de joueur de troisième ligne en 2005 avec le RCV a 31 ans (alors en championnat de Fédérale 2). Il prend les commandes du club en tant qu’entraîneur en binôme avec Esteban Devich en 2007 lors de la montée en Fédérale 1. C’est alors le début d’une aventure très longue durée. Il fait monter le club en puissance en Fédérale 1 jusqu’à faire du RCV un favori et une montée en Pro D2 en 2016. Assurant le maintien et la montée en régime du club dans ce championnat, Jean-Noël Spitzer fait tutoyer le RCV avec les barrages pendant plusieurs saisons avant de créer l’exploit historique de qualifier le club pour le Top 14 l’an passé.
D’ailleurs, lors de la dernière Nuit du Rugby, le staff du RCV composé de Jean-Noël Spitzer, Yoann Boulanger, Mathieu Cidre et Goulven Le Garrec a reçu le prix du « Meilleur Staff de Pro D2 ». La réussite du Rugby Club Vannetais est donc étroitement liée à celle de son entraîneur. Cependant, l’histoire d’amour pourrait s’arrêter à la fin de la première saison de Top 14 du club car le coach breton serait en contact avancé avec les dirigeants du Castres Olympique pour entraîner le club tarnais dès la prochaine saison.
Ugo Mola a d’ailleurs montré son admiration pour l’entraîneur breton avant la rencontre d’ouverture de Top 14.
Le futur du RCV est-il avec le Top 14 ?
Tout juste promu dans l’élite du rugby français, le Rugby Club Vannetais pointe à la dernière place à l’issue de la 6ème journée avec une seule victoire (a domicile contre Lyon). Très souvent le promu de Pro D2 redescend à l’issue de sa première saison de Top 14. En sera-t-il autant pour le RCV ? Pour le moment, il est trop tôt pour le dire. Cependant, même si la découverte de l’élite est assez compliquée pour le club breton, force est de constater qu’il est loin d’être ridicule.
Avec ses 3 bonus défensifs glanés le groupe a montré de très belles choses et aurait même pu s’offrir deux victoires à l’extérieur notamment contre le Stade Français ou récemment contre Montpellier. Jean-Noël Spitzer est d’ailleurs convaincu que le club a encore une belle marge de progression à venir. En continuant sur cette lancée, en poursuivant l’apprentissage du Top 14 et avec ce public incroyable, les bretons ont montré qu’ils étaient venus pour jouer le maintien en Top 14 comme ils l’ont fait lors de leur montée en Fédérale 1 puis en Pro D2 pour ensuite s’imposer comme un favori du championnat. N’oubliez pas le slogan du club : « Notre histoire ne s’arrête jamais ».
Le Club de La Rochelle (qui a bien des points communs avec le club breton) reste une référence pour le club breton. Ugo Mola a d’ailleurs averti sur la qualité de l’équipe bretonne et Joan Caudullo, l’entraîneur du Montpellier Rugby, a mis en garde les autres équipes sur le fait qu’il lui semblait évident que Vannes allait gagner des matchs à l’extérieur cette saison.
Degemer mat e Breizh, bro nevez ar rugbi !!! – Rugby à XV de France
rugbyaxvdefrance.com
Alors pour conclure, si vous êtes supporter d’une autre équipe, je vous invite à faire le déplacement en pays breton pour accompagner votre club. Vous recevrez un accueil chaleureux, vous découvrirez une ambiance unique digne d’un match international et nul doute que vous allez adorer cette expérience !
A-benn nebeut e stad Ar Rabin !
(A très bientôt au stade de La Rabine)
Pierrick Labbé