Sur le Rugbynistère
S'il n'a pas eu autant d'occasions qu'en Pro D2, Jaminet a été très propre la majorité de son match. Jusqu'aux 10 dernières minutes, et cette passe dans le vide.
On parle souvent du côté exotique de ces tournées, de ces périples un peu « on the road » à l’autre bout du monde - comme le dit Raphael Ibanez - et de la difficulté qu’elles représentent. Que ce soit parce qu’elles arrivent après une saison à rallonge (13 mois, ici) mais aussi parce qu’elles impliquent souvent de jeunes joueurs pas habitués à évoluer dans de pareils contextes, face à des garçons qu’ils ne connaissent pas, à 20 000 kilomètres de chez eux. Alors imaginez lorsque le premier Test de celle-ci s’effectue après 14 jours d’isolement et, dans la foulée, 3 heures d’avion, l’entraînement du capitaine une fois le pied posé au sol et une courte nuit de sommeil. Et qu’au bout du bout, car sinon ce n’est pas drôle, vous fêtiez ce jour-là votre 1ère sélection, alors que vous n’avez jamais mis les pieds sur un terrain de
Top 14 ! Pas facile, hein ? Et pourtant, c’est bien ce qu’à fait
Melvyn Jaminet ce mercredi matin au Suncorp Stadium de Sydney. Et pour ainsi dire, ce rappel pour prévenir ceux qui foudroieraient ces petits Bleus - et Jaminet y compris - un à un pour leur défaite à la sirène qu’ils se sont que des langues de vipère, ni plus, ni moins.
Bien sûr, loin de nous l’idée de brosser dans le sens du poil toutes les ouailles de Fabien Galthié au moment de faire les comptes aujourd’hui, mais inutile non plus de tirer à boulets rouges sur une équipe à 9 sélections de moyenne qui a pourtant mené de A à Y sur une terre où ses aïeux se s’étaient pas imposés depuis 1990.
Jaminet ? Il n’a pas été parfait, non. Mais ceux qui ne retiendraient que sa boulette de fin de match (sur laquelle nous reviendrons ci-dessous) auraient alors la mémoire franchement très sélective. Car avant ça, le Catalan s’est appliqué à trouver une touche de 60 mètres dès la 2ème minute de jeu alors que les Bleus étaient sous pression, rapidement jouée ensuite, certes. S’il n’a ensuite pas - pu - autant tenté qu’à l’accoutumée avec l’USAP, c’est qu’il a simplement compris que le niveau international n’offrait évidemment pas autant d’occasions de briller que n’en propose la ProD2, c’est un fait.
Pour autant, cela ne l’a pas empêché d’être autoritaire sur le premier jeu au pied de pression australien, puis de remettre les Bleus dans le sens de la marche grâce à son 1er franchissement plein de fougue et 2 défenseurs battus (Koroibete et Phillips) au passage. Fidèle au plan de jeu et donc bien placé en 3ème rideau (une zone que sont très peu allés chercher les Australiens jusqu’à la rentrée de McDermott) la majorité du temps, c’en était tout pour sa première période, à l’exception de sa belle ogive de 50 mètres en suivant, qui perturba la réception de Lolesio jusqu’à lui faire commettre un en-avant dans son camp.
La suite ? Une seconde période pas beaucoup plus fournie que la première, mais un peu moins propre, il est vrai. D’abord, on notera cette belle course tranchante au ras d’Arthur Vincent à la 45ème minute de jeu, qui eut le mérite de mettre la défense australienne en difficulté et de permettre une sortie rapide en dans la foulée. Que son duel perdu dans les airs en fin de rencontre et sa chandelle la plus haute de l’année, mais directement en touche (72ème) firent un peu oublier. Néanmoins, combien peuvent venir s’asseoir à votre table et vous dire : j’ai marqué plus de points en équipe de France qu’en Top 14 dans ma carrière ? Jaminet le peut, lui, puisque sa pénalité excentrée de 46 mètres pour redonner 8 points d’avance aux Bleus à l’heure de jeu lui a permis d’ouvrir son compteur en sélection, et de quelle manière !
Enfin, on le vit également s’accrocher en défense sur le franchissement de
Taniela Tupou (77ème), pas suffisant pour faite tomber la bête de 132 kilos, mais assez pour la ralentir et que Woki le reprenne. Avant cette malheureuse passe pour Penaud, ou plutôt pour personne, qui in fine aboutira à la pénalité de
Noah Lolesio et la victoire australienne. Néanmoins, sur l’action, c’est à la fois l’alignement français qui fut bousculé, puis Iribaren qui, chassé par Tupou, lui refila la patate chaude, à laquelle un Jaminet sur le reculoir ne s’attendait vraisemblablement pas. Cruel ? Pour sûr. S’est-il grillé sur une action ? On jurerait que non. Les talents supérieurs reviennent toujours ! Rendez-vous dans 10 jours pour cette fois nous donner la victoire, Melvyn !