Article de l'Equipe sur la promotion de Marty
Patrick Arlettaz prend de la hauteur, David Marty promu entraîneur en chef de l'USAP
Maintenu en Top 14, Perpignan a étoffé son staff avec notamment la promotion interne de l'ancien deuxième-ligne Guillaume Vilaceca, qui sera en charge des avants, tandis que Patrick Arlettaz passe manager et David Marty entraîneur en chef.Quelques jours après la reprise de l'entraînement, Patrick Arlettaz et David Marty se sont posés en conférence de presse lundi midi, taquins et tout sourire, dans une salle climatisée à quelques mètres du terrain d'entraînement de Perpignan, exposé au cagnard. Les deux complices se connaissent par coeur. Le sang USAP coule dans leurs veines et leur profonde amitié semble booster leur relation professionnelle. « C'est un avantage de bien se connaître mais ça pourrait être un inconvénient si on n'osait pas se dire les choses, glisse Arlettaz avant de sourire. Mais quand on est amis et catalans, on ne passe pas deux jours sans s'engueuler donc ça limite sacrément ce risque. »
Les rôles respectifs des deux hommes vont évoluer cette année. Patrick Arlettaz (50 ans) passe « manager » au sens large du terme tandis que David Marty (39 ans) devient entraîneur en chef. Le staff compte toujours dans ses rangs Perry Freshwater (mêlée et mauls) et Gérald Bastide (défense) et est renforcé par un autre illustre ancien, Guillaume Vilaceca (touche et jeu d'avants), qui a passé dix saisons sous le maillot sang et or (2007-2017) et a entraîné les équipes de jeunes (Crabos puis Espoirs) depuis la fin de sa carrière. La fibre catalane s'épaissit dans une sorte de plan de succession logique suivi par Marty et Vilaceca depuis la fin de leur carrière de joueur.
« On avait pris beaucoup de retard là-dessus et on le rattrape avec, en plus, des mecs du coin et qui sont compétents. »
Patrick Arlettaz, nouveau manager de Perpignan.
« Cela fait six ans que je suis dans un rôle d'entraîneur, reprend Patrick Arlettaz.
Les vidéos, les entraînements, les compositions d'équipe... C'était le moment pour moi d'évoluer là-dedans, à condition qu'on trouve les bonnes personnes dans le staff. J'ai donc fait cette proposition au président (François Rivière)
à l'intersaison pour faire évoluer les choses dans l'encadrement. » Il s'agit autant de combler un poste de manager-directeur sportif laissé vacant depuis
le départ de Christian Lanta en 2019 que de renforcer un staff bien maigrelet pour une équipe de Top 14.
« Le président est mon patron, je suis le patron de ''Zaza'' (Marty)
et il est le patron des joueurs », schématise ensuite Arlettaz en se tournant vers son voisin.
« Moi, je m'occupe du terrain et rien que du terrain », ajoute Marty. À 39 ans, l'ancien trois-quarts centre (37 sélections et toute une carrière de joueur à Perpignan, arrêtée en 2016), avait rejoint le staff de l'équipe première il y a un an après plusieurs saisons auprès des Crabos puis des Espoirs - où il a déjà travaillé avec Vilaceca - et un passage dans le staff de l'équipe de France U20 développement en 2020-2021.
David Marty prend donc du galon avec ce rôle d'entraîneur en chef et de
« décideur », dixit Arlettaz, qui ne va pas non plus quitter les terrains d'entraînement ni le box du staff en tribune les jours de match mais va se tourner vers un rôle plus large sur la politique sportive du club, ce qui inclut le recrutement, l'administratif, le management du staff, la communication et une plus grande proximité avec la direction du club.
« Tu vas garder les crampons et enfiler le costume », image un confrère.
« C'est exactement ça », se marre Arlettaz qui tient un pari dans la foulée : après la première victoire en Top 14, ce sera un lundi au club en costard-crampons.
« On était l'un des seuls clubs du Top 14 à n'avoir qu'un entraîneur des avants (Freshwater), enchaîne Marty,
donc il était nécessaire dans l'évolution du club de nous renforcer. »« On avait pris beaucoup de retard là-dessus et on le rattrape avec, en plus, des mecs du coin et qui sont compétents », acquiesce le néo-manager.
« Oui, je prends plus de responsabilités mais je ne fais qu'augmenter finalement le curseur de la pression du résultat et l'envie de la gagne que j'ai envie de me mettre. »
David Marty, nouvel entraîneur en chef de l'USAP.
On comprend entre les mots que la transition vers un poste à plus haute responsabilité s'est faite aussi en cours de saison dernière, entre un David Marty se peaufinant dans le rôle d'entraîneur et un Patrick Arlettaz désireux de prendre (un peu) de recul.
« On a bien bossé ensemble la saison dernière, mon rôle va évoluer mais ce n'est pas une révolution non plus, assure Marty.
Si je suis prêt ? On verra dans trois mois (sourire)
mais je fais tout pour l'être. C'est mon club. Bien sûr que je sens le poids sur mes épaules mais je l'ai bien connu en tant que joueur et l'an dernier aussi dans le staff. Oui, je prends plus de responsabilités mais je ne fais qu'augmenter finalement le curseur de la pression du résultat et l'envie de la gagne que j'ai envie de me mettre. C'est mon boulot après tout. Et je n'ai aucun problème à dire que si on est difficulté, Patrick pourra aussi intervenir, pas de soucis. »
« Il n'est pas lancé comme seul responsable de ce qui va se passer, tempère Arlettaz dans la foulée.
Il a la pression comme il l'avait l'année dernière, plus de responsabilités. Mais le vrai responsable, c'est moi car c'est moi qui ai proposé cette évolution. Donc s'il faut taper sur quelqu'un, tapez sur la bonne personne, moi en l'occurrence. » Nouveau sourire des deux hommes et dernière vanne du patron du sportif quand on évoque les jours de match :
« Je resterai en haut mais comme il est possible que ''Zaza'' se fasse expulser... Il a du boulot pour me rattraper, j'ai placé la barre très haut mais comme pour les sélections en équipe de France (Arlettaz en a une, en 1995)
, il pourrait bien me dépasser allègrement. »
Le maintien comme objectif
Treizième du Top 14 la saison dernière, Perpignan s'est sauvé en remportant le match de barrage à Mont-de-Marsan, finaliste de Pro D2 (16-41). Cette saison,
« l'objectif reste le maintien, c'est clair et évident, assure David Marty.
Et si on a le maintien en évitant ce match qu'on a tous mal vécu avec cette peur de tout perdre, c'est bien. » La lutte s'annonce farouche avec le promu bayonnais et Brive,
« deux adversaires qu'on a ciblés », dixit l'entraîneur catalan. Brive est d'ailleurs attendu à Aimé-Giral dès la deuxième journée, le 10 septembre.
« Ce sera un match très important, on ne va pas le cacher, poursuit Marty.
On sait que plus on prend de points au début, mieux c'est. Maintenant, on n'est plus un promu, on sait où on met les pieds mais le danger serait de se dire qu'on a moins peur. J'espère qu'on ne va pas tomber dans ce panneau-là. » R. Be.