Albera
USAPiste sérieux
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- 15 Septembre 2013
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Source l'Equipe
Huit années où l'ailier ou centre est devenu l'emblème d'une USAP qui se bat pour remonter en Top 14 puis s'est arraché pour se maintenir, grâce à deux barrages de maintien remportés en 2022 et 2023. Il quitte Perpignan sur une dixième place et un sentiment du devoir accompli. Pour combien de temps ? Comme il l'évoque dans cet entretien, il se prépare déjà à une carrière d'entraîneur et a prévu de rester vivre en Catalogne, à moins qu'un dernier challenge comme joueur le tente...
« Ça vous fait quoi de vous dire que c'est fini avec l'USAP ?
Ça fait un peu bizarre de me dire que ce sont mes derniers entraînements à Aimé-Giral, c'est quelque chose pour moi ce stade, j'ai passé huit ans extraordinaires ici. Je suis attaché aux choses donc je suis attaché à ce stade, j'y ai vécu des choses particulières. Le temps est passé si vite, mais qu'est-ce que c'était bon ! Tu te sens vivant ici. Dans la défaite comme dans la victoire, c'est fort.
Vous n'auriez jamais imaginé vivre une telle aventure dans ce club en arrivant il y a huit ans ?
Ah non jamais ! Je ne connaissais pas ce côté-là des Pyrénées, je viens du Sud-Ouest (il avait commencé sa carrière professionnelle à Bayonne, sa ville natale, avant de jouer à Auch puis à Pau). J'avais des mauvais a priori de Perpignan et je me suis complètement trompé.
Vous étiez arrivé ici sans le vouloir ?
Quand je quitte Pau, c'est un gros déchirement. Pau, c'était le club de mes rêves, de mon enfance, quand j'allais voir mon cousin jouer au Hameau et j'avais vraiment envie d'y faire carrière. Je suis parti plus par contrainte que par choix mais finalement, tu te dis que la vie est bien faite parfois. Elle m'a porté vers quelque chose qui m'a amené beaucoup. Ça a été le plus beau choix de ma carrière au final de venir à Perpignan. Ce club et cette ville ont changé ma vie.
Est-ce qu'il vous avait fallu du temps pour être adopté par le public ?
J'ai eu un début de saison difficile avec de grosses blessures à un mollet et la deuxième partie de saison, je marque onze essais en six. Et c'était parti ! Au Boucau quand j'étais petit, à Biarritz, à Bayonne, à Auch, à Pau, j'ai toujours eu cette même ligne conductrice, toujours donner le meilleur de moi-même et je pense que les gens ici s'en sont rendu compte.
Comment jugez-vous votre carrière ?
Il y a eu des moments compliqués mais dix-huit ans au plus haut niveau, quand je me retourne, je me dis : ''waouh''. Si on m'avait dit ça au début de ma carrière... Après c'est la nature humaine de passer par des états d'âme, avoir des sentiments de remise en question, de doutes, de mal-être. C'est aussi comme ça que tu construis tes meilleurs sentiments de bonheur, de joie... Ce que tu vis dans ta carrière, c'est un condensé de la vie. Et tu prends un shot d'adrénaline pendant 18 ans, c'est puissant.
Ce shot va vous manquer ?
Il faut être fou pour penser le contraire. Tu as beau préparer toute la reconversion que tu veux, tu as beau avoir une super situation après le rugby, il te manquera l'essentiel... Il faut te reconstruire, retrouver un nouvel équilibre. Entre 18 et 37 ans, tu as vécu les plus belles émotions de ta vie, peu importe ce que tu fasses après. Dans une carrière normale hors rugby, tu gravis les échelons pour monter en haut à la fin. Là, tu montes en haut tout de suite pour après redescendre. Ce sera difficile, ça l'est pour tout le monde, je ne serai pas le premier, pas le dernier donc il faut se dire que ce sont des étapes qu'il faut affronter.
Est-ce que vous savez à quoi va ressembler la suite ?
Honnêtement, je n'ai pas décidé encore. Je ne suis pas tout seul, c'est une décision qui se prend en famille. Mais je le prends avec légèreté. Ce sera à l'opportunité qui me plaît. J'aime les choses qui ont du sens. Partir pour partir... J'ai refusé des clubs car ça n'avait aucun sens pour moi. Je suis quelqu'un qui marche à l'affect et au sens des choses. Si je dois aller sur un autre projet, c'est que ça aura du sens pour moi (Biarritz fait partie des clubs qui l'ont approché).
Entraîneur, ça vous tente ?
Oui, ça me branche. Je passe mon diplôme en ce moment. Je suis quelqu'un qui a une forte personnalité et j'ai envie de transmettre avec mes convictions.
Vous partez sur un maintien confortable en Top 14. Est-ce que vous partez tranquille ?
C'est une grande fierté. Quand je suis arrivé ici, on était dernier de Pro D2, il y avait 4 000 personnes dans le stade. Huit ans après, on est maintenu directement et aux portes de la qualification, donc quelle meilleure sortie pourrais-je avoir ?
Quels ont été les moments les plus difficiles ?
Ces deux barrages (en 2022 et 2023) ont été les deux matches les plus difficiles que j'ai eus à jouer. Mentalement, psychologiquement, ça te prend ton énergie. C'est d'une intensité folle, plus qu'une finale, un titre.
Et la saison 2018-2019 où vous finissez dernier avec deux victoires et vingt-quatre défaites ?
Cette descente est très dure. Mais la saison suivante aussi avec le Covid qui arrête tout alors qu'on est en lice pour remonter. La reconstruction de ce club, les premières années que je vis en Pro D2, ce sont des moments de lutte, où il faut tenir un groupe, des ego. Il fallait s'accrocher.
Mais le projet a patiemment permis de se réinstaller dans le Top 14...
Ça fait partie des belles choses, ces titres en Pro D2 en 2018 et en 2021 puis le retour durable en Top 14. Le projet a été construit intelligemment. On a surtout eu la chance d'avoir un esprit de groupe magnifique. On est encore un retard sur les infrastructures et sur beaucoup de choses dans ce club donc ce qu'on est capable de réaliser depuis quelques années en Top 14, c'est stratosphérique. J'aime cette honnêteté qu'il y a entre nous. C'est ce qui a sauvé le groupe. Je me souviens encore l'année dernière quand on était dernier, on vit une grosse crise, le groupe a réagi et répondu présent pour sauver le club. Dans d'autres endroits, le club aurait explosé en mille morceaux.
La saison dernière est marquée par votre suspension de neuf matches après un mauvais geste sur Jonathan Danty. Comment aviez-vous vécu cette période ?
À partir de ce moment-là, ça a été un peu... (il hésite) Disons plus difficile pour moi ici au club, dans les jugements, dans tout... Quand tu es jugé par les supporters des autres clubs, c'est une chose, mais quand tes propres supporters, en tout cas certains, te discréditent, c'est difficile, surtout quand tu as donné autant pour ce maillot, quand tu es intègre. Tu as envie de leur dire : ''oh, viens prendre mes crampons et on va voir...'' Mais tu vis dans une société aujourd'hui où tout le monde a la parole et écrit ce qu'il a envie d'écrire. C'est la cour des miracles quand même !
Comment vous êtes-vous protégé à ce moment-là ?
Je me suis bouché les oreilles et je suis resté près de mes proches, des gens qui m'aiment, mais qui m'aiment vraiment. C'est un milieu où il y a beaucoup de jalousie, tu es envié car tu es joueur de rugby. Moi, honnêtement, quand j'ai décidé de faire du rugby, petit, jamais je n'aurais pensé que je gagnerais ma vie avec le rugby. Je ne l'ai pas fait pour gagner de l'argent mais on est dans cette société de starisation, de l'image, de contrat. Je n'en ai rien à faire moi de tout ça, je ne demande rien à personne donc quand on m'est tombé dessus à ce moment-là, dans un moment dur de ma carrière, je l'ai mal vécu.
Est-ce que vous craignez que ce geste et cette suspension restent quand on parlera de vous à l'avenir ?
Je m'en fous.
Adoré ici, détesté partout ailleurs... Ça vous va comme résumé ?
C'est un truc qui m'a plu, excité. Quand tu suscites de la réaction, en bien ou en mal, c'est que tu représentes quelque chose. Bien sûr que j'en ai joué, je m'en suis régalé même. Et ce n'est jamais allé trop loin, je n'ai pas le souvenir d'un stade où c'est parti en vrille. Je l'ai pris comme un jeu, j'espère que les supporters adverses aussi.
Sur la plaque d'immatriculation de la voiture, il va rester le 64 (Pyrénées-Atlantiques) ou le 66 (Pyrénées-Orientales) ?
(Il se marre) J'ai les deux ! J'ai vécu le long des Pyrénées, d'un bout à l'autre. C'est une double identité improbable, entre deux cultures différentes, mais qui m'a tellement enrichi... »
« Qu'est-ce que c'était bon ! » : Mathieu Acebes raconte ses huit saisons à Perpignan
Mathieu Acebes a bouclé un parcours de huit saisons avec l'USAP, qu'il avait rejoint en Pro D2 en 2016 et qu'il quitte sur un maintien solide en Top 14. Fier du chemin parcouru, le centre ou ailier, originaire des Pyrénées-Atlantiques, est revenu sur ce coup de foudre presque inattendu avec la Catalogne.
C'était jeudi à Aimé-Giral, à la fin de la séance d'entraînement matinale en vue du dernier match de la saison régulière à Pau, où l'USAP a finalement perdu ses derniers espoirs de qualification en phase finale (défaite 36-24). À ce moment-là, Mathieu Acebes (36 ans) savait qu'il ne serait pas sur la feuille de match et qu'il avait disputé quelques jours plus tôt, face à Bordeaux-Bègles, son dernier match dans ce stade qu'il a découvert en 2016.Huit années où l'ailier ou centre est devenu l'emblème d'une USAP qui se bat pour remonter en Top 14 puis s'est arraché pour se maintenir, grâce à deux barrages de maintien remportés en 2022 et 2023. Il quitte Perpignan sur une dixième place et un sentiment du devoir accompli. Pour combien de temps ? Comme il l'évoque dans cet entretien, il se prépare déjà à une carrière d'entraîneur et a prévu de rester vivre en Catalogne, à moins qu'un dernier challenge comme joueur le tente...
« Ça vous fait quoi de vous dire que c'est fini avec l'USAP ?
Ça fait un peu bizarre de me dire que ce sont mes derniers entraînements à Aimé-Giral, c'est quelque chose pour moi ce stade, j'ai passé huit ans extraordinaires ici. Je suis attaché aux choses donc je suis attaché à ce stade, j'y ai vécu des choses particulières. Le temps est passé si vite, mais qu'est-ce que c'était bon ! Tu te sens vivant ici. Dans la défaite comme dans la victoire, c'est fort.
Vous n'auriez jamais imaginé vivre une telle aventure dans ce club en arrivant il y a huit ans ?
Ah non jamais ! Je ne connaissais pas ce côté-là des Pyrénées, je viens du Sud-Ouest (il avait commencé sa carrière professionnelle à Bayonne, sa ville natale, avant de jouer à Auch puis à Pau). J'avais des mauvais a priori de Perpignan et je me suis complètement trompé.
Vous étiez arrivé ici sans le vouloir ?
Quand je quitte Pau, c'est un gros déchirement. Pau, c'était le club de mes rêves, de mon enfance, quand j'allais voir mon cousin jouer au Hameau et j'avais vraiment envie d'y faire carrière. Je suis parti plus par contrainte que par choix mais finalement, tu te dis que la vie est bien faite parfois. Elle m'a porté vers quelque chose qui m'a amené beaucoup. Ça a été le plus beau choix de ma carrière au final de venir à Perpignan. Ce club et cette ville ont changé ma vie.
Est-ce qu'il vous avait fallu du temps pour être adopté par le public ?
J'ai eu un début de saison difficile avec de grosses blessures à un mollet et la deuxième partie de saison, je marque onze essais en six. Et c'était parti ! Au Boucau quand j'étais petit, à Biarritz, à Bayonne, à Auch, à Pau, j'ai toujours eu cette même ligne conductrice, toujours donner le meilleur de moi-même et je pense que les gens ici s'en sont rendu compte.
Comment jugez-vous votre carrière ?
Il y a eu des moments compliqués mais dix-huit ans au plus haut niveau, quand je me retourne, je me dis : ''waouh''. Si on m'avait dit ça au début de ma carrière... Après c'est la nature humaine de passer par des états d'âme, avoir des sentiments de remise en question, de doutes, de mal-être. C'est aussi comme ça que tu construis tes meilleurs sentiments de bonheur, de joie... Ce que tu vis dans ta carrière, c'est un condensé de la vie. Et tu prends un shot d'adrénaline pendant 18 ans, c'est puissant.
Ce shot va vous manquer ?
Il faut être fou pour penser le contraire. Tu as beau préparer toute la reconversion que tu veux, tu as beau avoir une super situation après le rugby, il te manquera l'essentiel... Il faut te reconstruire, retrouver un nouvel équilibre. Entre 18 et 37 ans, tu as vécu les plus belles émotions de ta vie, peu importe ce que tu fasses après. Dans une carrière normale hors rugby, tu gravis les échelons pour monter en haut à la fin. Là, tu montes en haut tout de suite pour après redescendre. Ce sera difficile, ça l'est pour tout le monde, je ne serai pas le premier, pas le dernier donc il faut se dire que ce sont des étapes qu'il faut affronter.
Est-ce que vous savez à quoi va ressembler la suite ?
Honnêtement, je n'ai pas décidé encore. Je ne suis pas tout seul, c'est une décision qui se prend en famille. Mais je le prends avec légèreté. Ce sera à l'opportunité qui me plaît. J'aime les choses qui ont du sens. Partir pour partir... J'ai refusé des clubs car ça n'avait aucun sens pour moi. Je suis quelqu'un qui marche à l'affect et au sens des choses. Si je dois aller sur un autre projet, c'est que ça aura du sens pour moi (Biarritz fait partie des clubs qui l'ont approché).
Entraîneur, ça vous tente ?
Oui, ça me branche. Je passe mon diplôme en ce moment. Je suis quelqu'un qui a une forte personnalité et j'ai envie de transmettre avec mes convictions.
Vous partez sur un maintien confortable en Top 14. Est-ce que vous partez tranquille ?
C'est une grande fierté. Quand je suis arrivé ici, on était dernier de Pro D2, il y avait 4 000 personnes dans le stade. Huit ans après, on est maintenu directement et aux portes de la qualification, donc quelle meilleure sortie pourrais-je avoir ?
Quels ont été les moments les plus difficiles ?
Ces deux barrages (en 2022 et 2023) ont été les deux matches les plus difficiles que j'ai eus à jouer. Mentalement, psychologiquement, ça te prend ton énergie. C'est d'une intensité folle, plus qu'une finale, un titre.
Et la saison 2018-2019 où vous finissez dernier avec deux victoires et vingt-quatre défaites ?
Cette descente est très dure. Mais la saison suivante aussi avec le Covid qui arrête tout alors qu'on est en lice pour remonter. La reconstruction de ce club, les premières années que je vis en Pro D2, ce sont des moments de lutte, où il faut tenir un groupe, des ego. Il fallait s'accrocher.
Mais le projet a patiemment permis de se réinstaller dans le Top 14...
Ça fait partie des belles choses, ces titres en Pro D2 en 2018 et en 2021 puis le retour durable en Top 14. Le projet a été construit intelligemment. On a surtout eu la chance d'avoir un esprit de groupe magnifique. On est encore un retard sur les infrastructures et sur beaucoup de choses dans ce club donc ce qu'on est capable de réaliser depuis quelques années en Top 14, c'est stratosphérique. J'aime cette honnêteté qu'il y a entre nous. C'est ce qui a sauvé le groupe. Je me souviens encore l'année dernière quand on était dernier, on vit une grosse crise, le groupe a réagi et répondu présent pour sauver le club. Dans d'autres endroits, le club aurait explosé en mille morceaux.
La saison dernière est marquée par votre suspension de neuf matches après un mauvais geste sur Jonathan Danty. Comment aviez-vous vécu cette période ?
À partir de ce moment-là, ça a été un peu... (il hésite) Disons plus difficile pour moi ici au club, dans les jugements, dans tout... Quand tu es jugé par les supporters des autres clubs, c'est une chose, mais quand tes propres supporters, en tout cas certains, te discréditent, c'est difficile, surtout quand tu as donné autant pour ce maillot, quand tu es intègre. Tu as envie de leur dire : ''oh, viens prendre mes crampons et on va voir...'' Mais tu vis dans une société aujourd'hui où tout le monde a la parole et écrit ce qu'il a envie d'écrire. C'est la cour des miracles quand même !
Comment vous êtes-vous protégé à ce moment-là ?
Je me suis bouché les oreilles et je suis resté près de mes proches, des gens qui m'aiment, mais qui m'aiment vraiment. C'est un milieu où il y a beaucoup de jalousie, tu es envié car tu es joueur de rugby. Moi, honnêtement, quand j'ai décidé de faire du rugby, petit, jamais je n'aurais pensé que je gagnerais ma vie avec le rugby. Je ne l'ai pas fait pour gagner de l'argent mais on est dans cette société de starisation, de l'image, de contrat. Je n'en ai rien à faire moi de tout ça, je ne demande rien à personne donc quand on m'est tombé dessus à ce moment-là, dans un moment dur de ma carrière, je l'ai mal vécu.
Est-ce que vous craignez que ce geste et cette suspension restent quand on parlera de vous à l'avenir ?
Je m'en fous.
Adoré ici, détesté partout ailleurs... Ça vous va comme résumé ?
C'est un truc qui m'a plu, excité. Quand tu suscites de la réaction, en bien ou en mal, c'est que tu représentes quelque chose. Bien sûr que j'en ai joué, je m'en suis régalé même. Et ce n'est jamais allé trop loin, je n'ai pas le souvenir d'un stade où c'est parti en vrille. Je l'ai pris comme un jeu, j'espère que les supporters adverses aussi.
Sur la plaque d'immatriculation de la voiture, il va rester le 64 (Pyrénées-Atlantiques) ou le 66 (Pyrénées-Orientales) ?
(Il se marre) J'ai les deux ! J'ai vécu le long des Pyrénées, d'un bout à l'autre. C'est une double identité improbable, entre deux cultures différentes, mais qui m'a tellement enrichi... »