L'Indépendant :
Le Président Artur Mas, prenant acte du succès de la manifestation massive du 11 septembre dans les rues de Barcelone, a affirmé hier au cours d'une conférence de presse que le défi pour lui est dorénavant de doter la Catalogne des "structures propres d'un État". Il entend surtout créer une administration fiscale propre à la Generalitat. Ce simple instrument, soutient-il, transformerait la Catalogne en un pays indépendant au sein de l'Union Européenne. Mas juge que si les Catalans étaient appelés à se prononcer sur la séparation avec l'Espagne, une majorité voterait pour l'indépendance. Impressionné par l'ampleur de la manifestation, le président du gouvernement autonomiste et centriste a littéralement escamoté l'objectif qui, jusqu'à la veille de la 'Diada', était pour lui prioritaire : négocier un pacte fiscal avec Madrid. Il n'est devenu qu'un simple dernier recours, une dernière carte à jouer.
"La clameur a été très claire en faveur de l'indépendance. Nous nous sommes engagés dans une voie sans équivoque", a-t-il estimé.
Néanmoins, l'agenda est là pour rappeler les engagements pris avant la manifestation : Mas a rendez-vous avec le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, le 20 septembre, pour le convaincre de négocier un pacte fiscal. L'ordre du jour reste inchangé, mais le président catalan a lancé hier un avertissement : "Même si la Catalogne obtient un pacte fiscal, il est possible que le processus vers l'indépendance suive son cours".
Il a exhorté Madrid à prendre en compte la volonté de plus d'un million et demi de Catalans, qui se sont exprimés dans les rues de Barcelone mardi.
Elections anticipées au printemps ?
Artur Mas a par ailleurs confirmé qu'il avancera la date des élections autonomes si Rajoy se refuse à négocier tout pacte fiscal. De source proche du palais de la Generalitat, ce serait pour le printemps prochain. C'est le signe que le paysage politique en Catalogne va changer. Les partis chercheront certainement à séduire la masse d'indépendantistes qui s'est manifestée pour la Diada. Pour la formation du président Mas - Convergència i Unió - qui est une coalition d'autonomistes et de démocrates-chrétiens catalans, un intense débat va s'ouvrir pour redéfinir le programme, qui devrait s'orienter vers l'objectif de sécession. Un débat semblable - et conflictuel - va se développer également dans le camp socialiste, qui aboutira peut-être à l'alignement du PSC avec sa centrale espagnole du PSOE, au prix de quelques départs de dirigeants historiques. L'ancien Président Pasqual Maragall a depuis longtemps abandonné son parti. L'échiquier parlementaire catalan serait alors divisé en deux camps clairement antagonistes : les partisans de l'indépendance (CIU et ERC), majoritaires, et leurs contraires : PSC-PSOE, PP et C's.
