USAP : Portés disparus
Coup de froid sur Aimé-Giral hier : l’USAP s’est inclinée petitement (13-20) face à Agen. Le maintien devient utopique.
"Avant de parler de quoi que ce soit dans l’équipe, de maintien ou quoi, j’aimerais retrouver mon équipe. L’équipe avec laquelle on est monté. On n’est même plus à son niveau à Aimé-Giral". Derrière les micros, Acebes souffre.
Quelles étaient longues, ces quelques minutes où il attendait, seul sur sa chaise, que son tour vienne. Une fois de plus, de trop sans doute, l’ailier a dû tenter d’expliquer l’inexplicable : cette seizième défaite face à Agen (13-20). Personne ne pouvait ou ne voulait le dire, mais elle sonnait sans doute le glas de l’USAP en Top 14.
Aimé-Giral le maudit
On pourra toujours tourner en ridicule cette conclusion en rappelant qu’elle avait déjà été tirée après la défaite face à Pau (24-30), il y a quelques semaines. Mais entre-temps, l’USAP s’était redonné de l’espoir. Entre-temps surtout, elle avait surpris la France entière en croquant Montpellier le week-end passé (10-28).
Aussi hier soir, plus de 12 000 bonnes âmes catalanes avaient répondu à l’appel, prêtes à s’unir pour relever l’impossible défi du maintien. Aussi ce matin, dans le cœur des Usapistes, il y a l’orgueil blessé par l’impuissance, l’enfer du devoir qui va les obliger à honorer les neuf rencontres restantes, mais aussi le crève-cœur face à ce public fidèle. Ce samedi, Aimé-Giral a été grand. Mais l’USAP ne l’était plus. "À la fin du match, on se fait applaudir, je ne sais même pas comment", se torture Julien Farnoux.
Agen sans fioriture
Ceux qui rêvaient d’un match débridé ont vite chassé leurs rêves.
Comme un match de phase finale serré, angoissant, Agen et l’USAP se boxent au près. Les points valent cher, les ballons aussi. Hélas, les Catalans se révèlent incapables d’assurer leurs lancements de jeu et donc de mettre du rythme.
Les quelques offensives locales, bien lues par la défense, restent stériles. Rien ou presque à se mettre sous la dent. Mi-temps : 6-3.
L’important, c’est les quatre points, non ? 49 secondes plus tard, Masilevu plante son nez derrière l’en-but. Coup de froid. Pavé de bonnes intentions et caché dans les détails : l’enfer accompagne l’USAP depuis août. Comme ce premier placage manqué qui souffle tout le château de cartes défensif, ce petit en-avant au ras, ce porteur de balle qui s’isole… Bref, ce grain de sable qui vient enrayer la machine. Il y a toujours eu de l’indulgence envers cette équipe, mais quand les mêmes erreurs se répètent toujours, cela s’appelle des carences. Doublement frustrant, car l’USAP peut-être magique et têtue, comme sur cet essai de Faingaanuku, très présent ce samedi, après une touche volée et un enchaînement d’actions positives (13-10, 51e).
Hélas, la déprime guettait. Une grossière erreur entre Chateau et Farnoux, Léo Berdeu ramasse et s’infiltre. Fin du bal (13-20, 56e). Et bis repetita.
Maintien trop loin
Incapable de battre un Agen tout sauf effrayant, encore déprimante à Aimé-Giral, à l’évidence l’USAP ne mérite pas de rester en Top 14.
Forcément lancé sur le sujet, le coach Patrick Arlettaz a donné le change, désignant Grenoble comme le dernier concurrent atteignable. "Les calculs sont difficiles", concède-t-il dans un soupir.
Face à un adversaire direct, le revers d’hier pèse très lourd. Tant au classement que dans les têtes. Dans la défaite et la désillusion, la santé du collectif ne peut qu’être fragile. Souvent garant de cet état d’esprit, Mathieu Acebes n’a pas masqué son inquiétude. "Force est de constater que ce soir on a été apathiques", saignait le capitaine du jour. "On a forcément dû se voir trop beaux", assume Farnoux, avant qu’Acebes ne tranche : "On va assumer et prendre ce qu’on doit prendre sur la gueule".
Personne ne reprochera à l’USAP de perdre contre meilleur qu’elle. Mais était-ce le cas ce samedi ? De l’implication, plus vraiment de passion : et ils sont où les Catalans ?