"USAP : Le déclic basque ?"
Vainqueurs à Biarritz (18-22), les Catalans signent un match référence. Le déclic pour lancer leur fin de saison ?
Gagner à l'extérieur, l'USAP l'avait déjà fait trois fois. Mais alors pourquoi cette victoire à Biarritz (18-22) ce jeudi soir compte-t-elle plus que les autres ? Principalement parce que les Catalans avaient besoin de taper un vrai gros chez lui. "C'est notre match référence à l'extérieur", confirme le demi de mêlée Tom Ecochard.
Défaite à Grenoble et ''guerre du sol''
A force de se chercher un état d'esprit, cette USAP allait-elle le trouver ? Beaucoup de succès, quelques défaites, mais pas un match sans que des doutes la poursuivent. S'ils pouvaient toujours mettre ça sur le compte de professionnels de la critique, les Catalans savaient bien que leur rendement n'était pas conforme à celui attendu et promis. ''Il y avait un sentiment de revanche oui, mais envers nous-mêmes'', juge l'ailier et capitaine Mathieu Acebes.
Même avec ses bémols (les sang et or ont évolué 30 minutes à quatorze en raison de blessures), les racines de la défaite à Grenoble (20-10) semblaient profondes. Très durs dans l'autocritique après ce revers, les Catalans voulaient expier leurs fautes. "Je ne sais pas si c'est la réaction mais en tout cas Grenoble a été une belle leçon, reconnaît Gérald Bastide, entraîneur de la défense. Le jeu qu'on veut mettre en place est important mais avant tout, si on veut avoir des ballons dynamiques, il faut gagner la guerre du sol."
"Plan de jeu maîtrisé"
Sous la rosée atlantique, les conditions n'étaient pas idéales pour jouer. Tant mieux, il a fallu bagarrer. Les choix du staff dans la composition du pack ont payé, notamment les titularisations du pilier gauche Quentin Walcker et du troisième ligne centre Michael Faleafa et, plus globalement, ceux qui ont joué ont marqué de gros points. "Ça fait un moment qu'on essayait de se rassurer sur nos fondamentaux", rappelle le premier cité, esquissant ce large sourire du devoir accompli : "Ça fait du bien d'être constant."
Derrière son pack, Ecochard a amené de la maîtrise, n'insistant pas pour rallonger à l'infini les possessions usapistes, privilégiant au contraire un jeu au pied de pression. "On a été plus précis, complets, stratégiques", loue Acebes". Assurer les renvois et les sorties de camp, garder ses ballons en conquête. Aucun besoin de lister tous les fameux ''ingrédients'' d'une victoire à l'extérieur. Et puis en défense, quand Cocagi va, tout va. La formule est réductrice mais le centre fidjien a livré une prestation rare à ce niveau de compétition. Une énergie communicative puisque la rage défensive catalane a forcé les Basques à jouer des ballons moyens et se mettre régulièrement à la faute dans le ballet des rucks. "Il faut retenir la capacité de nos joueurs à maintenir cette pression aussi bien défensive qu'offensive sur la totalité des 80 minutes", valide Bastide. Avis aux amateurs.
La formule des championnats de rugby, une longue saison régulière suivie de phases finales, génère une lente guerre psychologique. Battre Biarritz, chez lui à Aguiléra, dit beaucoup de la force catalane. "On s'était dit que la phase retour nous préparerait certainement pour les phases finales", estime le natif de Ria. Dans l'investissement et la solidarité, cette victoire ressemble aux fondations d'une fin de saison réussie. Mais ce succès, même symbolique puisqu'Oyonnax (30-12) comme Grenoble (33-7) s'étaient cassé les dents face au BO, doit permettre de plus gros progrès encore. D'ici-là, avant la réception de Rouen vendredi, "on va pouvoir aller aux morilles en paix ce week-end", sourit un Usapiste. Après quelques semaines agaçantes, la respiration est méritée.
Pierre Cribeillet