"Deux ans et neuf mois après la mort de l’ancien joueur emblématique de l’USAP, décédé à la suite de violences qui lui ont été infligées devant son bar de la place République à Perpignan, la justice serait sur le point de boucler l’affaire. Sans que le mis en cause ne puisse être jugé."
"Sa mort, ce soir du 6 décembre 2018, avait aussitôt déclenché une grande vague d’émotion dans les Pyrénées-Orientales. En quelques secondes, Barend Britz, ex seconde ligne légendaire de l’USAP dans les années 90, atteint d’un violent coup de poing au visage, vient de s’écrouler sur la place République à Perpignan, devant le bar auquel il avait donné son nom, sa générosité et sa bonhomie. Le colosse ne se relèvera jamais...
Pris immédiatement en charge par les pompiers, l’homme, qui allait fêter ses 64 ans une semaine plus tard, n’avait pas survécu à ses blessures tandis que l’auteur des faits prenait la fuite (après avoir également frappé certains clients qui avaient tenté de venir en aide au patron).
‘Abolition du discernement’
Âgé de 30 ans, le suspect avait finalement été interpellé le soir même, caché dans des caves de la tour Barande dans le quartier du Moyen-Vernet, et avait été placé en garde à vue. À l’issue, il avait été mis en examen pour ‘ meurtre ‘ et écroué dans l’attente de la poursuite des investigations.
Séparé de la mère de ses deux enfants, se disant agent commercial sur internet, l’intéressé qui s’était formé à la boxe et avait foulé les terrains treizistes au sein du club du Soler, nourrissait sur les réseaux sociaux tant une admiration pour diverses équipes de rugby à XIII et à XV qu’un certain culte de son corps. Nombreux décrivaient un jeune homme au tempérament bagarreur, voire violent. Déjà connu pour des faits de petite et moyenne délinquance, notamment pour des affaires de conduites en état alcoolique, pour lesquelles il a été condamné à de la prison ferme, il est toujours détenu à ce jour.
Néanmoins, au terme de l’enquête, le 7 mai dernier, le procureur a pris son réquisitoire définitif, se positionnant en faveur d’un non-lieu dans ce dossier. Et ce, au vu, cas très rare, de ‘ l’abolition du discernement ‘ dont il aurait été atteint au moment des faits selon les différentes expertises psychiatriques. La grande majorité des spécialistes conclurait à des troubles psychiques, de type délire paranoïaque, qui auraient affecté le comportement de l’accusé. Il ne pourrait ainsi être jugé.
‘La famille a eu du mal à accepter cette issue’
Le 1er juin, le juge d’instruction en charge de l’affaire est allé dans le sens du parquet et a saisi la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Montpellier en vue d’acter l’irresponsabilité pénale du mis en cause, défendu par Me Ramounet Valls. Cette audience, dont la date n’a pas encore été fixée, devrait se tenir d’ici la fin de l’année. Une procédure exceptionnelle qui consistera aussi à statuer sur les demandes de dommages et intérêts des parties civiles.
‘La famille a eu du mal à accepter cette issue, explique Me Philippe Capsié, l’avocat des proches de Barend Britz. Elle attendait beaucoup de la confrontation avec le mis en cause devant un tribunal. C’était l’occasion de le voir, de croiser son regard. Ils en seront privés et ils ont été indéniablement affectés. Les textes prévoient cette solution d’une audience pour permettre aux parties civiles d’avoir droit à un procès, même si ce ne sera pas les assises. Ça peut être une stratégie de défense, mais les expertises apparaissent sérieuses et concordantes. À l’évidence, il y avait des signes. Et au moment des faits comme au cours de sa présentation devant le juge, il y a eu des comportements qui interpellent. Des cris d’animaux, des réactions ou des réponses dans l’analyse de son passage à l’acte qui n’étaient pas rationnelles, tout en manquant de respect à la victime. Quoi qu’il en soit, cette audience ne sera pas à hauteur de la peine’.
D’autant, ajoute l’avocat, qu’elle n’apaisera pas les craintes de la famille de la victime. ‘Leur inquiétude est que cet homme s’en sorte mieux. On n’a pas la garantie qu’il soit interné en établissement psychiatrique longtemps. On a un profil, qui a commis un acte violent sans raison, qui va complètement échapper à la surveillance de la justice. Comment va-t-il évoluer ? Et que va faire la psychiatrie dans 10 à 15 ans ?’
Il aurait agi par rancune mais sans raison concrète
D’après divers témoins, un individu avait fait irruption ce jeudi 6 décembre 2018 vers 21 heures devant le bar et aurait lancé divers objets sur la vitrine, puis des verres et une carafe en direction du café en mimant des cris d’animaux.
Barend Britz serait sorti de derrière son comptoir pour aller à sa rencontre et se serait retrouvé face à lui devant la porte. Là, l’intéressé s’en serait aussitôt pris physiquement à lui et lui aurait notamment porté un coup de poing au bas du visage. Un unique crochet asséné avec une puissance extrême au point de faire vaciller et chuter lourdement la victime au sol.
Selon les premiers éléments, le mis en cause avait déjà semé la pagaille dans ce même bar à plusieurs reprises dont le jour des faits en début d’après-midi encore, obligeant le propriétaire, qui lui avait pourtant tendu la main par le passé, à l’éconduire, ne souhaitant plus qu’il fréquente son établissement.
Le mis en cause se serait persuadé au fil du temps que le patron lui en voulait. Il aurait ainsi nourri une rancune importante à son égard sans motif concret et serait venu ce soir-là décharger tout son ressentiment sur lui. Sans fournir aucune explication.
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