Audiences TV : Le Top 14 surclasse la Ligue 1
Par
Etienne Goursaud
6 novembre 2024
AUDIENCES TV – Avec 738 000 téléspectateurs, le match entre Bayonne et Toulouse, en clôture de la 9ème journée de Top 14, a fait bien mieux que le classique OM-PSG en Ligue 1. Bien plus qu’un simple chiffre brut, cela traduit une érosion du football en France. Et pas que de la Ligue 1.
Aveu d’échec pour DAZN, confirmation pour le rugby
C’est un petit tremblement de terre dans le monde audiovisuel en France. Le
Top 14 a devancé la
Ligue 1, en termes de téléspectateurs.
L’affiche Bayonne/Toulouse, en clôture de la 9e journée de championnat ce dimanche soir (12-8 pour les Bayonnais), a réuni près de 738 000 abonnés sur
Canal+, diffuseur officiel du Top 14 et de la Pro D2. Un chiffre à mettre en exergue avec les 400 000 à 500 000 abonnés de
DAZN, qui diffuse la Ligue 1. Potentiellement, seuls 500 000 personnes ont pu officiellement suivre le Classico entre Marseille et le PSG, dominé par les Parisiens (3-0), le 27 octobre dernier.
S’il ne faut pas négliger ceux qui ont regardé le match via des canaux illégaux, tels que
Telegram ou les
IPTV, ce chiffre officiel sonne comme un nouveau choc, pour le football en France, dont la popularité est plus que jamais en chute libre. Et c’est un nouveau grand désaveu pour
DAZN, qui diffuse le championnat de France et dont le chiffre des abonnés ne décolle toujours pas, depuis le mois d’août. Malgré toutes les offres promotionnelles, le diffuseur ne parvient pas à trouver ses clients. Alors qu’on en est déjà quasiment au tiers des matchs disputés en Ligue 1 et que le contexte économique de certains clubs est plus que jamais compliqué, ce comparatif avec le rugby est forcément une nouvelle claque.
Érosion aussi en Ligue des Champions
Et cela se traduit aussi en Ligue des Champions. Près de 2 millions de téléspectateurs avaient suivi le match nul entre le PSG et Newcastle, en phase de poule 2023-2024. Cette saison, le
PSG a réuni au mieux 1.48 million de téléspectateurs, contre Arsenal (
défaite 2-0 de Paris). Les deux matchs étaient diffusés sur la même chaîne,
Canal+ Foot. Et même l’exploit de Lille, contre le Real Madrid, n’a attiré que 1.21 million de téléspectateurs.
Le Top 14 a le vent en poupe
On a appuyé sur l’échec de la
Ligue 1. Mais c’est aussi une réussite pour le rugby français. Forcément porté par une équipe de France qui renaît de ses cendres depuis 2020. Dans les stades, on observe une progression moyenne de l’affluence de 12 %, par rapport à la saison 2023-2024 à la même époque. Un rugby à XV français fort au niveau de ses clubs et qui reste sur quatre sacres consécutifs en Champions Cup (deux fois pour le
Stade Toulousain, deux fois pour le Stade Rochelais). Ce match entre Bayonnais et Toulousains dimanche dernier, bien que programmé le dimanche soir, est loin d’être le
Classico du Top 14.
Une affiche Stade Toulousain – UBB (772 000 téléspectateurs, avec un pic à 895 000 en fin de match) a attiré encore plus de monde, le 29 septembre dernier. Pour rappel, la finale de Top 14 2023-2024, entre
Toulouse et l’
UBB, a attiré 3,3 millions de téléspectateurs sur France 2 et 950 000 téléspectateurs sur
Canal+. Un chiffre à peine moins bon qu’en 2023 (3,5 et 1 million). Malgré une finale rapidement jouée (59-3 pour Toulouse) et malgré une concurrence sportive féroce, avec l’Euro de football.
Moins de Unes de L’Équipe, qui parle football
Néanmoins, l’érosion médiatique du football est une réalité. Et elle se traduit aussi en ouvrant les pages du journal papier le plus vendu en France, à savoir
L’Équipe. Sur les 10 dernières « Unes » du quotidien, quatre ont été consacrées au football. Et s’il ne faut pas négliger le fait qu’on ait eu
Ugo Humbert en finale du Masters 1000 de Paris-Bercy, une première pour un Français à ce niveau depuis 2016, on voit aussi
Léon Marchand,
Esteban Ocon et
Pierre Gasly s’inviter en « Une ». Au mois d’octobre,
Félix Lebrun,
Cassandre Beaugrand, encore
Léon Marchand,
Tadej Pogacar, Antoine Dupont ou encore
Rafael Nadal, étaient en Une.
En 2018, 296 des 361 « Unes » de
L’Équipe étaient consacrées au football (et au football masculin). Et sur les 30 derniers jours, ce taux est descendu à 50 %. À cela s’ajoutent un mois de juillet axé sur le Tour de France (un classique), un mois d’août et début septembre centrés sur les
Jeux Olympiques et Paralympiques, et on arrive à un vrai effritement de la place du football dans les plus hautes sphères médiatiques. Et preuve aussi que le football s’effrite, c’est que le rugby n’a finalement pris que très peu de place, avec deux « Une » sur les 30 dernières éditions. On est encore loin d’une révolution, mais il se passe quelque chose, dans un pays où le football a une place immense depuis près de 25 ans. Et si le monde du ballon rond ne réagit pas, surtout en France, c’est à pieds joints qu’il va sauter dans le gouffre.