La chronique (de Jérôme) Els de Paris (à retrouver sur
https://www.elsdeparis.com/ ):
26 février 2018
MONTAUBAN – USAP 20-22
BAND OF BROTHERS
On a beau avoir pris l’habitude de la joie de notre troupe sang et or dans les vestiaires adverses, de cette photo prise en territoire tarn-et-garonnais samedi après-midi, on ne se lasse pas ! D’abord parce qu’on a assez souffert, les autres années, de voir nos garçons tant de fois débarquer en terrain hostile et repartir la tête et la queue basses, mais aussi parce que cette victoire marque un coup immense, plus encore que celle déjà glorieuse de Grenoble.
D’abord parce que l’adversaire est encore un cran au-dessus, la phalange montalbanaise proposant un collectif bien plus redoutable que les chasseurs alpins dont le goût des montagnes russes a encore été démontré ce week-end chez nos voisins pourtant en déconfiture. Mais aussi parce que ce match était coché, planifié, et attendu des deux côtés. Un vrai sommet, entre une USM dos au mur après deux revers, dont un absolument pas dans le plan de vol, et une USAP dont la dernière sortie, loin de l’aimable manœuvre d’entraînement prévue contre des Bretons coriaces, avait montré que ses généraux avaient sans doute déjà la tête à la bataille de Montauban…
Tout au long de la semaine, la pression était montée, et on se doutait bien qu’on allait assister à un choc au sommet, une victoire garantissant quasiment une campagne de printemps avec l’avantage du terrain pour engager la bataille de Toulouse. L’USAP ne s’y trompait pas et alignait sa meilleure troupe, même si elle devait laisser sont artilleur en chef à l’infirmerie, ce qui ne manquait pas d’inquiéter sur un match aussi serré et face au meilleur canonnier de la division, placé en retrait pour mieux pilonner nos lignes.
C’est peu de dire que le match fut conforme à l’attente, même si la stratégie montalbanaise pouvait surprendre. En effet, loin d’opter pour leur classique tactique d’usure dans le combat de tranchées, nos adversaires se lançaient dans de grandes offensives, dont la première manquait de peu de nous toucher de plein fouet. La charnière Chaput – Fortunel lançait tout de suite la cavalerie, bien soutenue par les tirs de barrages de Jérôme Bosviel.
Nos joueurs ne manquaient pas de répliquer, avec une belle percée d’Ecochard ou une grosse occasion d’un Eru encore monumental, mais sans suffisamment de maîtrise des événements, comme le montrait des ratés devenus rares en touche, mais auxquels nous répliquions assez bien, signe que les états-majors avaient abondamment étudié l’adversaire.
La première munition venait sur une bonne mêlée, et Enzo Selponi, titulaire des clés du camion, nous rappelait pourquoi il peut nous inquiéter en ratant un tir pourtant bien moins compliqué que ceux que notre Martin Fourcade enfile à la chaîne. Mais peu après, sur un contre en touche de Eru, il nous rappelait aussi que son pied pouvait être une arme chirurgicale et envoyait Jens Torfs poser la première mine dans le campement vert et noir, pour un premier essai hélas non transformé.
Malheureusement, comme un reflet de l’action précédente, un en-avant d’Eru donnait une munition parfaitement exploitée par les locaux, bien aidés par une défense trop naïve ou encore grisée de son premier essai. Le décor était définitivement planté d’un premier assaut équilibré, où notre ouvreur trouvait enfin la mire avant que Bosviel ne réplique sur une action où on pouvait s’estimer heureux de ne prendre que trois points. La pause arrivait sur ce score très serré.
On pouvait craindre une grande offensive des locaux pour la reprise, autant dire qu’on n’était pas déçus. Notre troupe était mise sous pression immédiatement, et quand notre ouvreur se faisait contrer pour un essai immédiat, puis qu’une nouvelle salve nous mettait au bord du gouffre, on revoyait le spectre de tant de matches où notre équipe perdait le fil et capitulait piteusement en rase campagne.
Mais notre escouade est désormais d’un autre bois, elle a développé des ressources mentales inédites, et une capacité à renverser les matches de plus en plus affirmées. Avec une solidarité défensive jamais démentie, illustrée notamment par un Jens Torfs monumental au tampon et au ballon prisonnier, un banc qui s’avérait supérieur à celui pourtant très dense de Montauban, avec un Lam et un Labouteley impériaux au sol et dans les airs, nos joueurs commençaient à monopoliser le ballon, et les locaux ne voyaient plus nos lignes défensives que de loin.
Et plus que tout cela, notre équipe ne cesse jamais de croire en son destin. Et sur une nouvelle ogive parfaitement dosée, Enzo Selponi offrait un nouvel essai, cette fois à notre tête brûlée Mathieu Acebes. La suite du match se résumait à un combat incertain en milieu de terrain, où notre détermination butait sur les fortifications vertes et noires, jusqu’à ce que le match tourne en trois temps : d’abord, fait rare, avec un premier coup de pied raté par l’artilleur local. Ensuite, fait nettement moins rare, par une charge irrégulière de Pierrick Esclauze laissant ses camarades en infériorité numérique. Enfin, avec cette balle de match où le poteau choisissait de ne pas nous achever et de nous donner une dernière cartouche. La suite, on la connait : une offensive menée par un Deghmache jamais aussi bon que quand il rentre en jeu, et notre ouvreur laissait le costume de mister Hyde pour prendre celui du sauveur, avec une magnifique prise d’intervalle qui finissait sous les perches à la dernière seconde.
Le coup était sévère pour Montauban, tellement que ses dirigeants ont choisi de contester le résultat d’une façon qui nous semble peu digne des lois du combat… Mais quoiqu’il en soit, on a vu samedi quelque chose qu’on n’avait pas vu depuis des années à l’USAP : un groupe fort, uni, résilient, une vraie bande de frères d’armes, comme le signalait Mathieu Acebes sur son réseau social préféré. On sait que ce genre de lien se forge dans la difficulté puis dans les résultats, et dieu sait si notre équipe a eu son lot de tuiles cette année, et qu’il peut nous mener très loin…
La dernière fois que l’USAP a gagné à Sapiac, la dernière fois qu’elle a autant gagné à l’extérieur, c’était lors de la saison 2009. On ne peut pas dire si la fin de cette saison sera si glorieuse, on peut même dire que finir premier l’année où cela ne sert plus à monter est digne du destin de notre équipe, mais quoiqu’il arrive, on peut se dire que cette USAP est taillée pour les grandes batailles, et que l’avenir, immédiat ou plus lointain, lui appartient !