Mon précédent bilan était jeudi, il y a seulement 4 jours. Les choses s'accélèrent pour les USA. Ils sont désormais 3eme avec 27000 cas, soit plus que l'Espagne, mais ont seulement 340 victimes (près de 1400 chez nos voisins). Cela peut s'expliquer par le mode de détection, qui doit se faire à un stade plus précoce, et sur une population plus jeune (celle qui se déplace plus facilement pour se faire tester), à l'image de l'Allemagne. Mais il ne faut pas se leurrer sur le bilan final. Au jeu des prédictions, je pense que les USA ont le profil pour être les plus touchés par cette pandémie et cela pourrait bien coûter une ré-élection pour Trump. L'ironie de l'histoire, c'est le Mexique qui ferme ses frontières avec les USA.
En France nous sommes très touchés par l'épidémie mais nous nous en sortons mieux que nos voisins italiens et espagnols, du moins pour l'instant. Les exemples de contournement de la a règle de confinement sont mis en avant, mais restent anecdotiques et sûrement très variables d'un endroit à l'autre. Je ne comprends pas cette décision de couvre-feu au cœur de la nuit, quand 90% de la population est chez elle de toute façon. C'était au contraire une période durant laquelle on aurait pu faire preuve d'un peu plus de souplesse, en tolérant des déplacements moins essentiels. J'aurais même encouragé les commerces alimentaires à rester ouverts la nuit pour répartir d'avantage les périodes d'achat et diluer le risque de proximité. A faire un couvre-feu, les fins d'après-midi, quand les activités à domicile s'arrêtent, représentent il me semble des périodes plus adaptées. Cela ressemble à des mesures prises par principe et sans trop savoir pourquoi, les couvre feu ayant toujours été instaurés la nuit, mais dans d'autres contextes. Maintenant, on ne sait pas tout et les situations que l'on voit dans notre voisinage (dans mon quartier, le couvre-feu n'était vraiment pas nécessaire, passé 20h il n'y a plus un chat) peuvent être très différentes ailleurs et ces couvre feu nocturnes répondent peut-être à une vraie problématique de santé publique. J'ai quand même beaucoup de mal à l'imaginer (plus que le projet de Rivière pur l'USAP, c'est dire). Malheureusement les communiqués laconiques des préfets ne nous permettent pas de comprendre -et donc d'accepter- ces restrictions qui peuvent paraître abusives. Si quelqu'un a des exemples concrets de rassemblements nocturnes, entre minuit et 6h notamment....
Quand à la répression policière, il fallait s'y attendre. On ne peut pas espérer de ces agents de l'état un quelconque discernement dans l'application des consignes. On les a vu hier verbaliser un gars qui n'avait qu'à traverser la plage de chez lui pour faire quelques longueurs dans une mer parfaitement vide de baigneurs en cette saison. Quel risque encourait-il ou faisait-il encourir aux autres? Aucun, si ce n'est celui d'un rhume parce que l'eau est froide! Enfin si, les quelques minutes d'échange avec ces agents l'ont exposé à un risque de contamination dont il se serait bien passé. C'est l'exemple même de l'absurdité assez symptomatique de ceux à qui l'on donne le pouvoir de faire appliquer des règles. Ça se vérifie dans tous les métiers et à tous les niveaux.
Et là ne nous y trompons pas, la consigne doit être très claire, il faut verbaliser. En faisant les malins et en annonçant la prise en charge massive des arrêts de travail, l'état s'est tiré une balle dans le pied et tous les moyens sont bons pour remplir les caisses. Le site dédié à la déclaration d'activité partielle a été vite saturé et est resté en rade trois jours durant. Maintenant, Les DIRECCTE épluchent les demandes et encouragent les entreprises qui se sont arrêtées à reprendre le travail, quand bien même leur activité n'est pas indispensable au fonctionnement du pays. Au moment de faire les comptes, on leur demandera de justifier toute suspension d 'activité et les contrôles seront stricts; c'est oublier bien vite les raisons pour lesquelles elles se sont arrêtées mardi dernier après le discours du Président. Aller bosser, c'est faire l'inverse du confinement imposé par ailleurs. Rester chez soi est un "acte citoyen" vite oublié quand on prend la mesure de ce que ça va coûter aux finances de l'état (et donc au contribuable). Bien sûr, malgré l'ampleur de la crise sanitaire le gouvernement a plus d'une préoccupation en tête et ça se comprend. L'erreur aura été de dire "quoi qu'il en coûte", car toutes les entreprises n'ont pas la nécessité d'être aidées et certaines auraient pu assumer seules les conséquences de cette crise, quitte à faire un peu moins de profit en fin d'année.
A Perpignan, le couvre feu a été imposé parce qu'il y avait des rassemblements nocturnes, hier les CRS ont du évacuer la place st Jacques.
Quand aux entreprises qui ont arrêté après avoir écouté Macron, elles sont, très, très fortes si elles ont compris qui pouvait continuer et qui devait s’arrêter. Ce n'est qu'après plusieurs relectures de ce discours, des recherches, des demandes de renseignements à la préfecture et à la DIRECCTE que nous avons eu confirmation que nous pouvions continuer à bosser (en respectant les mesures "barrière") pour les postes ou le télétravail est impossible, et que nos salariés pouvait exercer leur droit de retrait, mais que le chômage partiel ne s'appliquerait pas dans notre cas, La DIRECCTE nous a juste laissé entendre que le salarié exerçant son droit de retrait pouvait se faire mettre en "arrêt maladie".
Le message gouvernemental ne POUVAIT pas être plus précis, il s'agissait avant tout de faire prendre conscience de la dangerosité, tout en rassurant : un grand écart difficile à pourtant assez réussi : les français dans leur grande majorité ont compris, il n'est qu'a voir la distance que l'on met en se croisant et se saluant dans la rue en faisant ses courses, les rues quasi désertes, etc.
Bien sur qu'une partie de la population n'a rien compris, se croit supérieure, continue de sortir. Les images que nous voyons de ces personnes à qui on met des amendes pour être sortis nager ou pour aller aux asperges sont davantage de la communication qu'autre chose, s'il y a beaucoup d'images d'interpellations, nous aurons l'impression que c'est contrôlé et sévère, dans les faits, Police et gendarmerie n'ont pas les moyens de faire respecter un confinement. Il faut donc beaucoup en parler, montrer quelques actions ciblées, montrer que les contrôles se font partout, y compris en mer, pour que nous acceptions tous ces mesures et restions confinés chez nous.
Le gouvernement pouvait-il faire mieux ? bien sur, et on tirera des conclusions après cette crise, on cherchera ce qui a merdé et ce qui a fonctionné, éventuellement on cherchera des responsables, des coupables et on coupera des têtes. Mais pour l'instant, la seule solution c'est de s'isoler.
Pour autant, il ne faut pas que le confinement fasse plus de dégâts que le Covid lui-même : Il faut nourrir la population, il faut des camions qui continuent à transporter, des agriculteurs qui continuent à produire, des usines qui continuent à transformer... Beaucoup de secteurs doivent continuer à fonctionner : eau, gaz, électricité, internet, téléphones, routes, mais aussi (et surtout) fournitures hospitalières, médicaments, ambulances, pompiers... Tout est imbriqué et interdépendant et rares sont les secteurs que l'on peut stopper plusieurs semaines sans conséquences. A chaque fois, il faut mesurer l'équilibre risques/conséquences.
... Le grand écart