En net progrès lors de ce 2e bloc, Enzo Selponi a fait taire ses détracteurs. Il se livre avant la réception de Grenoble ce dimanche à Aimé-Giral.
Enzo Selponi fera peut-être toujours débat à Aimé-Giral. Atypique, son jeu divise. Il le sait. De lui-même, il évoque son premier bloc raté. Sans se justifier, il décrit « un trop plein de rugby ». Mais qui peut nier qu’il monte en puissance durant ce deuxième bloc ?
Comment jugez-vous vos prestations récentes ?
Je me sens relativement bien, en forme depuis la coupure du premier bloc. J’ai fait un petit tour à Paris voir ma copine et mon frère, ça m’a fait le plus grand bien. J’ai tout coupé avec le rugby.
Pourquoi ce besoin ?
La pré-saison est toujours très longue. Il y a eu une prépa physique très intense. On n’a pas coupé pendant deux mois et je pense que je l’ai ressenti. J’ai eu ce petit coup d’arrêt avec ma blessure (cuisse) et, après, j’ai manqué cette pénalité en face des poteaux à Colomiers qui m’a un peu abattu (défaite 27-25). J’avais un trop plein de rugby.
Avant la prépa physique, je me suis entraîné tout seul pour faire du jeu au pied. J’ai pensé rugby-rugby et, au bout d’un moment, il faut savoir couper.
Arlettaz m’a dit : « Ici, tout le monde me dit que t’es nul. Moi, je te fais confiance »
Pourquoi ce surplus de travail ?
Patrick (Arlettaz) m’en avait parlé en fin de saison dernière. Si je venais à jouer avec le jeune Sadek (Deghmache), il fallait que je prenne le jeu au pied et le but. J’étais super content et ça m’a encore plus donné envie d’aller taper l’été avant de prendre la saison.
Vous avez toujours été défendu par les coaches.
Patrick, Christian (Lanta), François Gelez qui m’a recruté au début - c’était un peu délicat après - m’ont soutenu. Patrick m’a toujours aidé. Dès qu’il est arrivé, ce qui m’a plu, c’est sa franchise. Il m’a dit : « Enzo, il faut que je te parle. Ici, tout le monde me dit que t’es nul. Moi, je te fais confiance. » À partir de là, ça m’a fait un déclic que jamais je n’ai eu. Ou plutôt que j’ai eu quand j’étais tout jeune, quand j’aimais ce sport. Parce qu’il fut un temps où je commençais à un peu en faire une overdose, jusqu’à ce que Patrick arrive. Je lui ai expliqué que depuis qu’il est là, je ressens l’envie de jouer au rugby que j’avais perdue.
À l’image d’un talonneur, est-ce que votre poste est ingrat ?
Non, pas du tout. Bien sûr, neuf, dix, talon, c’est des postes où il y a des prises d’initiatives sur des moments où tu es arrêté. Des touches, pénaltouches, mêlées... Si tu manques, on ne voit que toi. C’est le côté ingrat, d’accord. Mais après, il est tellement beau. Il y a tellement de choses à faire que tu oublies le côté mesquin de ces postes. Tu vas de l’avant. À la fin, tu sais que si l’équipe a bien marché, c’est en partie grâce à la charnière.
Comme vous, le néo-Toulonnais François Trinh-Duc a été formé à Montpellier. Son profil a-t-il inspiré votre jeu ?
Quand j’ai fait mon centre de formation, il avait explosé. C’était sur lui que je me basais. Il venait de Montpellier, c’était mon club de cœur. Une fois que je suis arrivé dans l’effectif de l’équipe première, François Trinh-Duc, je le voyais avec des gros yeux. Je regardai tout son jeu. Alors oui, je me suis beaucoup calqué sur son jeu. Mais c’est peut-être un défaut aussi. Il a quelques lacunes sur certains secteurs. Mais c’est vrai que François c’est le numéro 10 que j’aurais aimé être. Et que je suis plus ou moins dans le profil.
La défense, vous aimez ça ?
Je me régale, c’est un moment particulier. C’est ce qui me sert à rentrer dans un match. Si je viens à ne pas plaquer du match, j’ai tendance à oublier ou moins faire de choses. Alors que si je commence sur un premier placage, un deuxième, ça me met dans le match et je me sens beaucoup mieux. Il y en a qui ont besoin de mettre un coup de pied, moi c’est une défense pour me rentrer dedans. J’aime défendre.
Quels sont vos objectifs personnels ?
Je ne vais parler qu’à court terme : retrouver ma place de titulaire à l’ouverture. J’ai faim. J’ai envie de jouer, de prouver que je peux être bon, que je suis bon à ce poste. Prouver que j’ai aussi du jeu au pied, que je bute. J’ai beaucoup de choses à montrer et je pense, encore aujourd’hui, que je suis un peu sur la réserve.