Comme cela me coûte de répondre (pour ne pas donner de dignité à certaines questions et commentaires) voici une analyse pertinente dénuée de passion suspecte (nouvel obs) :
"Une symétrie qui n'en est pas une
Là où commence la difficulté, c’est que le Front national utilise depuis toujours le thème du "racisme anti-blancs" pour établir une symétrie artificielle. Au lieu de dénoncer le racisme qui frappe les minorités en France, les frontistes veulent renvoyer dos à dos les uns et les autres de manière à minimiser le racisme qu’ils contribuent à encourager en agitant l’épouvantail d’un racisme en sens contraire. L’accusation de discrimination est ainsi retournée contre les antiracistes, qui défendraient les minorités d’origine étrangère en ignorant volontairement le sort fait aux "Français de souche".
Il faut dire hautement que cette équivalence supposée, que Copé avalise implicitement, n’en est pas une. Chacun peut constater que les préjugés ethniques ou religieux en France touchent en priorité les citoyens d’origine maghrébine ou africaine. On ne connaît pas de cas où l’on aurait refusé un logement à une personne sous le prétexte avoué ou caché qu’elle serait "blanche", alors que les cas inverses sont très nombreux. Même chose pour les CV soumis aux entreprises lors des recherches d’emploi : entre Mohamed et Jean-Christophe, c’est le premier qui souffre de discrimination et non le second.
Aussi bien, on ne connaît pas de boîte de nuit qui écarterait sans le dire les clients "blancs" au profit des autres. Le sophisme des deux racismes croisés, utilisé par le FN et maintenant par Jean-François Copé, est évidemment de mauvaise foi dans ces domaines cruciaux que sont le logement et l’emploi. On remarquera aussi que si les synagogues ou les mosquées sont régulièrement souillées ou vandalisées, c’est rarement le cas des églises ou des cathédrales. Là aussi, la symétrie supposée par Copé n’existe pas.
Où sont les sources de Copé ?
Enfin, les "blancs", pour reprendre la terminologie de Copé, sont massivement représentés dans les sommets de la société, alors que les minorités, pour la plupart, sont très nettement sous-représentées. On dira que ce n’est pas le produit du racisme, ou fort peu. Mais la réflexion va alors dans les deux sens. Quand on est ultra-majoritaire dans les élites, il est difficile de se prétendre discriminé.
Copé désigne en fait, par sa locution biaisée, la situation des populations "gauloises" dans les cités où les citoyens d’origine africaine ou maghrébine sont nombreux, c’est-à-dire dans des parties bien délimitées du territoire national. Ces Français sont-ils victimes, dans ces quartiers, d’une hostilité fondée sur leur origine ? C’est possible. Mais Jean-François Copé est bien incapable d’évaluer le phénomène, de citer une quelconque mesure statistique ou une enquête qui accréditerait ses dires, de faire état de plaintes déposées auprès de la police ou de la justice, de préciser enfin s’il s’agit d’un mouvement inquiétant ou bien seulement de dérapages peu fréquents, certes condamnables mais finalement marginaux.
Tant qu’il ne l’aura pas fait, ses déclarations apparaîtront pour ce qu’elles sont : une accusation vague, sommaire, dangereuse, qui oppose entre elles de soi-disant "communautés", et destinée à attirer sur lui, sous l’habituel prétexte de lutter contre le "politiquement correct", l’attention de l’opinion et les suffrages des militants UMP influencés par les idées du Front national. "