J'ai ressorti un livre de Jean Pierre Le Goff,pas trés vieux,(il date de Juillet 2107)mais suffisamment pour faire echo à la crise des "gilets jaunes",s'avérer à bien des égards prémonitoire,et jeter un pavé dans la mare de tous ceux (Politiques,intellectuels,journalistes)qui répètent en boucle "on n'a rien vu venir".Non ,ils ont fermé les yeux conformément au vieil adage "plus on remue la *****,plus elle pue"et le risque d'éclaboussures est important.Ils l'on fait en ignorant des auteurs comme Le Goff et d'autres,ni écoutés ,ni entendus,.Ils l'ont fait aussi en fermant les yeux ,pour n'avoir rien à changer,sur le résultat du premier tour des présidentielles ,qui rendait, compte tenu de nos institutions,la France ingouvernable,quel qu'eut été l'heureux élu.Dans "Malaise dans la démocratie"Le Goff,sociologue et philosophe de formation,se livre à une analyse de l'évolution sociologique et démocratique de notre pays depuis trente ans mettant en lumiére "les postures et les faux semblants d'un conformisme individualiste qui vit à l'abri du réel et de l'histoire,tout en s'affirmant comme l'incarnation de la modernité et du progrés"
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ces fractures sociales et culturelles regroupent largement les fractures géographiques entre les métropoles mondialisées et des régions devenues des déserts industriels,les zones rurales éloignées des bassins d'emploi les plus dynamiques...;Dans les régions les plus touchées par le chomage,c'est le creuset(tout à la fois économique social et culturel) dans lequel s'inséraient les rapports sociaux et qui faisait la dynamique de la vie collective qui est atteint au plus profond.Il en résulte un désespoir social,un sentiment de vide et d'abandon que ni les animateurs,ni les formateurs,les médecins ,les psychologues ne parviennent à réduire.A vec le chomage de masse,ce n'est pas seulement toute une culture liée à l'histoire du mouvement ouvrier,avec ses traditions de solidarité et de sociabilité,qui s'est trouvée mise à mal,c'est l'ethos collectif de la société et l'idée méme d'un avenir commun porteur d'un progrés économique et social"
Nous sommes loin du "vivre ensemble" vendu vainement,pathétiquement par les empécheurs de réfléchir en rond,depuis des années.La crise des "gilets jaunes" n'est que l'écume d'un crise abyssale,si profonde que n'ayant pas "les armes" suffisantes pour l'exprimer dans toutes ses dimensions,elle apparait ,à travers des revendications multiformes et parfois contradictoires.Mais le "meilleur "est à venir,d'autant que ,quelle est la réponse des "elites" à ce bouleversement prévisible?Un grand débat national...rien que ça
.Le "débat" justement,voila ce qu'en dit Jean Pierre Le GOFF dans son livre
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L'érosion de la suprématie du politiquement et moralement correct au sein de la société ne signifie pas pour autant un renouveau de la réflexion et du débat.Dans l'espace public,l'expression débridée des affects et des sentiments,les accusations et les dénonciations à l'emporte piéce sont devenues des modes d'expression courants.Beaucoup de débats ou d'interviews menés par des journalistes militants restent encore structurés de la méme manière,avec une plac assignée aux gentils et une autre aux méchants.Celui qui refuse d'entrer dans ce "jeu démocratique"peut étre considéré comme adversaire de la "Démocratie" et du "Débat"."Il ne faut jamais refuser le débat",quand bien méme il a lieu avec ceux qui peuvent vous traiter vertement de tous les noms.Un tel refus peut étre interprété comme la preuve d'un rejet des vertus de la Tolérance,du Pluralisme et...du Débat.CQFD.La question est de savoir ce que l'onentend au juste par "débat"et à quelle condition celui ci demeure éclairant.Il faut poser la méme question que celle concernant la "modernisation","la réforme" ou le "changement";débattre oui,mais de quoi au juste?Quel est l'enjeu,et pourquoi faire?L'illusion ne consiste pas seulement à penser que l'on a changé les choses quand on a beaucoup discuté,mais aussi à croire que la démocratie signifie débattre pour débattre à n'en plus finir,en mettant tout le monde et tous les sujets sur le méme plan,en laissant libre cours à la subjectivité débridée,à la dénonciation victimaire et au zapping.
Eclairant non?Si l'on met ce discours en rapport avec "le grand débat national" instauré par Macron.J'ajoute que oui nous adorons le débat en France ,mais il suffit de lire l'histoire de notre pays pour comprendre qu'aucune crise importante qu'elle soit sociale,sociétale,culturelle,démocratique,n'a trouvé son issue dans un débat.On peut le regretter ,mais nous sommes le pays de la confrontation,de l'affrontement parfois violent.Les exemples sont légions et méme récents(Mariage pour tous,ecole libre,peine de mort,traités européens ,avortement,mai 68,congés payés,loi de de 1905 etc etc )jamais la résolution de ces sujets ne fut le débouché d'un "pseudo grand débat national"Il y a eu toujours affrontement,parfois violent,et vote,chacun restant sur ses positions.