Qui connait Marcel Sembat?Je suis né rue Marcel Sembat et jusqu'à l'age de 11 ans j'ai vécu en vase clos dans ce petit périmétre centré sur la place de la Liberté à St Gaudérique,vers laquelle toutes les rues en l'honneur des hommes de la troisiéme république convergent (Rue Marcel Sembat,rue Jules Guesde,rue Edouard Vaillant,rue Emile Combes).J'ai encore en mémoire les plaques de rues bleues émaillées,abimées par les tir à la "fronde"des garnements du quartier auxquels j'appartenais.Ainsi dés que survint l'age de réflexion,j'ai cherché à savoir qui fut ce Marcel Sembat,dont je n'avais entendu parler ni à l'Ecole primaire,ni au Lycée.Je ne savais rien de lui,son nom ne figurant méme pas dans le "Petit Larousse" et le Net n'existant pas.Au début des années 2000,j'ai découvert une biographie,la seule encore à ce jour ,qui lui était consacrée."Marcel Sembat socialiste et Franc maçon".de Denis Lefebvre".Car on a peu écrit sur Marcel Sembat,lui qui révait de laisser une trace dans l'Histoire de son pays,fut oublié.Oublié dans l'ombre des géants de l'époque,les Jaurés,Guesde,Vaillant,Blum.Il fut pourtant un homme trés important à l'époque,important et influent,député sans discontinuer pendant plus de vingt ans et ministre en 1914 d'un gouvernement de coalition.J'ai découvert un personnage complexe,attachant,parfois contradictoire,rongé par le doute,aux pensées parfois sombres.Un bourgeois passionné qui embrassa le socialisme non pas par un quelconque atavisme ou parce qu'il aurait vécu à quelque moment que ce soit les conditions faites au "peuple" à cette époque,mais simplement par ses lectures.Il était un fou de lecture.Il devint un militant sans relache de la liberté ,de le justice sociale,de l'amélioration du sort des femmes,de la laicité apportant son soutien sans réserves à Emile Combes.Il fut aussi un passionné des arts,de la peinture et de Matisse en particulier à qui il consacra un ouvrage "Matisse et son oeuvre".Passionné aussi pour les sciences qu'il consdérait comme le moteur de l'évolution du 20 iéme siécle naissant.Ses contemporains disaient de lui qu'il fut un orateur hors pair.Engagé corps et ame dans le mouvement socialiste,il fut aussi un franc maçon trés impliqué,longtemps vice président du Grand Orient de France et miltait pour une maçonnerie détachée de la politique.Un engagement qui lui sera reproché par Jules Guesde le "théoricien" du mouvement.Dans la deuxiéme partie de sa vie,malade,il perdit un peu de sa fougue et sortit complétement ébranlé du congrés de Tours,qui malgré ses efforts acharnés et constants pour maintenir l'unité du mouvement socialiste,se termina par la scission que l'on connait.Mais Sembat restera fidéle à ses amitiés en restant aux cotés de Leon Blum qui avait été son brillant directeur de cabinet lorsqu'il était ministre.
Rongé par la maladie,la fin de sa vie fut plus terne.En bon bourgeois,il ne changea jamais ses habitudes.Sitot le combat politique à la chambre terminé,il rentrait chez lui retrouver sa femme,une artiste peintre de renom à l'époque qui signait ses toiles sous son nom de jeune fille Georgette Agutte.Tel ses oiseaux des pays chauds,ils furent "inséparables"jusque dans la mort.Georgette sacrifia sa carriére de peintre pour ne jamais s'écarter de son mari.Sembat malade le couple se retira à Chamonix.Elle peignait ,lui continuait ses lectures et sa réflexion ainsi que la rédaction d'un journal intime étonnamment intitulé "Les cahiers noirs"dont une grande partie fut publiée dans les années 80.Sembat s'y livre comme personne,dans le détail,sur son action politique,ses engagements,ses angoisses et ses doutes constants,mais aussi dans une description de sa vie privée au quotidien en compagnie de son inséparable épouse.Le jour de sa mort,le 5 Septembre 1922,sa femme reçoit quelques visites de condoléances,puis enfin seule avec son mari,elle écrit ses quelques mots "Voila douze heures qu'il est parti,je suis en retard"et se tire une balle dans la gorge.
Au dela de la vie de Marcel Sembat,ce livre est une occasion d'oser une comparaison entre ces hommes de la troisiéme république,habités par le sens de l'honneur,l'amour de leur pays,une certaine droiture,la culture,dans un combat quasi à la vie à la mort pour la défense de leurs idées,et le "cheptel" politique d'aujourd'hui.Un exemple ,dans le camps d'en face,l'attitude de Maurice Barrés,lui le grand écrivain,le nationaliste adversaire irréductible des socialistes,parfois odieux nota mment lors de l'Affaire Dreyfus,qui à l'annonce de la mort de Jaurés se précipita incognito au domicile de son adversaire se recueillir devant sa dépouille,tendant simplement à la fille du grand tribun une lettre ou figuraient ces quelques mots "Mademoiselle,je vous prie de recevoir l'expression de la part profonde que je prends à votre malheur.J'aimais votre père alors méme que nos idées nous opposaient l'un à l'autre,et que je devais résister à la sympathie qui m'entrainait vers lui"
Marcel Sembat socialiste et franc maçon ,à lire