Après le café au lait du matin, un médecin se fout de la gueule du druide en proposant de teste 3 bbisous sur le front! Su même les étarngers se foutent de lui...
Article du Monde.
"Le 24 juin,
face à la commission d’enquête de l’Assemblée nationale chargée d’examiner la gestion de la pandémie de Covid-19 en France, l’infectiologue Didier Raoult s’est départi de son équanimité face à l’ultime question posée par le député MoDem du Gard Philippe Berta :
« pourquoi n’avez-vous pas mené une étude clinique digne de ce nom, dès le départ, qui aurait pu définitivement répondre, oui ou non, l’hydroxychloroquine a un effet ? Vous saviez très bien que ces pseudo-essais cliniques n’étaient absolument pas recevables par qui que ce soit », s’est interrogé le parlementaire, qui est aussi généticien. Piqué au vif,
l’infectiologue marseillais a rétorqué que « moins il y a de gens dans un essai, plus c’est significatif. (…)
Tout essai qui comporte plus de 1 000 personnes essaie de démontrer quelque chose qui n’existe pas. » Avant de s’exclamer :
« Je suis un grand scientifique ! »
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Jeudi 25 juin, au lendemain de cet échange, son équipe de l’IHU Méditerranée Infection publiait dans
Travel Medicine and Infectious Disease (
TMAID) une vaste étude portant sur 3 119 personnes traitées avec le « protocole Raoult » comparées à d’autres patients ayant bénéficié d’un autre traitement. Conclusion ?
« Les résultats suggèrent qu’un diagnostic, un isolement et un traitement précoces des patients Covid-19 avec au moins trois jours d’administration d’hydroxychloroquine et d’azithromycine conduisent à des résultats cliniques significativement améliorés et à une baisse de la charge virale plus rapide qu’avec d’autres traitements. »
Cette étude était très attendue : Didier Raoult l’avait évoquée dans plusieurs des vidéos diffusées par son institut, distillant des schémas que chacun peut désormais examiner à loisir. Comme les précédentes, de plus petite taille, conduites par l’équipe marseillaise, il s’agit d’une étude rétrospective, qui par construction a une force probante plus faible que le standard des essais cliniques prospectifs. Ceux-ci visent à comparer des groupes de patients constitués de façon aléatoire selon des critères prédéfinis, afin d’éviter divers biais. Didier Raoult a à nouveau justifié ce choix devant les députés :
« L’éthique basale c’est que quand on a la preuve que quelque chose marche, on arrête l’essai » – afin que tous les patients bénéficient du traitement.
La « preuve », même adossée à plus de patients, ne semble toujours pas emporter la conviction d’un grand nombre d’épidémiologistes.
« Nul de chez nul », résume Dominique Costagliola, directrice adjointe de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (Sorbonne Université, Inserm), qui énumère les raisons pour lesquelles la comparaison entre les patients traités et les autres n’est pas valide : ceux qui reçoivent le protocole promu par l’IHU sont en moyenne plus jeunes, moins sujets à des maladies chroniques, présentent des symptômes et des atteintes pulmonaires moins sévères – autant de facteurs pénalisant le groupe des « autres patients ». Ceux-ci avaient soit reçu la combinaison hydroxychloroquine-azithromycine moins de trois jours, l’un ou l’autre de ces médicaments, ou aucun des deux. Les tentatives de correction de ces biais ne la convainquent pas.
Constat sévère
Le pharmacologue et pneumologue Mathieu Molimard (université de Bordeaux) fait le même constat sévère :
« Que peut-on dire ? On compare des choux et des carottes et même en ajustant la taille des feuilles cela reste des choux et des carottes. » La comparaison avancée avec d’autres régions françaises ou d’autres pays lui semble de la même façon n’avoir « aucun sens ». Autre rappel méthodologique : dans les essais cliniques, on définit généralement les groupes « en intention de traiter », c’est-à-dire que si un patient quitte son groupe originel pour une raison ou une autre, il doit toujours être pris en compte dans l’analyse statistique comme y étant resté, même si cela pénalise les conclusions.
« Donc ceux qui ont eu moins de trois jours d’hydroxychloroquine devraient rester dans le groupe HCQ, surtout si leur passage dans le groupe contrôle est lié à un décès (difficile de continuer après la mort) ou un passage en réanimation », explique-t-il.
Qu’en pense un observateur plus éloigné des querelles franco-françaises autour de l’hydroxychloroquine,
Anton Pottegard, professeur de pharmacoépidémiologie (University of Southern Denmark) ? Il a récemment contribué à définir des directives pour bien mener de telles études face à l’urgence liée au Covid-19 –
directives approuvées par la Société internationale de pharmacoépidémiologie.
« Pour faire court, je n’ai pas confiance dans les résultats de l’étude, indique-t-il. Pourquoi ? Parce qu’elle ne répond pas aux exigences les plus basiques auxquelles elle devrait souscrire. Il y a de nombreux problèmes, chacun étant très préoccupant. Pris ensemble, ils rendent cette étude 100 % inutile pour guider la pratique clinique. »
Il explique :
« Ceux qui sont traités sont comparés à ceux qui ne le sont pas. Le principal problème est que ceux qui ne survivent pas au traitement sont classés comme non traités. » Il propose une comparaison volontairement grotesque :
« Je pourrais proposer un nouvel essai clinique : embrasser les patients sur le front pendant trois jours. Je comparerais ceux qui auraient reçu les trois baisers à ceux… qui n’auraient pas survécu pour les recevoir. L’effet du traitement serait formidable : aucun des patients ayant reçu mon traitement ne serait mort. » Tandis qu’il n’en irait pas de même chez ceux n’ayant pas reçu tout le traitement… Il pointe lui aussi les patients du groupe contrôle placés dans celui-ci en raison de contre-indications cardiaques – qui sont des facteurs de risques d’être atteint d’un Covid-19 plus grave.
N’y a-t-il donc rien à retenir de l’analyse de la vaste cohorte suivie à l’IHU ?
« C’est certainement la plus grande étude mondiale à l’heure actuelle avec un suivi clinique poussé dans un milieu hospitalier (en externe ou en interne) d’un grand nombre de patients (plus de 3 700) dès un diagnostic précoce grâce aux tests massifs, note Mahmoud Zureik, professeur d’épidémiologie à l’université Versailles-Saint-Quentin, sur LinkedIn
. Elle donne des informations extrêmement précieuses sur l’histoire naturelle de la maladie (taux de mortalité, taux d’hospitalisation, lésions pulmonaires par scanner réalisé presque systématiquement, évolution,…). Ce sont les seules informations à retenir de cette étude. Mais c’est déjà beaucoup. Dommage que les auteurs axent et valorisent cette étude uniquement sous l’angle de comparaison des traitements avec des insuffisances méthodologiques majeures qui empêchent toute conclusion valide. »