Cet article, que je viens de trouver sur la toile, certes un peu vieux (d’il y a 5 ans), est plutôt pas mal...
Bonne lecturehttps://www.google.fr/amp/s/danslin.../2016/02/13/le-cinq-huitieme-arme-fatale/amp/
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Le 5/8ème, arme fatale?
Le système de jeu au rugby peut s’apparenter plus simple qu’au football. 8 avants, 7 trois-quarts. Pas besoin de réfléchir au 4-3-3, 4-4-2, etc. Enfin, pour un même poste, différentes options sont possibles. Je pense notamment au flanker, et j’en parlais
au sujet de Yacouba Camara et Sékou Macalou il y a quelques semaines. Mais il y a également le poste de ¾ centre qui peut être sujet à de nombreux ajustements tactiques. Ces dernières années, sous les ordres de PSA, les centres de l’équipe de France avaient des profils très orientés vers l’affrontement et le 1 contre 1. Mathieu Bastareaud, avec sa puissance, mobilisait plusieurs défenseurs et maintenait son équipe dans l’avancée, et Wesley Fofana se servait de ses appuis et de sa vitesse pour éliminer ses vis-à-vis et faire des différences dans l’axe du terrain. Un peu ce que l’on demande à un ailier. Poste auquel il a déjà évolué et auquel, sans sa blessure, Guy Novès l’aurait lancé face à l’Italie le weekend dernier. D’autres profils ont été testés. Des joueurs plus créateurs, « play-makers » comme le disent les anglo-saxons. On pense à Maxime Mermoz notamment. Sa non-convocation pour le mondial, et son faible temps de jeu en équipe nationale ces dernières années peut expliquer, en partie, le manque d’animation sous le mandat de Saint-André. Je parle ici plus de profil que du joueur en lui-même, le toulonnais n’étant pas l’homme providentiel (et il n’aurait pas évité une telle débâcle). Son association avec Gael Fickou, mi-créateur, mi-perforateur, avait débouché sur l’orgie offensive face à l’Angleterre lors du dernier tournoi, et me direz-vous à la déroute défensive (rencontre remportée 55-35 par les anglais).
Le choix d’aligner des joueurs de duels lors du mondial a quoi qu’il en soit réduit les ambitions de jeu à néant, et ce n’est pas la rentrée timide d’Alexandre Dumoulin qui a modifié le cours des choses. En revanche, un profil non testé au poste de premier centre, est celui de 5/8ème.
Le 5/8ème, terme crée par nos amis britanniques, est en fait un second ouvreur. Ce nom vient tout simplement d’un joueur intermédiaire entre la charnière (les demis, ½ et donc 4/8) et les arrières (les 3/4, autrement dit 6/8). Entre les deux, 5/8, ils sont malins ces anglais. Un des premiers ainsi appelé était Mike Catt (international anglais, de 1994 à 2007). Pouvant jouer à l’arrière, au centre, et donc à l’ouverture, le joueur a souvent assisté Johnny Wilkinson durant la période glorieuse de l’Angleterre. Lors de la finale de la Coupe du Monde 2003 face à l’Australie, remplaçant au coup d’envoi, il rentre avant les prolongations pour épauler Wilko, avec la suite que l’on connait.
Plus tard, il a continué d’assurer le même rôle pour les débuts de Toby Flood, successeur annoncé de Wilkinson. Jouer avec un second 10 a de nombreux avantages. D’abord, il permet de soulager l’actuel ouvreur de la pression adverse, dans l’animation comme dans le jeu au pied. Et il crée également de l’incertitude chez l’adversaire. Et il permet d’associer deux profils de numéro 10, avec un premier très gestionnaire, et un second plus offensif.
Les anglais ne sont pas les seuls à s’être servi de ce système. En France, Thierry Lacroix, Alain Penaud, Thomas Castaignède ou plus récemment Damien Traille ont occupé ce rôle officieux. Je ne vais pas vous mentir, je suis un grand fan de ce type de composition. Hormis les inclassables All-Blacks, qui avec des joueurs aussi complets que Conrad Smith, Ma’a Nonu ou Sony Bill Williams, n’en ont pas eu besoin, les nations ayant brillé au dernier mondial s’en sont servi. Pas toutes, certes. Mais l’Australie a particulièrement été étincelante avec son duo Bernard Foley et Matt Giteau. L’Argentine avec sa doublette Nicolas Sanchez et Juan Martin Hernandez. Voire Marcelo Bosch. Bon, d’accord, deux 5/8 relève de l’exception. Le 12 écossais ? Peter Horne, ouvreur à l’occasion. Et le jeu pratiqué par ces deux équipes était fabuleux, comme expliqué dans le premier article de ce blog.
Au niveau club, Toulon a remporté sa première coupe d’Europe et son doublé avec Johnny Wilkinson et Matt Giteau. Chez les Crusaders, Dan Carter a régulièrement occupé le poste de numéro 12. Toulouse titularise très régulièrement Toby Flood et Luke McAllister ensemble. Parfois même avec Jean-Marc Doussain, pour jouer avec trois ouvreurs, même si cette configuration reste exceptionnelle. Quelques années auparavant, David Skrela pouvait occuper ce poste, comme au Stade Français d’ailleurs. Actuellement, le Racing entend associer Carter encore en premier centre, avec Rémi Talès en 10. Les campagnes victorieuses du Biarritz Olympique ont été réalisées avec Damien Traille au poste de premier centre. Quand on connait les qualités de jeu au pied et d’animation de ce dernier (en plus des qualités physique d’un vrai centre), on comprend mieux pourquoi.
Et en cette période de tournoi des VI Nations, le 5/8ème le plus connu n’est autre que le très controversé Owen Farrell. Aussi génial que détestable, le joueur des Saracens a dû laisser son maillot floqué du numéro 10 à une autre pépite, le (plus) jeune Georges Ford. Mais il a conservé sa place de titulaire en prenant le 12. Si l’Angleterre a peiné en Ecosse pour s’imposer (9-16), leur association, sur le papier, fait en tout cas saliver. Exit les coffres à ballons Sam Burgess ou Brad Barritt. Voilà les esthètes Farrell et Joseph (dans un profil similaire à Fickou, voire Fofana).
Si la créativité est largement gagnante lorsqu’un second ouvreur est aligné au poste de premier centre, ce système de jeu présente d’autres inconvénients. Si chaque joueur est différent, bien souvent, cela coïncide avec une perte de densité au centre du terrain. La plupart du temps moins physiques, les demis d’ouverture peuvent devenir une faiblesse pour l’équipe. De même avec la défense. Il y aura toujours des contre-exemples (et ceux-là seront d’ailleurs utilisés à ce poste), mais les trois quarts centres sont souvent censés être de meilleurs défenseurs, et plus puissants. On parle régulièrement d’attaquer la zone du 10 pour percer. Avec deux ouvreurs, cette zone est mathématiquement doublée. Lorsque le Pays de Galles jouait avec James Hook en premier centre (pour assister successivement Stephen Jones puis Rhys Priestland), le XV du poireau a souvent été bien plus friable. L’arrivée du « frigo » Jamie Roberts a quelques peu colmaté les brèches. Il ne s’agit donc pas de mettre quinze ouvreurs sur le terrain pour remporter un match. De même, ce système de jeu est souvent mis en place car on possède un joueur ayant les qualités pour endosser ce rôle. On n’en fixe pas un au hasard.
Ces dernières années, et actuellement, aucun joueur français ne semble avoir le profil pour jouer au poste de 5/8ème. Les derniers ouvreurs testés, et probables sélectionnables sous Novès, sont Jules Plisson, François Trin-Duc, Jean-Marc Doussain, Camille Lopez, voire Baptiste Serin. Aucun ne peut évoluer au poste de centre. En France, la culture et la tendance depuis maintenant 15 ans est plutôt à la polyvalence 9-10 qu’à la polyvalence 10-12.
Je pense néanmoins, qu’au vu de ses qualités, François Trinh-Duc aurait fait un excellent 5/8ème. Très physique, offensif, très bon défenseur, il aurait été un fantastique premier centre. Il a d’ailleurs été testé à ce poste sous Lièvremont, mais seulement à l’entrainement, et ça a pu lui arriver en cours de match.
Aujourd’hui, la tendance n’est pas vraiment à un tel dispositif en Equipe de France. Quoi qu’il en soit, malgré les risques qu’il peut comporter, le 5/8ème demeure une arme redoutable en terme d’animation. Et pourquoi ne pas le populariser du côté de la formation ?