Vendredi, le grand oral de Jean-Yves le Drian pour limiter la casse
L’avenir du Livre blanc sur la Défense et la Sécurité va-t-il se jouer vendredi, lors du conseil de défense? François Hollande aura alors à choisir entre deux scénarios budgétaires qui détermineront les futures ambitions militaires et diplomatiques françaises. « Si le Président tranche vendredi et choisit de suivre le scénario de Bercy, il n’y aura plus qu’à mettre le Livre blanc à la poubelle et en récrire un nouveau », explique-t-on dans l’entourage de Jean-Yves le Drian.
Alors que le ministère de la Défense se résout à disposer d’une masse budgétaire de 32 milliards en 2020 (l’enveloppe actuelle est de 31,4), Bercy propose une enveloppe annuelle inférieure à 29 milliards d’euros. Ce « scénario Z » verrait le budget militaire amputé de 20 milliards d’euros entre 2014 et 2019.
Si le ministère du Budget convainc le Président, il faudra adopter une nouvelle posture diplomatique et un modèle d’armée inédit, timorée pour la première et impotent pour le second. Une, voire deux, fonctions essentielles des Armées disparaîtront : la dissuasion ou la capacité de projection, « mais que mettra-t-on alors derrière notre parole diplomatique ? », la défense du territoire national ou les forces prépositionnées à l’étranger…
« C’est notre souveraineté sécuritaire qui est en jeu, tout comme l’avenir de l’industrie de défense », avertit-on au cabinet de Jean-Yves Le Drian où l’on prédit la perte de 50 000 emplois civils sur 135 000 chez les équipementiers et prestataires de services. Les régions Aquitaine, Midi-Pyrénées, PACA et Bretagne seraient touchées de plein fouet (4 500 emplois seraient détruits sur 15 400 en Bretagne, par exemple).
Comment éviter un tel « scénario de rupture »? Comment défendre le « modèle Y » basé sur une option « 0 valeur » à laquelle se résignent les militaires et que défend leur ministre (ce qui signifiera, malgré tout, un format et des capacités réduites) ? Les arguments ne manquent pas : l’opération Serval démontre la nécessité des moyens de projection, l’utilité des forces prépositionnées et le besoin d’une armée de terre mieux équipée ; 66 % des Français pensent désormais qu’en dépit du besoin de réduction des déficits publics, le budget de la Défense doit être « maintenu ou augmenté », selon un Baromètre Ipsos de janvier.
Mais des arguments, il en faudra peut-être d’autres pour réussir le « grand oral » de vendredi.