Albera
USAPiste sérieux
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Source : Le Figaro
Impressionnant, impitoyable, invincible…. Comme le dit Romain Ntamack, les superlatifs viennent à manquer pour qualifier la démonstration toulousaine en finale du Top 14. Neuf essais aplatis (un record), 59 points inscrits (un autre record, et quand on pense aux 12 points de transformation égarés en route…), un écart de 56 points (pulvérisant le record de la finale de 1900 entre le Racing CF et le Stade Bordelais, conclue 37 à 3). Vendredi soir à Marseille le Stade Toulousain a hissé sa domination à un autre niveau. Conservant sa mainmise sur le championnat - 4e titre depuis 2019, seul celui de 2022 lui ayant échappé au profit de Montpellier -, ajoutant au passage un nouveau doublé Top 14-Champions Cup après celui de 2021, pour affirmer sa suprématie, instaurer une nouvelle dynastie.
Dynastie car cette série de succès n'est pas programmée pour s'arrêter là. Au contraire. Les champions le répètent, ils en veulent toujours plus. «Je suis sûr que ce groupe ne va pas s'arrêter là», a prévenu Thomas Ramos sitôt le bouclier de Brennus soulevé. «Ce n'est pas fini, a renchéri Romain Ntamack. On aura le même appétit la saison prochaine.» «On veut marquer l'histoire», martèle Antoine Dupont, confirmant les prédictions de son manager. Ugo Mola n'a de cesse d'affirmer que cette génération ne se fixe pas de limites, en veut toujours plus. Un petit jeu a même été instauré entre lui et ses «gamins» : quelle est la meilleure génération ? Celle de Mola, joueur, a remporté six titres de champion de France de 1994 à 1999, plus une coupe d'Europe (1996). «Disons qu'il en manque encore un», a souri l'entraîneur.Les Toulousains auraient tort de s'en priver. Et d'en douter car le président du club aux 23 boucliers de Brennus et six coupes d'Europe (deux records, encore…) a tout fait, ces dernières années, pour atteindre de tels sommets en façonnant un effectif aussi talentueux que pléthorique. Rappelons, en préambule, que Toulouse était privé, pour cette finale, de trois internationaux tricolores, trois incontournables que sont Cyril Baille, Emmanuel Meafou et Anthony Jelonch. Mais il restait encore assez de meilleurs joueurs français (voire du monde pour certains) pour gambader sur la pelouse de Vélodrome. Antoine Dupont et Romain Ntamack bien sûr, mais aussi Thomas Ramos, François Cros, Thibaud Flament ou encore les… deux (!) talonneurs de l'équipe de France, Peato Mauvaka et Julien Marchand. Un duo qui dispose comme doublure de Guillaume Cramont, rien de moins que le meilleur plaqueur toulousain cette saison en Top 14.
Car, aux nombreux Bleus, il convient d'ajouter les pépites issues de la formation toulousaine comme Cramont donc, mais aussi Paul Costes et Mathis Castro-Ferreira, deux futurs membres du XV de France à n'en pas douter. Même s'il convient de ne pas trop en faire avec la légende d'un Stade Toulousain au sommet uniquement grâce à sa formation. En finale, au coup d'envoi, du 11 au 15, seul Thomas Ramos était dans ce cas. Dans le XV de départ, Ntamack, Cros et la première ligne également. Soit six sur quinze.
Un joli ratio, mais le véritable savoir-faire du Stade Toulousain se trouve ailleurs. Dans sa faculté à dénicher et à attirer des incroyables talents venus de l'étranger - Jack Willis, Pita Ahki, le duo argentin Mallia-Chocobares, le deuxième-ligne australien Richie Arnold - ou d'autres centres de formation hexagonaux (Dupont, Flament, Roumat, Capuozzo…). Tous attirés, non par la perspective, mais l'assurance, de remporter des titres, ainsi que la forte probabilité d'être repéré par le sélectionneur pour enfiler le maillot bleu. Bref, ça se bouscule au portillon pour rejoindre l'armada en rouge et noir.
4,2 millions de téléspectateurs pour le sacre toulousain
Résultat, le Stade Toulousain ne dispose pas d'une équipe de très haut niveau, mais de deux, (voire de trois comme l'a prétendu Yannick Bru, le manager de l'UBB, après la déroute en finale…). Ugo Mola a utilisé près de 60 joueurs cette saison sans que le rendement ne s'en ressente vraiment. Le double champion de France a ainsi traversé les doublons sans coup férir (23 points glanés sur 25 possibles), menés de main de maître par une charnière Paul Graou-Juan Cruz Mallia que tous les pensionnaires de Top 14 rêveraient d'avoir comme premier choix.
Comment rivaliser avec une telle cohorte, collectif huilé, confiance à ras bord, talent à revendre ? C'est la grande question. Et, sans doute, va-t-elle rapidement se poser à la Ligue Nationale de rugby qui vient de renégocier à la hausse les droits télévisés de son produit phare (près de 140 M€ par an). Vendredi soir, 4,2 millions de personnes étaient devant France 2 ou Canal + (4,5 M l'année dernière pour la finale Toulouse-La Rochelle). Certainement désabusés par le manque de suspense. Au point de commencer à se détourner d'une compétition promise chaque année au Stade Toulousain ?
L'hégémonie du Paris SG en Ligue 1 (dix des douze derniers titres de champion de France) a valu au ballon rond hexagonal de voir son audience et son exposition se réduire, au point d'être toujours en quête d'un diffuseur, et ce, même à prix cassés. Pareille hégémonie toulousaine aurait les mêmes effets nocifs sur le public lassé par le manque d'incertitude et d'intérêt.
Des solutions pour brider la domination du Stade Toulousain ?
Mais comment brider la domination du Stade ? Compliqué sauf à compter sur la bonne volonté des dirigeants toulousains, qu'ils arrêtent d'empiler les plus sûrs talents tout en faisant bien attention à respecter les règles, à ne pas dépasser d'un euro le salary cap, selon les instances de contrôle. Un tour de force ? Pas si l'on en croit Didier Lacroix qui répète à l’envi, des trémolos dans la voix, les sacrifices financiers consentis par ses joueurs. Qui acceptent des conditions salariales inférieures à la concurrence au motif de garnir leur palmarès. Ainsi Peato Mauvaka qui vient de prolonger son contrat jusqu'en 2029. Une décision qui n'avait très certainement rien à voir avec l'argent.
Peut-on envisager, dès lors, une nouvelle mesure contraignante, comme limiter le nombre d'internationaux par club ? Leur imposer de se partager équitablement les meilleurs Bleus ? Très improbable que le président de la LNR, René Bouscatel, et son bras doit, son conseiller particulier, Didier Lacroix, s'emploient à affaiblir le Stade Toulousain. Qui n'a donc sans doute pas fini de régner sur le Top 14