USAP : les supporters ont la parole
Suite à notre dossier consacré à la baisse de fréquentation au stade Aimé-Giral, les supporters de l'USAP ont pris la parole.
Ils ont été nombreux à témoigner par mail et téléphone lundi et mardi. Des témoignages parfois farfelus, d'autres fois pleins de bon sens, surtout quand on sait que pour certains, venir au stade est un "sacrifice". La rédaction a fait le choix de publier leurs avis et suggestions pour que la Cathédrale vibre à nouveau à chaque match.
Satané horaire. "L'USAP, ce n'est pas que le club de Perpignan, mais de tout un département". De nombreux supporters de Cerdagne, Conflent, Vallespir et de la Salanque fulminent contre les horaires "trop tardifs" et les "matchs les jeudis et vendredis soir surtout en hiver". Cela expliquerait que les 9 000 abonnés que compte l'USAP cette année ne se rendent pas à tous les matchs de leur équipe favorite. "La majeure partie des matchs se déroule à 20 h, 21 h et quasiment jamais le dimanche. Or quand on vient de loin, c'est un véritable dilemme, surtout quand on travaille le lendemain", note André de Saint-Laurent-de-la-Salanque. Henri d'Elne partage cette analyse, "je comprends les impératifs de la télévision, mais jouer à 21 h en hiver ou le jeudi en Coupe d'Europe, c'est un non-sens". Pour Thierry de Céret, les horaires imposés par les télévisions sont "problématiques. On sert de bouche-trou à Canal + qui se moque bien de savoir si Aimé-Giral est plein ou pas". Pour beaucoup de supporters qui travaillent ou qui viennent de loin, le retour des matchs le dimanche après-midi serait la meilleure solution et tant pis si cela a un impact sur les audiences télévisées.
Satanée inflation ! C'est le sujet délicat par excellence. Le club a besoin de ces recettes pour construire une équipe compétitive, mais prend le risque de voir les personnes aux moyens limités faire une croix sur leur abonnement à l'année. Ils ont été nombreux à dénoncer l'augmentation des abonnements depuis le titre de champion de France en 2009, surtout en cette période de crise. C'est l'avis de Jean-François de Bages. "On a pris 200 € d'augmentation en trois ans. Ça me coûte 630 € à l'année pour un spectacle pas toujours à la hauteur. Qui plus est, on a dû payer les places pour les matchs amicaux, 15 à 25 €". Une approche que partage Gérard. "Moi, mon abonnement est passé de 220 à 305 € en virage, c'est une raison de la désaffection du public et non le jeu pratiqué". Geneviève aimerait "que le club prenne les devants. On pourrait imaginer que vu la crise, il y ait des réductions pour les couples et qu'à partir de trois personnes de la même famille, on puisse étaler le paiement de l'abonnement tout au long de l'année sans frais". Marcel, de Villelongue-de-la- Salanque, confirme que le prix des abonnements en ce temps de crise a fait fuir bon nombre de supporters. "Serait-il possible de créer un système avec les supporters abonnés, afin de pouvoir déduire de l'impôt sur le revenu un pourcentage du montant de l'abonnement qui deviendrait une cotisation ? Cette formule est pratiquée au niveau de l'Union nationale des œnologues et cela fonctionne très bien". Bruno pose le problème ainsi : "Vaut-il mieux vendre 10 abonnements à 400 € ou 12 abonnements à 350 € ? Après le sportif est secondaire car quand on est supporter, on prend du plaisir à chaque fois que l'on voit son équipe jouer". Nombreux ont été aussi ceux qui dénoncent les prix excessifs des différentes buvettes "où le supporter est pris pour une vache à lait", dixit Gérard. Effectivement, un paquet de chips à 3 € et une bière à 4,5 €, c'est un peu fort de café.
Identité identité ! Sur ce point, René Massines suggère de créer "un club de haut niveau représentatif des deux départements (Aude et P.-O.) avec une ossature de joueurs formés au club. Nous serions capables de vibrer très fort avec nos frères gavatxs". Jean-Luc propose que le club "forme mieux des joueurs, qu'ils soient Catalans ou non et auxquels on s'identifie parce qu'ayant des origines proches des nôtres et dont on a suivi le parcours. Après, nous avons besoin de stars qui font rêver et pour lesquelles les supporters sont prêts à faire des sacrifices. Pour cela, il faut accepter la venue d'un mécène". Pour Thierry, l'erreur a été commise par les dirigeants de faire "partir les joueurs du cru comme Goutta, Porical et l'an prochain Mas. C'est notre identité catalane qui s'en trouve dissoute, sans parler du fait que les joueurs étrangers ne mouillent pas le maillot de la même façon. Avec tous les joueurs catalans éparpillés dans le Top 14, on pourrait faire une sacrée équipe". Une fuite des talents que confirme André. "Ne pas savoir retenir des joueurs comme Grandclaude, Boulogne, Planté, Mélé et sans doute d'autres dans les prochains jours, c'est refuser de faire confiance à l'avenir en se privant des talents de demain". Robert pointe du doigt l'implication de certains joueurs. "On a l'impression que les internationaux se ménagent, alors qu'auparavant nous n'avions pas d'internationaux et tout le monde se 'défonçait' à Aimé-Giral". Pour Jacques, "l'ambiance serait trop 'gentille' dans les tribunes d'Aimé-Giral. On en a marre d'un public pacifique. Il faut transmettre une rage de vaincre communicative aux joueurs et dirigeants plutôt que siffler les équipes visiteuses, ce qui n'apporte rien".
Les abords du stade. Geneviève résume très bien la situation. "Quand vous perdez du public, il est très difficile de le faire revenir au stade". René Massines envisage "d'inviter régulièrement des bandas ou des groupes de musique locale pour mettre l'ambiance avant le début de la rencontre". Pour André, on pourrait "prendre exemple sur ce qui se fait dans les terrains au Pays Basque où il y a beaucoup d'animation culturelle et identitaire. Malheureusement à Aimé-Giral, ça manque". Vous semblez aussi regretter comme André de Rivesaltes l'absence d'un grand parking. "C'est une catastrophe quand on n'est pas de Perpignan. On perd un temps fou dans les navettes ou pour trouver une place". C'est l'avis également de Gérard : "C'est une grosse galère pour les gens qui viennent des villages au-delà de 50 km".
Refondre la Coupe d'Europe. L'Amlin Cup est la cible de nombreuses interrogations des supporters comme Jean-Luc. "Ce n'est pas une compétition digne de ce nom avec ses équipes exotiques". André aimerait qu'on remette à plat les différentes compétitions européennes. "Il faut redonner de la valeur à l'Amlin Cup avec des équipes de talent dès la phase de poule. Pour la H-Cup, on pourrait imaginer une compétition européenne de province avec les meilleurs joueurs de chaque région : là ça aurait de la gueule !"
indep