Il est arrivé chez lui, à Toulon, sur les coups de midi, ce mercredi. Hier encore, Maxime Mermoz était à Marcoussis, dans les rangs du XV de France. Mais comme son partenaire de club Mathieu Bastareaud, le trois-quarts centre du RCT a été écarté de la liste des joueurs retenus pour continuer à préparer le premier test-match de l'automne face à la Nouvelle-Zélande, samedi, au Stade de France.
"C'est une déception, mais je ne suis pas surpris, a d'abord confie un Mermoz "fataliste", cet après-midi. En juin dernier, lors de la tournée en Nouvelle-Zelande, je ne faisais déjà pas partie des plans (il avait très peu pris part aux matches, NDLR). De toute facon, c'est un peu toujours le même scénario, pour moi, en équipe de France, depuis que le nouveau staff a pris ses fonctions (à l'hiver 2011-2012). On m'a d'abord fait comprendre (lors du premier semestre 2012) que les résultats de Perpignan (son précédent club) ne plaidaient pas en ma faveur pour une sélection. Puis, après des tournées d'été et d'automne, au cours desquelles je n'avais pas démérité, on m'a sorti du groupe durant le Tournoi des Six Nations (en février dernier) au bout de deux matches (defaites en Italie et devant le Pays de Galles), alors que je n'avais pas eu le sentiment d'être passé plus à côté qu'un autre. Certes, après avoir enchaîné huit mois de compétition avec le RCT, j'etais peut-être fatigué, mais d'autres l'étaient sans doute tout autant que moi."
"Le staff fait des choix et il faut les accepter"
La phrase est lâchée. Entre Mermoz et le trio de sélectionneurs Saint-André - Bru - Lagisquet, le malentendu - s'il existe - vient d'ici. L'ancien Perpignanais a visiblement le sentiment de ne pas bénéficier du même traitement que ses partenaires du centre de terrain.
"Attention, je ne suis pas en train de dire que ceux qui sont retenus à ma place ne sont pas légitimes, surtout pas, car ce sont tous de bons mecs très talentueux, précise-t-il, respectueux de ses coéquipiers et de la hiérarchie. De même, le staff fait des choix et il faut les accepter. Mais j'ai souvent l'impression d'être le mec de trop à chaque fois; celui que l'on appelle dans le groupe des 30, qui fait travailler les autres durant les stages de préparation et qui, à la fin, reste en tribune ou fait son sac pour repartir chez lui."
"On m'a toujours dit que le travail payait et là..."
C'est donc ce qu'il a fait, ce matin, avec des sentiments mêlés. "C'est frustrant, reconnaît-il, car j'ai le sentiment que quoi que je puisse faire, cela ne sera jamais suffisant à leurs yeux (ceux des sélectionneurs). On m'a notamment demandé d'être davantage marqueur d'essais, et bien, je m'y applique avec le RCT depuis le début de la saison. Or, au final, ce n'est visiblement pas assez pour eux. Je fais tout pour répondre aux attentes, je suis très régulier depuis plusieurs mois en club, je continue de m'y employer durant les stages du XV de France, mais cela n'est pas suffisant. C'est une situation compliquée pour moi. Pourtant, je ne me sens pas en dessous des autres, certainement pas."
Samedi soir, Mermoz ne sera cependant pas sur la pelouse du Stade de France, face aux All Blacks qu'il avait notamment affrontés en finale de la Coupe du monde en 2011 (7-8).
"Après le Mondial, poursuit-il, je pensais que l'on me confierait davantage de responsabilités. J'étais prêt à les assumer. Or, cela n'est pas le cas. C'est chiant. J'ai l'impression qu'il faut une épidémie pour que je puisse avoir une place au sein de cette equipe de France. Au mieux, je vais vraisemblablement me battre pour figurer dans le groupe des 30 pour la prochaine Coupe du monde. C'est regrettable car on m'a toujours dit que le travail payait, et là, je fais les efforts nécessaires, je m'investis, je progresse, mais ça ne paye pas avec l'équipe de France. Je vais continuer à me battre néanmoins; je ne vais pas lâcher. J'ai l'habitude de nager à contre-courant. En tout cas, je suis sûr de mes forces. Je vais prouver que l'on peut véritablement compter sur moi dans les rangs du XV de France. C'est un vrai objectif. Je ne vais surtout pas cracher sur la sélection, car c'est un honneur que d'y figurer."
