Cloches électrifiées malgré le risque de court-circuit, long délai pour alerter les pompiers, ouvriers qui fument sur les échafaudages... de nombreuses erreurs ont été commises avant l’incendie du 15 avril, révèle
Le Canard enchaîné.
À qui incombe la responsabilité de la catastrophe de Notre-Dame de Paris?
Si les enquêteurs favorisent pour l’heure la thèse accidentelle - les chefs de «destruction involontaire par incendie ont été retenus» par le parquet -, des failles de sécurité auraient retardé l’intervention des pompiers, le soir du drame.
Le Canard enchaîné, dans son édition de mercredi, révèle que les soldats du feu n’ont été appelés que trente-cinq minutes après la première alerte incendie, contre vingt minutes annoncé officiellement. Ce retard est dû, d’après l’hebdomadaire, à «une série d’erreurs humaines».
Si une première alarme a effectivement retenti cinq minutes après l’alerte du détecteur de fumée, celle-ci a été considérée comme une «fausse alerte». Le régisseur et un agent de sécurité de la cathédrale, envoyés sur les toits pour vérifier la véracité de l’alerte, n’auraient rien trouvé. La faute, selon eux, à un employé du PC sécurité de la société Elitys, qui n’aurait pas correctement indiqué la zone concernée. Contactée par le journal, l’entreprise dément formellement. Finalement, le régisseur et l’agent de sécurité sont parvenus à localiser les flammes à la base de la flèche, avant de prévenir les pompiers, 35 minutes après les premiers signaux du détecteur de fumée.
«Fumer sur les échafaudages»
Concernant la source du feu, la Brigade criminelle privilégierait aujourd’hui «la piste du court-circuit». En cause, «les moteurs des ascenseurs des échafaudages et les boîtiers électriques nécessaires aux travaux». Problème: ces matériaux se trouvaient loin du point de départ de l’incendie. Selon
Le Canard enchaîné, des ouvriers, interrogés par la police, ont avoué qu’il leur arrivait de «fumer sur les échafaudages». Une pratique strictement interdite. Sept mégots auraient d’ailleurs été retrouvés sur les lieux. Pour autant, il est «hors de question» que cette négligence soit à l’origine de l’incendie, s’est défendu le porte-parole de l’entreprise Le Bras Frères, Marc Eskenazi.
Des responsables de la cathédrale, interrogés par le journal, ont en outre confirmé que des fils électriques couraient dans les combles du monument, l’exposant à des «courts-circuits». Une pratique interdite par tous les règlements de sécurité. Quant à la flèche, elle abritait trois cloches. Celles-ci ont été électrifiées «au début des travaux de rénovation des grandes cloches des beffrois» en 2012, selon l’hebdomadaire. Malgré la fin des travaux, l’électricité n’aurait pas été coupée. Le jour du drame, les cloches auraient tinté lors des messes de 8 heures, 9 heures, midi et 18h04, soit douze minutes avant la première alerte du détecteur de fumée.
Des colonnes sèches insuffisantes
Autre faille: le plan incendie, mis en place par la direction régionale des affaires culturelles, n’aurait pas été respecté. Ce dispositif prévoyait notamment la mise en place d’un PC sécurité 24h/24, avec deux surveillants payés par l’État. Or, un seul homme était présent et seulement de 8 à 23 heures.
Enfin, les colonnes sèches, censées pouvoir être raccordées en extérieur à une source d’eau, ne permettaient pas de délivrer plus de 200 à 500 litres par minute. «Le débit pour éteindre un départ d’incendie mais pas un brasier de grande ampleur», croit savoir le journal satirique. Cette insuffisance aurait contraint les pompiers à battre en retraite avant de remonter plus tard, armés de lances plus puissantes.