Peut-être un peu quand même, Mayol.
Boudjellal le dit lui-même, d'ailleurs; c'est dans la stratégie commerciale du club de faire le buzz. On communique sur des noms, des stars, des images, qu'on fait venir à grands frais. Voir sa dernière interview sur le financement du club: "Au rugby on a l’habitude de dire que la star c’est l’équipe. Pas chez nous. La star est allégorisée par les deux ou trois recrues de l’année, au RCT. Je construis alors l’image du club autour d’eux, avec un renouvellement incessant des produits."
Après, par contre, quand il s'agit sportivement de faire tourner l'équipe, tu as raison: si le petit issu du club gagne sa place, la star fera banquette. Peut-être même que Boudjellal a fait venir Laporte parce que lui (contrairement à Saint-André, par ex.) a cette capacité et cette expérience qui lui permettent de dire à un cador: dimanche t'es sur le banc parce que t'as pas été bon.
Et s'il est vrai que sur les gros matchs, Laporte "assure" avec des gros calibres, faut être honnête: sur le terrain, il y a réponse (voir le match de Juan Smith samedi), et pour cette finale, en première mi-temps, le maillon faible de l'équipe, c'était... Chiocci, courageux mais qui a souffert devant Matt Stevens. Mais au moins il a appris, comme Menini qui a fait une belle rentrée, comme Bruni et son déboulé le long de la ligne.
Il faut cesser de dénigrer Toulon et son équipe de stars, pas en mettant en avant ses jeunes (bien qu'il y en ait plus que dans d'autres équipes...), mais parce que les autres clubs font pareil, et que ceux qui n'ont pas les moyens feraient pareil s'ils les avaient.
Toulon ne précipite pas le rugby dans le fric, il joue à fond le jeu du rugby professionnel, et c'est la seule carte à jouer parce que maintenant on ne reviendra plus en arrière; avec un autre type de financement, moins de déclarations et de buzzz, Toulouse a fait pareil pendant des années sans que l'on crie au scandale, derrière le rideau de fumée de Novès et de ses internationaux kidnappés pendant le Tournoi et les tests, puis Clermont a suivi, Le Racing idem, Montpellier maintenant, qui plus tard ?
La conséquence malheureuse c'est que les clubs qui n'ont plus les moyens tirent la langue et sportivement ne sont là que pour espérer se sauver, et au-delà du sportif la descente de l'Usap (ou de Biarritz) n'est qu'une conséquence de ce nouveau modèle économique du toujours plus, ou même un petit peu moins signifie danger.
Et ce n'est qu'un début.