l’illustre inconnu
#SFUSAP #MIDOL
perpignan qui est lotima Fainga’anuku, le nouvel ailier catalan, auteur de quelques éclairs, déjà ?
Par Vincent BISSONNET
vincent.bissonnet@midi-olympique.fr
Samedi soir dernier, 18e minute de Perpignan-Clermont: les spectateurs d’Aimé-Giral frissonnent enfin pour une bonne raison quand leur ailier gauche accélère en bout de ligne, déborde Peter Betham, marche sur Tim Nanai-William et avance sur quarante mètres. Quelques instants plus tard, Enzo Forletta concrétisera le temps fort.
Avec ses faux airs de Julian Savea dans l’attitude, Lotima Fainga’anuku vient de signer, avec fracas, son premier coup d’éclat à Aimé-Giral, une semaine après son essai tout en puissance à l’Arena du Racing 92. En deux rencontres de Top 14, le nouveau venu compte déjà cinq franchissements, autant de défenseurs battus et deux passes après contact, bilan tout juste entaché par une poignée d’en-avant et d’oublis défensifs. Avec des statistiques dignes des meilleurs attaquants du championnat, le Néo-Zélandais de 21 ans se trouve être une belle petite trouvaille pour le promu. Quand l’Usap l’a contacté, via son agent, en octobre, l’ancien Baby Black venait d’apprendre une drôle de nouvelle: l’ancien grand espoir de Tasman, aligné à vingt-six reprises en NPC, n’était pas retenu par Scott Robertson pour le prochain Super Rugby, au contraire de son frère cadet, Leicester. « Il n’y avait pas de place pour moi dans le squad des Crusaders, raconte le natif des Tonga, fils d’un ancien international ayant disputé une Coupe du monde. Je n’avais pas envie de partir à la base mais je me suis rendu compte que c’était peut-être le moment de tenter une autre expérience. Je n’ai que 21 ans. Je sais que c’est rare de quitter la Nouvelle-Zélande à cet âge, surtout quand vous avez déjà goûté en Super Rugby, mais j’avais une telle envie de jouer, de progresser. Ce n’est pas une question d’argent mais de défi vis-à-vis de moi-même. » Ou quand les rêves d’enfant se confrontent à la réalité d’adulte pour cette pépite privée de pratique jusqu’à ses 15 ans «car mon père voulait que je me concentre sur les études »: « Comme tout Néo-Zélandais, mon rêve ultime était de jouer avec les All Blacks. Mais le Mondial des moins de 20 ans, en Géorgie, m’a ouvert les yeux : le rugby existe ailleurs. »
« PEUT-ÊTRE QUE JE VAIS RESTER EN EUROPE…»
À Perpignan, notamment, où il a trouvé un terrain d’expression propice. Là-même où, ironie de l’histoire, son petit frère a brillé, l’été dernier, avec les Baby Blacks, à seulement 18 ans: « Il m’a encouragé à venir, m’a dit que ça avait l’air d’être un endroit super. » Deux mois après le début de cette aventure improbable, imprévue, Lotima Faingaanuku savoure: il a été titularisé à quatre reprises, a marqué et se sent de mieux en mieux en Catalogne. « Au début, c’était l’aventure, complètement. Je n’étais jamais venu en Europe, je ne savais pas me commander à manger… Mais je me rends compte de la chance que j’ai de jouer dans ce championnat et de vivre en Europe. C’est génial, j’ai déjà pu aller à Paris, Barcelone… » La succession de défaites n’affecte pas son enthousiasme: « Je suis le petit nouveau, j’ai tout à prouver, je n’ai pas d’excuse à donner. Certes, il n’y a pas de victoire mais j’aime l’atmosphère dans ce groupe et ce stade. Quand j’avais vu tous les supporters venir en Irlande, j’ai halluciné… Pour le reste, l’équipe joue bien et je suis persuadé que ça va sourire bientôt. »
Pour l’éphémère international à VII, le compte à rebours a débuté. En fin de contrat en juin2019, il devra bientôt se prononcer sur son avenir. De quel côté du globe s’écrira-t-il? « Je ne suis pas préoccupé par mon futur. Je suis pleinement focalisé sur l’aventure actuelle car je veux profiter à fond. Après, peut-être que je resterais, c’est une possibilité. Même si le rêve initial était de réussir en Nouvelle-Zélande. » S’il tient ses belles promesses, le natif des Tonga pourrait se retrouver avec l’embarras du choix.