Rixe à l’Australian bar à Montpellier : les rugbymen Thomas Darmon et Enzo Forletta condamnés
Reconnus coupables de violences aggravées, les deux rugbymen du MHR viennent d’écoper de 90 jours d’amende à 70 euros. Leur victime, qui avait préalablement frappé Pierre Lucas, un autre joueur du club, a, elle, été condamnée à lui verser 1 000 euros. Des faits qui remontent au 28 juin 2022 en pleine célébration du titre de champion de France de rugby.
Thomas Darmon et Enzo Forletta, respectivement centre et pilier gauche du MHR, se souviendront longtemps de ce mois de juin 2022. Eux qui sont entrés à jamais dans l’histoire du club en s’offrant un sacre historique en Top 14. Cela valait bien une tournée de célébrations pour faire virevolter le bouclier de Brennus, brillamment remporté face à Castres le 24 juin. Pour sûr, le “bout de bois” a été dignement fêté et arrosé durant trois jours. On ne plaisante pas avec les troisièmes mi-temps, surtout quand on est champion.
Malheureusement, parce qu’il y a un malheureusement dans cette histoire, la fête s’est terminée en eau de boudin. Et, aujourd’hui, les deux le regrettent amèrement. C’est en tout cas ce qu’ils ont confié, têtes basses, à la barre du tribunal judiciaire de Montpellier, ce lundi 30 octobre, alors qu’ils devaient répondre de violences aggravées.
Les faits remontent à la nuit du 27 au 28 juin, vers 4 heures du matin
lorsqu’une altercation a éclaté entre le rugbyman Pierre Lucas et un client de l’Australian bar. Celui-ci lui reprochant un comportement indélicat vis-à-vis de sa compagne. "Je me suis approché de lui et je lui ai précisé gentiment que c’était ma compagne. Et là, il m’a dit : “Oui, mais elle est bonne”. Alors je lui ai mis deux gifles."
"Deux coups de poing", rectifie Pierre Lucas qui a réfuté les accusations et expliqué ne pas avoir compris, aujourd’hui encore, pourquoi il avait été frappé. "Les videurs sont intervenus et ils ont mis tout le monde dehors. Moi, j’étais en sang et choqué. Je suis allé directement aux urgences."
L’histoire aurait pu s’arrêter là sauf que Thomas Darmon a voulu avoir des explications sur ce qui s’était passé. "On est arrivé calmement, il y avait celui qui a frappé Pierre et quatre videurs. Et j’ai demandé : “Qui est-ce qui a frappé mon ami ?”. Et là, il m’a répondu : “C’est moi et alors, tu veux que je t’enc… toi aussi ?” Il s’est mis torse nu puis en position de boxeur et m’a mis un coup. C’est là que c’est parti à la bagarre. Le videur s’y est mêlé, je l’ai frappé au visage (NDLR, il s’en sort avec une déviation de la cloison nasale)."
Enzo Forletta, qui accompagnait son coéquipier, reconnaît lui aussi avoir échangé des coups. "J’ai sauté dans le tas sans réfléchir. Je regrette pour l’image du club et pour moi. Et d’ailleurs, s’il y a eu un coup de pied, comme on me le reproche, je le regrette".
"Coup de pied il y a eu, s’est insurgé Maître Cyril Malgras pour la partie civile. Même le capitaine emblématique Fulgence Ouedraogo l’a reconnu. Avec pour résultat un enfoncement de la pommette qui a valu à mon client dix jours d’ITT".
De son côté, Maître Luc Abratkiewicz, en défense, a condamné l’attitude du plaignant. "Les violences, ce ne sont pas mes clients qui les ont commencées. Quand Pierre Lucas a été frappé, le client a reconnu qu’il n’avait pas essayé de le raisonner. Je vous rappelle qu’il est agent de sécurité de métier. Gérer ces situations, ça le connaît."
"Puis je regrette aussi qu’il soit resté devant l’établissement malgré le fait que les videurs lui aient demandé de partir à plusieurs reprises. En fait, il ne voulait pas en rester là et voulait en découdre. Il a enlevé son tee-shirt puis a donné le premier coup. C’est là que tout a dégénéré, ne l’oublions pas.
"Tout le monde a mal réagi"
"Tout le monde a mal réagi dans cette histoire", a pointé du doigt le ministère public. "Quand bien même Pierre Lucas a été indélicat avec cette cliente, est-ce que cela justifiait de lui porter des coups ? Non. D’autant que c’est à cause de cela que ça va dégénérer."
"Et de l’autre côté, Darmon et Forletta n’ont pas accepté le fait que leur coéquipier ait été frappé. La meilleure des choses à faire c’était de partir et de déposer plainte, pas de se ruer dans la bagarre pour régler les choses. Leurs violences sont caractérisées."
Et de requérir 10 000 euros d’amende à leur encontre et 500 euros d’amende à l’encontre du client pour les coups portés à Pierre Lucas.
Finalement, le client a été condamné à 1 000 euros d’amende. Concernant Thomas Darmon et Enzo Forletta, ils ont écopé de 90 jours d’amende à 70 euros par jour chacun.
Le tribunal a renvoyé l’affaire sur intérêts civils au 16 septembre 2024. Thomas Darmon et Enzo Forletta seront tenus responsables, in solidum, à hauteur de 70 %. Les 30 % restants seront à la charge de la victime.