Très affuté, le talonneur Raphaël Carbou veut lancer ce dimanche à Aix-en-Provence, 14 h25, une saison charnière pour lui.
Avec plus d’un quintal sur la balance, ce serait un peu gros de le comparer à une lame aiguisée. Pourtant, Raphaël Carbou débute cette saison affûté comme jamais. À presque 27 ans, soumis à une forte concurrence à son poste et en fin de contrat, le talonneur sait qu’il joue gros cette saison. Suspendu lors des deux matches amicaux, le natif de Sigean a repris face à Béziers jeudi dernier. 24 petites minutes en sortie de banc avant de quitter le terrain, inquiété par son genou. Rassuré depuis, Carbou postule pour le déplacement à Aix-en-Provence, demain (14 h 25)
Vous avez changé visuellement. Vos coaches en font la remarque.
(sourire) Peut-être qu’ils disent ça pour me chambrer ? Je me sens bien mais je ne veux pas trop m’avancer. La vérité, elle est sur le terrain. Ce qu’ont fait la semaine, c’est un peu anecdotique à côté de ce qui se passe durant les matches. J’ai pas mal travaillé, je sais que ça paiera. La saison commence tout juste, à nous et à moi de continuer à bosser toute l’année.
On insiste, mais qu’est-ce qui fait que cette saison vous êtes particulièrement affûté physiquement ?
La saison dernière y est pour beaucoup. On a tous pris conscience qu’il y avait une certaine marche au niveau rugby et physique entre la Pro D2 et le Top 14. On voit aussi que les clubs de Pro D2 sont de plus en plus préparés. On ne peut pas se permettre d’être à 80 %. Cette intersaison a été personnellement et même collectivement très sérieuse.
Ce sérieux semble être partagé par le groupe.
J’ai l’impression que tout le monde a envie de bien faire. Ça me rappelle la Pro D2, il y a deux ans. Peut-être que l’an passé on s’est un peu endormis, reposés sur nos lauriers. On a fait l’inverse de ce qu’il fallait faire. Il faut que ça nous serve de leçon. On sait que physiquement, il y en a très peu qui étaient prêts.
"Il n’y a pas à se retourner le cerveau, juste lutter et travailler"
Tout le monde se demande si vous souffrez encore du manque de confiance. Cette question, vous la posez-vous ?
Non, on n’en parle pas durant la journée. C’est un traumatisme qui a existé, qu’on a analysé et là, on est reparti sur un autre cycle. Il faut que ça reste en mémoire mais on ne va pas ressasser ça toutes les semaines. Le championnat va être long, on va subir des désillusions et des moments difficiles. On ne va pas se replonger dans la sinistrose de l’année dernière. On l’a en tête. Tout le monde. Mais il faut qu’on se projette à fond sur cette saison. Qualitativement et quantitativement on est armés pour lutter en Pro D2. Il n’y a pas à se retourner le cerveau, juste lutter et travailler.
En dehors du terrain, vous dégagez plus de sérénité depuis quelque temps.
L’expérience vient au fil des matches et des situations que l’on vit et revit. Ce championnat, je ne sais même plus combien de saison j’y ai passé, je commence à le connaître. On sait qu’il y a des déplacements hostiles, l’hiver qui est difficile… Il faut que cette expérience me serve et peut-être à ceux qui rentrent dans l’équipe.
La concurrence de Charles Géli, un talonneur d’expérience, vous booste-t-elle ?
Quand j’ai commencé à m’entraîner avec les pros, il était en équipe première. C’est un plaisir de l’avoir retrouvé et tout se passe très bien. L’équipe passe en premier donc celui qui a le 2 dans le dos doit être meilleur que celui qui le portait le week-end d’avant. C’est le jeu de la concurrence. L’équipe avance comme ça.
Est-ce particulier d’aborder une saison en fin de contrat ?
Oui, c’est un peu différent. On y pense, parfois c’est inconscient. Ce n’est pas ce qui ronge le plus, en tout cas dans mon cas. À nous de bosser et d’être performant le week-end. Je prends ça avec du recul du fait que j’ai mon métier de kiné derrière. Je vis ça comme une passion. Il y a des aléas qui peuvent nous éloigner du terrain, des blessures ou même des choix, comme l’an dernier où je n’étais pas au niveau.
Avez-vous un souhait sur votre avenir ?
(ferme) Je ne me pose pas la question. Je prends le problème à l’envers. J’ai envie de faire une grosse saison, le reste se fera naturellement.