Albera
USAPiste sérieux
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Source l'Equipe. Histoire de meubler l'intersaison
« On était craintifs mais ça se passe, on fait avec », soupire un éducateur sportif, qui travaille dans un quartier défavorisé. De Paris, Louis Aliot, aussi vice-président du RN, entonne : « Il n'y a pas pire que la politisation du sport. » Et de fustiger les plus de 400 athlètes qui ont apposé leur signature au bas d'une tribune appelant à se méfier de l'extrême droite : « Je peux vous aligner 500 noms d'ouvriers, de chômeurs, de cadres catégorie C. Ces pétitionnaires vivent confortablement et devraient plutôt s'intéresser à ceux qui sont dans des conditions difficiles. (Guy) Drut prouve que nous aussi on a des soutiens. .
Aliot chauffe assidûment de la voix à Brutus et Giral, les volcans rouge et jaune de « Perpi », deux incandescences qui font plus que de la passe à treize ou à quinze. « Si ça marche pour eux, souffle le maire, ça marche pour la ville. » Et ça marche pour lui. « Je sais qu'ils (les deux présidents) ne me sont pas favorables, mais ils font beaucoup de sacrifices, y compris sur leur fortune personnelle, ça se respecte. »
Bernard Guasch, président des Dragons Catalans et roi régional de la viande, via son entreprise éponyme, évoque « des relations qui se sont nouées naturellement, comme avec le précédent (Jean-Marc Pujol, LR) ». Sur les maillots, un dragon rugit des flammes sang et or. « Louis Aliot nous a fait le plaisir de passer quarante-huit heures avec nous à Old Trafford l'an passé (pour la finale de Super League perdue face à Wigan). » Guasch est réputé habile commerçant : « Je vends à tout le monde. » Son club est une entreprise qui attend une troisième tribune, à 15 millions d'euros, promise depuis dix ans. Guasch se projette. « On ne mélange pas sport et politique, je l'ai même dit à mes joueurs. » Guasch se retourne aussi. Ses salons de réception remontent l'histoire jusqu'aux temps sépia et plus nationaux du rugby à XIII glorieux. « Et puis, Vichy nous a interdit et spolié », narre-t-il, lui volant jusqu'au nom de rugby. Il refuse d'en faire un éventuel pont historique avec aujourd'hui : « C'était d'autres personnes, on n'y était pas. »
À un kilomètre de là, François Rivière, le président mécène de l'Usap, l'ancien king des parkings (Epolia), avait brigué la mairie en 2009, classé divers droite (7,8 % des suffrages au premier tour). Un accident de manège en décembre 2015 et un coma quasi dépassé lui ont fait croire à d'autres cieux. Son terrain de mission ne serait plus que l'Usap. « Son cinquième enfant » , à qui il léguerait dans les 2 millions d'euros par an. « On m'appelle le religieux. Je viens de l'au-delà, je suis indépendant, pas sûr que mes supporters seraient contents si je prenais position. Cette ville a peu de réussites, je suis sensible à protéger les belles choses. » La nouvelle pelouse à 2 millions d'euros est pour bientôt.
Le maire, lors de ses voeux en janvier, a pourtant prévenu publiquement Guasch et Rivière que leurs équipes pros coûtaient trop cher : 900 000 € pour les Dragons, 1,5 M€ pour l'Usap. Sans compter les amateurs et les missions annexes. « On a aussi des gymnases à refaire », insiste Aliot. Le sport amateur se partage 1,1 M€, moins 18 % sur deux ans.
C'est entre Brutus et Giral, sous le logo rouge et noir des rugbymen du foyer laïque du Haut-Vernet, que monte le ton, chez un plus petit et jeune président, Benoît Castanedo, infirmier libéral. Une bagarre, une vraie, contre Fleury-Salles-Coursan, sur fond d'insultes racistes, a touché l'équipe 1, un temps privé de Championnat de Régionale 1 (le club a finalement été réintégré par le tribunal administratif de Versailles). Une autre, plus feutrée, s'enracine avec la mairie.
Le boulot de Benoît Castanedo et de ses six permanents, dans les quartiers, dans « l'ouverture du champ des possibles », est largement reconnu. « Mais ce monsieur met le club au milieu d'un enjeu politique », se crispe Aliot, qui a promis de « tordre le cou à un vilain petit canard ». Castanedo tient tête et cou : « Il faudrait qu'on soit une caisse de résonance au service du maire. » Il a été élu, aux départementales 2021, sans être ouvertement étiqueté de gauche, devançant le RN de 22 voix.
Le jeune adjoint aux sports, Sébastien Ménard, consent que l'orage ne dévale pas que du mont Canigou : « On essaie d'être réglo avec tout le monde, de mettre fin au clientélisme, et, là, on fait face à des petites provocations... » Le Haut-Vernet n'était pas représenté au Gala des sports samedi dernier. Il y a de la friture dans les mots. « On n'a pas été invités », assurent les uns. « Ils ne nous ont pas répondu », se défendent les autres. « Ils ont mis un concurrent en face de nous », se plaint-on d'un côté. « Ils n'ont pas mis le logo de la ville sur leur maillot », critique-t-on de l'autre.
Le concurrent, adoubé par Aliot, l'association bordelaise Ovale Citoyen, engagé pour 240 000 euros sur trois ans afin de monter des opérations dans la capitale catalane, aurait finalement renoncé au contrat après n'avoir organisé qu'un job dating. « Est-ce qu'on peut travailler avec le RN ? interroge son animateur, Jean-François Puech, c'est un dilemme ? »
Le sport à Perpignan, rugby excepté, est en friche, guère plus en forme que la ville. Installations éparses et décaties. Sports collectifs incapables de se hisser dans les Championnats nationaux. Au Café de la Source, Bruno Nougayrède, éditeur, opposant déterminé à Louis Aliot, se désole : « Perpignan est un joli laboratoire de l'inaction, du clientélisme, et de la communication. Il faut donner l'impression qu'on fait. »
Samedi, au parc des Sports, c'est finale du Championnat de France de foot. L'Américain. Le Flash de la Courneuve a hésité à descendre revendiquer le 28e Casque de diamant contre les Black Panthers de Thonon. Leur président prévient : « Nous marquerons notre opposition ferme et déterminée devant tous les dirigeants nationaux et locaux prônant une idéologie nauséeuse et sordide. » Louis Aliot, maire ministrable, sera peut-être déjà en première ligne à Paris.
« Travailler avec le RN, c'est un dilemme »... À Perpignan la délicate cohabitation du sport avec la municipalité
Derrière la vitrine Usap et Dragons qui s'accommodent de la prise de la mairie de Perpignan par Louis Aliot (RN), le sport amateur n'a fait l'objet d'aucune attention particulière et survit avec des subventions en baisse. L'édile prône un sport apolitique et supporte mal les quelques foyers de contestation comme au club laïque du Haut-Vernet.
Appelez-la Perpignan-la-Rayonnante. Un nouveau blason flotte sur la ville depuis quelques mois, bandes sang et or traditionnelles, dorénavant rehaussée d'un liseré tricolore, largement recouvertes par l'effigie de Saint-Jean-Baptiste. Perpignan-la-Catalane n'est plus. « Un nouvel éclat pour la ville », entraîne l'ancien troisième-ligne de Tarascon, élu maire en 2020, Louis Aliot. La flamme bleu-blanc-rouge brûle sur neuf autres cités de France, mais seule « Perpi » héberge plus de 100 000 habitants. Et beaucoup de pauvreté, ce qui en ferait un laboratoire.« On était craintifs mais ça se passe, on fait avec », soupire un éducateur sportif, qui travaille dans un quartier défavorisé. De Paris, Louis Aliot, aussi vice-président du RN, entonne : « Il n'y a pas pire que la politisation du sport. » Et de fustiger les plus de 400 athlètes qui ont apposé leur signature au bas d'une tribune appelant à se méfier de l'extrême droite : « Je peux vous aligner 500 noms d'ouvriers, de chômeurs, de cadres catégorie C. Ces pétitionnaires vivent confortablement et devraient plutôt s'intéresser à ceux qui sont dans des conditions difficiles. (Guy) Drut prouve que nous aussi on a des soutiens. .
Aliot chauffe assidûment de la voix à Brutus et Giral, les volcans rouge et jaune de « Perpi », deux incandescences qui font plus que de la passe à treize ou à quinze. « Si ça marche pour eux, souffle le maire, ça marche pour la ville. » Et ça marche pour lui. « Je sais qu'ils (les deux présidents) ne me sont pas favorables, mais ils font beaucoup de sacrifices, y compris sur leur fortune personnelle, ça se respecte. »
Bernard Guasch, président des Dragons Catalans et roi régional de la viande, via son entreprise éponyme, évoque « des relations qui se sont nouées naturellement, comme avec le précédent (Jean-Marc Pujol, LR) ». Sur les maillots, un dragon rugit des flammes sang et or. « Louis Aliot nous a fait le plaisir de passer quarante-huit heures avec nous à Old Trafford l'an passé (pour la finale de Super League perdue face à Wigan). » Guasch est réputé habile commerçant : « Je vends à tout le monde. » Son club est une entreprise qui attend une troisième tribune, à 15 millions d'euros, promise depuis dix ans. Guasch se projette. « On ne mélange pas sport et politique, je l'ai même dit à mes joueurs. » Guasch se retourne aussi. Ses salons de réception remontent l'histoire jusqu'aux temps sépia et plus nationaux du rugby à XIII glorieux. « Et puis, Vichy nous a interdit et spolié », narre-t-il, lui volant jusqu'au nom de rugby. Il refuse d'en faire un éventuel pont historique avec aujourd'hui : « C'était d'autres personnes, on n'y était pas. »
À un kilomètre de là, François Rivière, le président mécène de l'Usap, l'ancien king des parkings (Epolia), avait brigué la mairie en 2009, classé divers droite (7,8 % des suffrages au premier tour). Un accident de manège en décembre 2015 et un coma quasi dépassé lui ont fait croire à d'autres cieux. Son terrain de mission ne serait plus que l'Usap. « Son cinquième enfant » , à qui il léguerait dans les 2 millions d'euros par an. « On m'appelle le religieux. Je viens de l'au-delà, je suis indépendant, pas sûr que mes supporters seraient contents si je prenais position. Cette ville a peu de réussites, je suis sensible à protéger les belles choses. » La nouvelle pelouse à 2 millions d'euros est pour bientôt.
Le maire, lors de ses voeux en janvier, a pourtant prévenu publiquement Guasch et Rivière que leurs équipes pros coûtaient trop cher : 900 000 € pour les Dragons, 1,5 M€ pour l'Usap. Sans compter les amateurs et les missions annexes. « On a aussi des gymnases à refaire », insiste Aliot. Le sport amateur se partage 1,1 M€, moins 18 % sur deux ans.
C'est entre Brutus et Giral, sous le logo rouge et noir des rugbymen du foyer laïque du Haut-Vernet, que monte le ton, chez un plus petit et jeune président, Benoît Castanedo, infirmier libéral. Une bagarre, une vraie, contre Fleury-Salles-Coursan, sur fond d'insultes racistes, a touché l'équipe 1, un temps privé de Championnat de Régionale 1 (le club a finalement été réintégré par le tribunal administratif de Versailles). Une autre, plus feutrée, s'enracine avec la mairie.
Le boulot de Benoît Castanedo et de ses six permanents, dans les quartiers, dans « l'ouverture du champ des possibles », est largement reconnu. « Mais ce monsieur met le club au milieu d'un enjeu politique », se crispe Aliot, qui a promis de « tordre le cou à un vilain petit canard ». Castanedo tient tête et cou : « Il faudrait qu'on soit une caisse de résonance au service du maire. » Il a été élu, aux départementales 2021, sans être ouvertement étiqueté de gauche, devançant le RN de 22 voix.
Le jeune adjoint aux sports, Sébastien Ménard, consent que l'orage ne dévale pas que du mont Canigou : « On essaie d'être réglo avec tout le monde, de mettre fin au clientélisme, et, là, on fait face à des petites provocations... » Le Haut-Vernet n'était pas représenté au Gala des sports samedi dernier. Il y a de la friture dans les mots. « On n'a pas été invités », assurent les uns. « Ils ne nous ont pas répondu », se défendent les autres. « Ils ont mis un concurrent en face de nous », se plaint-on d'un côté. « Ils n'ont pas mis le logo de la ville sur leur maillot », critique-t-on de l'autre.
Le concurrent, adoubé par Aliot, l'association bordelaise Ovale Citoyen, engagé pour 240 000 euros sur trois ans afin de monter des opérations dans la capitale catalane, aurait finalement renoncé au contrat après n'avoir organisé qu'un job dating. « Est-ce qu'on peut travailler avec le RN ? interroge son animateur, Jean-François Puech, c'est un dilemme ? »
Le sport à Perpignan, rugby excepté, est en friche, guère plus en forme que la ville. Installations éparses et décaties. Sports collectifs incapables de se hisser dans les Championnats nationaux. Au Café de la Source, Bruno Nougayrède, éditeur, opposant déterminé à Louis Aliot, se désole : « Perpignan est un joli laboratoire de l'inaction, du clientélisme, et de la communication. Il faut donner l'impression qu'on fait. »
Samedi, au parc des Sports, c'est finale du Championnat de France de foot. L'Américain. Le Flash de la Courneuve a hésité à descendre revendiquer le 28e Casque de diamant contre les Black Panthers de Thonon. Leur président prévient : « Nous marquerons notre opposition ferme et déterminée devant tous les dirigeants nationaux et locaux prônant une idéologie nauséeuse et sordide. » Louis Aliot, maire ministrable, sera peut-être déjà en première ligne à Paris.