Score presque flatteur je dirais, tant l'UBB tout en contrôle n'a jamais réellement vacillé et semblait un ton au-dessus à chaque coup d'accélérateur.
En première mi-temps, les Bordelo-Béglais ont largement dominé les débats, mis à part un contre éclair mené par un Pierre Lucas des grands soirs qui avait certainement à cœur de se rattraper de ses bévues parisiennes, nous gratifiant d'appuis virevoltants et d'interventions toujours tranchantes. Autrement, jamais nous avons semblé en mesure de prendre le match à notre compte, comme en atteste la faible production offensive lors du premier acte (peut-être une ou deux actions construites et dangereuses ?) mais aussi défensive, qui se sont logiquement soldées par un net avantage en faveur des adversaires à la pause (10-21). Comme attendu, les nombreuses individualités alignées en face ont fait parler leur talent et fait la différence (Tilsley), mettant une fois encore en lumière nos carences défensives collectives et surtout sur l'homme ; cf. les troisième et quatrième essais inscrits au milieu d'une défense non attentiste mais tout du moins friable sur les points de rencontre avec des plaquages ratés trop facilement, qui plus est devant la ligne d'en-but...
De notre côté, la seconde mi-temps a laissé entrevoir une animation offensive un peu plus aboutie, avec toujours cependant ces fameux trous d'air à des moments clés, juste après avoir recollé au tableau d'affichage. Dommage, mais la victoire de l'UBB ne souffre d'aucune contestation et, après tout, respecte une certaine forme de logique compte tenu des qualités intrinsèques des compositions respectives de chaque équipe, quoi que d'aucuns aient pu dire a priori. On était loin d'avoir à faire face à des peintres : rien que la paire de centres Seuteni-Tamanivalu, très complémentaire, a affiché une forme étincelante et a fait la loi, régulant parfaitement le jeu des 3/4. D'ailleurs, Seuteni, quel joueur de classe ! A titre de comparaison, Duguivalu n'a cependant pas à rougir de sa prestation, loin s'en faut. Très intéressant dans chacune de ses prises de balle ou presque, il s'est vraiment montré à son avantage offensivement parlant (bel essai de sa part !) même si, à son débit, il y a ce carton jaune-orangé à la 25e minute pour sa violente charge défensive. Son compère Fainga'anuku m'a lui paru plus emprunté, beaucoup moins folichon qu'à l'accoutumée en attaque et coupable de quelques plaquages loupés. C'est un pur ailier, à n'en pas douter.
Sinon, au rayon des satisfactions individuelles, Reynaud m'a beaucoup plu, encore plus que d'habitude (peut-être parce qu'il évoluait à "son" poste de numéro 8 ?). Il a bonifié à peu près tous les ballons qu'il touchait, était au four et au moulin, et a fait montre à plusieurs niveaux d'une technique rare pour un troisième-ligne centre. Ses passes en sortie de mêlées par exemple ; le contraste était saisissant par rapport à Lemalu. En 7, Iachizzi aussi est à créditer d'une grosse perf, toujours dans l'avancée à l'impact. Lemaire, même en flanker remplaçant (!), s'est distingué par son envie débordante lors de son entrée et a brassé de la viande à tour de bras, peut-être même trop d'ailleurs, car un de ses plaquages, cathédrale, aurait légitimement dû être sanctionné par un carton rouge. Coûte que coûte, on a cherché à respecter la tradition de ces derniers temps en Challenge
, mais l'arbitre s'en est fort heureusement et étonnamment abstenu. Enfin, Deligny s'est démené dans le jeu courant et a fait 80 minutes pleines, bien que ses lancers souvent trop hauts (lobant à plusieurs reprises le sauteur, obligés de volleyer le ballon du bout des doigts et empêchant toute forme de fluidité à partir de cette rampe de lancement) ne plaident pas en sa faveur et sont venus un peu entacher sa prestation d'ensemble. Problème de coordination avec les blocs de saut ? Quoi qu'il en soit, il faudra le revoir à l'œuvre.